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samedi, 27 juin 2020

Descendons encore au jardin...

Chaque année, la nature autour de la maison se fait plus exubérante, plus envahissante la verdure, et notre lassitude plus grande. Le combat est trop inégal. Nous laissons une végétation folle coloniser le minuscule potager qui ne connaît plus la bêche, livré désormais au buissonnement anarchique de la citronnelle, de la sauge bleue, de la sarriette et de l'origan. Quelques fraisiers subsistent au pied des pêchers de vigne, entre ciboulette, aneth et romarin ; à l'ombre d'un prunier épineux et stérile on trouve la menthe, la rhubarbe ou le cerfeuil, une clématite accroche ses vrilles à un piquet vermoulu. Les grands arbres — chêne, frêne, bouleau, sapins —, les tilleuls, le vieux pommier, le noyer, l'arbre à perruques, le jeune saule, les haies hirsutes sont pleins d'oiseaux...
Que deviendra, après nous, "ce jardin que nous aimions", ce modeste éden où l'on aimerait que le temps s'attarde un peu, dans la quiétude des matinées, lorsque une brise tiède apporte des odeurs de lessive fraîche, ou dans la torpeur des après-midi d'été ? Plus que jamais, avec l'âge et son lot de misérables misères, nous prenons toute la mesure de ce bonheur qui nous est donné, au quotidien, ici et maintenant. "Deus nobis haec otia fecit..."

mardi, 02 juin 2020

Petites perambulations hexagonales 8

"Quel admirable lieu ! C'est ici la pente de l'Auvergne. Le pays change, la terre s'élève, forme un vaste seuil en avant des montagnes, et de ce seuil penché la vue découvre Berry et Bourbonnais, une France rurale immense, étale jusqu'à la Loire..." (Daniel Halévy, Visites aux paysans du Centre, IV, 10 : "Les visites de 1934 - Rougeron dans ses vignes", Grasset, 1934)
C'est, au-dessus de Montluçon, la Combraille bourbonnaise, pays de bocage et, naguère, de vignobles modestes dont ne subsistent guère, aujourd'hui que quelques arpents enclavés dans le patchwork des champs et des pâtures. Domérat, village vigneron, n'est plus qu'un gros bourg cerné de lotissements pavillonnaires et de zones d'activités industrielles ou commerciales. Le vin de Courau, ne doit qu'à sa médiocre réputation de n'avoir pas été totalement oublié : on connaît encore, par ici, le dicton local assurant qu'il ne faisait "ni bien ni mau".
C'est du côté d'Huriel et de La Chapelaude qu'il faut aller pour trouver le dernier paysan viticulteur du coin, qui ouvre sa cave au public une fois la semaine — lorsqu'il n'a pas mieux à faire. Bien décidés, l'autre hier, à lui rendre une visite, nous passons une bonne partie de l'après-midi à nous perdre sur les routes étroites du secteur avant d'arriver au domaine, que nous trouvons silencieux et désert. Un vieil épagneul nous accueille, vaguement intrigué par notre intrusion. Nous cognons aux portes, heurtons aux vitres de la cuisine. Personne... Du linge sèche, à peine agité par une brise chaude et paresseuse, qui apporte des odeurs d'herbe fraîchement fauchée et le lointain bourdonnement d'engins agricoles.
Un coup de téléphone me livre la clé du mystère : la cave est exceptionnellement fermée — "On est en plein dans les foins !" Nous aurons donc le plaisir de revenir un peu plus tard, un autre jour, pour savoir enfin si le vin d'Huriel vaut mieux que celui de Courau. Pour ne pas rentrer les mains vides, nous rapportons de notre escapade un fromage de Chambérat — commune toute proche. Acheté tout de même, par précaution, au supermarché du coin, au cas où les fromagers seraient, eux aussi, occupés à retourner du foin en batifolant dans les prairies...