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mardi, 14 mars 2006

Drôles d'oiseaux

Chasse Pêche Nature Traditions, parti bien connu pour ses prises de position particulièrement éclairées en matière d'écologie, s'inquiète de l'introduction d'ours slovènes dans les Pyrénées : "De tels lâchers d'ours sont totalement irresponsables, voire dangereux". En effet, ces animaux proviennent "d'une région européenne très à risque [sic] quant au virus H5N1". Une bergère déclarait pour sa part, la semaine passée, qu'on risquait désormais d'être obligé de surveiller les troupeaux. Ce qui, pour des bergers, est évidemment un comble !
Tout cela, on en conviendra, ne vole pas très haut... 

samedi, 11 mars 2006

Diem perdidi 2

Suétone rapporte que Titus prononça ces mots un jour qu'il n'avait accordé de bienfait à personne :
"... atque etiam recordatus quondam super cenam, quod nihil cuiquam toto die praestitisset, memorabilem illam meritoque laudatam vocem edidit : Amici, diem perdidi." (Vies des douze Césars, "Titus", VIII)
Une telle exigence morale n'est pas donnée à tout le monde, ni une telle générosité. En reprenant à notre compte la parole de Titus, réduite à son premier degré, nous ne faisons qu'exhiber avec complaisance notre pusillanimité, notre paresse, notre manque d'imagination.

mercredi, 08 mars 2006

Actualité de Jarry

Aujourd'hui, Journée de la Femme.

Il y a cent cinq ans, à une semaine près, Jarry publiait ce billet dans la Revue Blanche :

"LA FEMME ESCLAVE

Tel est le titre d’une brochure qui s’est distribuée, à cent soixante mille exemplaires, pour la sauve­garde de "l’épouse terrorisée par le régime de rapt et de violence mis en honneur par nos aïeux simiesques". Il est probable, au contraire, que la femme — encore que sa pudeur l’oblige à mentir ­— déplore amèrement que l’homme soit si déchu des ancestrales qualités du singe. "Car rien n’est plus fécond en assauts que le singe", a dit notre Mar­drus. Et si vous prenez la peine de considérer la cage des papions au Jardin des Plantes, vous conviendrez que c’est encore à notre aïeul quadru­mane qu’il faut remonter pour retrouver, pures, les saines traditions de la vraie galanterie française."

(15 mars 1901)

H5N1 : soupçons sur des canards en Suède

"qu’est-ce que les canards viennent faire ici
il ne s’agit pas de canards
mais de faire l’amour
aussi bien sur les tours de notre-dame
que dans le métro
Il s’agit de jouir comme un piston
comme un manège de chevaux de bois
Les oiseaux jouissent en plein vol
mais les canards ne peuvent pas le faire en nageant
Mange tes canards
et sodomise ta concierge ou sa fille
Elles se branlent du matin au soir
ça les changera"

(Benjamin Péret, Les Rouilles encagées, Librairie José Corti, 1954)

mardi, 07 mars 2006

Nom d'un chat, nom d'un chien. Encore...

"Tu as un nom ?
— Bien sûr.
— Et tu t'appelles comment ?
— Toro, dit le chat, avec une certaine réticence.
— Toro ? Comme les sushis ?

— Exact, dit le chat. À vrai dire, mon maître tient un restaurant de sushis dans le quartier. Il a un chien aussi, et le chien s'appelle Tekka, un autre nom de sushi, comme tu le sais."
(Haruki Murakami, Kafka sur le rivage, Belfond, 2006, p. 592)

lundi, 06 mars 2006

La cognizione del dolore 7

Ce matin, clinique — séance de soins.
Usure lente des attentes, terreur permanente d'être obligé de subir la conversation d'un raseur, d'opiner à des jérémiades et des inepties. Si tous ceux qui n'ont rien à dire consentaient à se taire, le silence serait assourdissant
Écouteurs aux oreilles, je feuillette les revues que j'ai apportées.
Sur Radio Classique, une émission avec Anne Gastinel. Cela ne vole pas très haut, mais, comme disait l'autre, quand la musique est bonne ! ... Un auditeur téléphone, se présente ; il précise que son patronyme est breton, mais qu'il appelle d'un village situé entre Vichy et Moulins. Après son intervention, on nous rappelle : "C'était monsieur ... qui nous appelait de Bretagne." Sic.
En parcourant le hors-série du Magazine littéraire consacré à Heidegger, je relève cette réflexion morose du philosophe : "À l'âge de l'information, les possibilités d'apprendre encore à lire sont en voie d'extinction." Un peu plus loin, il définit notre époque comme celle où "sous l'appellation contrôlée de linguistique se consomme la destruction de la parole".
Aurais-je un jour le courage de m'attaquer aux écrits de Heidegger — et y comprendrai-je quelque chose ? Il est vrai qu'aujourd'hui il n'est pas non plus nécessaire de comprendre quelque chose pour en parler — et se prétendre orfèvre.

dimanche, 05 mars 2006

"Dieu vous guard de mal, tant vous avez la bouche fraische"

Des voix indignées s'élèvent pour reprocher à Georges Frêche ses propos à l'emporte-pièce. Pas ses idées. C'est assez révélateur de l'esprit du temps, où tout est affaire de posture et de discours.

On n'admet plus guère aujourd'hui que les jurements puissent être "couleurs de rethorique Ciceroniane" et que le mot, comme le prétendait Brassens, ne soit "rien du tout". Dans cette logique, dès lors qu'il s'agit de venir à résipiscence, il n'est pas surprenant que les formules d'excuse les plus hypocrites prennent soudain valeur de talismans apotropéens.

samedi, 04 mars 2006

Dictionnaire des cynonymes

Acheté ce matin à la solderie locale Médor, Pupuce, Mirza, Rintintin et les autres. Le dictionnaire des noms de chiens, de Pierre Enckell (Mots et Cie, 2000). On y trouve naturellement plusieurs toutous immortalisés par Colette, dont Pati-Pati, "brabançonne aux yeux vairons, qui dit des choses surprenantes", mais aussi Hylactor et Pamphagus, les chiens parleurs du Cymbalum Mundi. L'auteur n'a pas retenu le reste de la meute d'Actéon : Mélampus et Ichnobates, Dorcée et Oribasos, Nébrophonos, Théron, Lélaps, Ptérélas et "les autres qu'il serait trop long de nommer" — "quosque referre mora est". Le curieux les retrouvera au livre III des Métamorphoses ou chez Hygin. En revanche, on apprend avec intérêt que Maeterlinck avait baptisé sa levrette Didi-pisse-partout et que le Démoc-Soc de la princesse Mathilde vessait abominablement. Comme le Patate de l'inspecteur Callaghan dans Sudden Impact.

vendredi, 03 mars 2006

Météo 13

En dépit d’une météo alarmiste, on circulait plutôt bien, ces jours derniers, dans la moitié nord de la France. Quelques flocons, mardi, sur le Nivernais et l’Auxerrois, chaussée gadouilleuse du côté de clamecy ; rien pourtant qui puisse justifier une "alerte orange".

à lille, mercredi, ciel capricieux d’avant-printemps, trottoirs à peine poudrés de neige le matin. Les premiers crocus pointent le nez dans le gazon pelé d’un parterre de Wazemmes. Au "Furet" aussi, on prépare le printemps. Celui, paraît-il, des Poètes. Nous avions déjà la saint-Valentin, la journée de la Femme, la fête de la Musique, la Fête des Grand-Mères, que sais-je ? Alors, pourquoi pas ? Et, comme je ne trouve en rayon ni Federman, ni André de Richaud, ni Pirotte — dont je pensais acheter les Contes bleus du vin —, je repars avec Nul ne s’égare, d’André Frénaud.

Jeudi, retour vers les Combrailles par la Puisaye et le sancerrois. Au passage, une pensée pour Colette : "Il y avait dans ce temps-là de grands hivers… "

Mais où sont les neiges d'antan ? Colette est à la littérature ce que Dalida est à la chanson française.

Trépassement d'un chat

2 mars 2006 :
"Des centaines de propriétaires de chats n'hésitent pas à abandonner leur fidèle compagnon dans des dispensaires, indique la Société allemande de protection des animaux." (les journaux)
Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les sains !