Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 05 mars 2006

"Dieu vous guard de mal, tant vous avez la bouche fraische"

Des voix indignées s'élèvent pour reprocher à Georges Frêche ses propos à l'emporte-pièce. Pas ses idées. C'est assez révélateur de l'esprit du temps, où tout est affaire de posture et de discours.

On n'admet plus guère aujourd'hui que les jurements puissent être "couleurs de rethorique Ciceroniane" et que le mot, comme le prétendait Brassens, ne soit "rien du tout". Dans cette logique, dès lors qu'il s'agit de venir à résipiscence, il n'est pas surprenant que les formules d'excuse les plus hypocrites prennent soudain valeur de talismans apotropéens.

Commentaires

On peut blesser tellement, parfois, avec de simples mots...

Écrit par : RPH | dimanche, 05 mars 2006

"On peut blesser tellement, parfois, avec de simples mots..."

Certes. Je suis néanmoins assez d'accord avec l'hôte de ces lieux. Les mots ont acquis - sans que je me l'explique bien - une valeur symbolique extrême. On s'indigne, on crie, on proteste. Untel a utilisé tel mot. "Bouhh", hurle la foule. On ne semble plus s'intéresser à l'idée mais à son habillage.
Parallèlement à cela, la langue s'appauvrit. Qui sait encore, par exemple, ce que signifie grand-guignolesque ? On en fait un synonyme de "comique" (erreur relevée ce matin sur France Inter). Et il y a des exemples plus frappants et plus graves. La construction des verbes est de moins en moins connue (cf. pallier dont on fait un verbe transitif indirect). Le sens des mots est devenu approximatif.
Le capitaine Beatty, dans "Fahrenheit 451", explique à Montag comment on en est venu à brûler les livres : "Livres raccourcis. Condensés, Digests. Abrégés. Tout est réduit au gag, à la chute."
Plus loin : "Vous voyez ? De la maternelle à l'université et retour à la maternelle. Vous avez là le parcours intellectuel des cinq derniers siècles ou à peu près." (Traduction : Jacques Chambon, éd. Folio SF)

Écrit par : dvx | dimanche, 05 mars 2006

Enculééé! que c'est beau ! : Crier Maman, pleurer beaucoup ?

"Ne m'attend pas trop longtemps à l' ombre fraîche des menhirs..." (E.Rhoda Gil)

Écrit par : Danielle | dimanche, 05 mars 2006

Saint Laurent et Benon, Bernos : à Marie auxiliatrice.(imprimatur 1900)

Le Bernada : l'eau rouge fer; jusqu'au mors des chevaux...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A8res_de_la_Mis%C3%A9ricorde_de_Marie-Auxiliatrice

Écrit par : Myladi... | dimanche, 05 mars 2006

Pour répondre à DVX je trouve tout à fait légitime que le sens des mots dérive avec le temps. C'est une nécessité dans une langue vivante. Des mots s'en viennent et des mots s'en vont . Il faudra bien que toutes nos langues se mélangent un jour pour créer l'européen, langue hybride que j'appelle de tous mes voeux. Comment donc s'est créé le français, déjà..?

Écrit par : RPH | dimanche, 05 mars 2006

Il y a sans doute une différence non négligeable entre l'évolution nécessaire d'une langue dans la durée et la constitution d'un sabir, d'un charabia bâtard tout juste bon à assurer une intercompréhension minimale. Je vois mal ce que "l'européen" pourrait être d'autre...
Dvx a raison de déplorer que le sens des mots devienne approximatif. Ce n'est pas qu'une question de purisme nostalgique : on en revient, une fois de plus, à la question fondamentale des relations signifiant/signifié, à Confucius et Montaigne. Ou à Lewis Carroll, qui suggère à maintes reprises, sur le mode ludique, l'importance que revêt la propriété des termes que nous employons... Le malentendu peut susciter le rire; il peut aussi avoir des conséquences tragiques... On ne joue pas impunément avec les mots.

Écrit par : C.C. | dimanche, 05 mars 2006

Quatorze saints apotropéens ou auxiliateurs en plus de la Madone ceci cela: Quel charabia ! je vous l'accorde.

Confucius et La Boetie copain d'abord, mais pourquoi pas; avec des mots tout est possible...

Écrit par : Danielle | dimanche, 05 mars 2006

L'alcool ? Non ! Mais l'eau ferrugineuse...

On peut changer la capitale, on ne peut pas changer le puits...

http://afpc.asso.fr/wengu/wg/wengu.php?l=Yijing&lang=fr&no=48

Écrit par : Milady... | dimanche, 05 mars 2006

Marquise ?

Écrit par : dvx | dimanche, 05 mars 2006

Non : http://www.buschreiter.de/woodsides_nachruf.htm

Écrit par : Milady... | dimanche, 05 mars 2006

Euh...

Écrit par : dvx | dimanche, 05 mars 2006

Réf. Confucius / Montaigne :
Tzeu lou dit : "Si le prince de Wei vous attendait pour régler avec vous les affaires publiques, à quoi donneriez-vous votre premier soin ? — À rendre à chaque chose son vrai nom", répondit le Maître. "Vraiment ? répondit Tzeu lou, Maître, vous vous égarez loin du but. À quoi bon cette rectification des noms ?" Le Maître répondit : "Que tu es rustre ! Un homme honorable se garde de se prononcer sur ce qu’il ignore. Si les noms ne sont pas ajustés, le langage n’est pas adéquat. Si le langage n’est pas adéquat, les choses ne peuvent être menées à bien. Si les choses ne peuvent être menées à bien, les bienséances et l’harmonie ne s’épanouissent guère. Les bienséances et l’harmonie ne s’épanouissant guère, les supplices et les autres châtiments ne sont pas justes. Les supplices et les autres châtiments n’étant plus justes, le peuple ne sait plus sur quel pied danser." (Confucius, "Entretiens du Maître avec ses disciples", XIII)
"La plupart des occasions des troubles du monde sont Grammairiennes. Nos procès ne naissent que du débat de l’interprétation des lois, et la plupart des guerres, de cette impuissance de n’avoir su clairement exprimer les conventions et traités d’accord des princes. Combien de querelles et combien importantes a produit au monde le doubte du sens de cette syllabe : Hoc !" ("Essais", II, 12)

Écrit par : C.C. | lundi, 06 mars 2006

Confucius, en chinois Kongfuzi (551 à 479 avant J-C), grand exégète du livre des transformations auquel il se référait plusieurs fois par jour...

Écrit par : Danielle | lundi, 06 mars 2006

J'ai la paresse de recopier ici une citation de Montaigne qui permettrait de nourrir cette discussion sur l'évolution de "notre vulgaire". Cher Constantin, je vous indique les références de ce passage :
Essais, III, De la vanité, p. 982, 3e § "J'escris mon livre à peu d'hommes..."
(Est-il besoin de préciser que l'édition est celle de Villey aux PUF ?)

Écrit par : dvx | mardi, 07 mars 2006

S'agissant du lien (arbitraire pour Saussure...) entre le signifiant et le signifié, "Le Cratyle" se penche sur la question. De mémoire, Platon y soutient que le rapport entre le signifiant et le signifié est, comme on dit en linguistique, motivé par une relation de nécessité. Mais là je suis définitivement trop fatigué pour tenter d'en dire davantage. Sans compter que je me trompe sans doute. Et de beaucoup.

Écrit par : dvx | mardi, 07 mars 2006

Je suis confuse, je viens seulement de me rendre compte de ma méprise , le parolier de "Les menhirs" est M.Vallet bien sur !
Shame on me, la flemme de vérifier...

Écrit par : Danielle | mardi, 07 mars 2006

Vous avez eu également la paresse de mettre un accent circonflexe sur "u" de "sûr", ma chère.

Écrit par : dvx | mardi, 07 mars 2006

L'ignorance plus précisément votre seigneurie...

Écrit par : Danielle | mardi, 07 mars 2006

Le débat sur le cratylisme, les spéculations littéraires et philologiques que la Renaissance déploie entre les mythes antinomiques et/ou complémentaires de Babel et de la Pentecôte risquerait de nous entraîner bien loin, et en des terres quelque peu arides. Je renvoie paresseusement les amateurs et les passionnés de ces questions à la thèse de Marie-Luce Demonet, "Les Voix du signe. Nature et origine du langage à la Renaissance, 1480-1580", Champion, 1992. 690 pages : bon courage !
Quant à gloser Montaigne, cela pourrait aussi nous occuper un moment. Plutôt que l'édition Villey, qui fait toujours autorité, j'utilise volontiers celle d'André Tournon (Imprimerie nationale, 1998, 3 vol.), intéressante pour la ponctuation et la distribution des majuscules, mais aussi la Pléiade (M. Rat) et la récente édition du Livre de Poche, dirigée par J. Céard (2002). À signaler l'intéressant et très documenté "Dictionnaire de Michel de Montaigne" publié sous la dir. de Philippe Desan (Champion, 2004). Bonne lecture !

Écrit par : C.C. | mardi, 07 mars 2006

D. : Pour le parolier des "Menhirs", je n'avais pas relevé l'erreur. Il y a bien longtemps que je n'écoute plus de chansons françaises. Une vieille cassette, parfois, en voiture : Jacques Bertin, Giani Esposito ou un vieux Ferré...

Écrit par : C.C. | mardi, 07 mars 2006

Hervé Vilard ? Stéphane Eicher adoubé Chevalier du Médoc à l'époque de "Carcassonne"...

Là c'est pas du petit vin blanc...

Écrit par : D***** | mardi, 07 mars 2006

Dans une quinzaine de jours, Foire aux vins de Saint-Amand-Montrond. Je ne sais pas si Hervé Vilard, cette année, y viendra en voisin... L'an dernier, l'invité d'honneur était Jean-Claude Massoulier. Et, à propos, Ricet-Barrier est (presque) mon voisin... Oublié, lui aussi ?

Écrit par : C.C. | mardi, 07 mars 2006

Les commentaires sont fermés.