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samedi, 09 février 2019

Limes germanicus

Remembrances du vieillard idiot : jadis, à l'étude du soir — c'était au temps des blouses grises et des gauloises bleues grillées dans les latrines — nous édifiions sur nos tables un rempart de dictionnaires censé dissimuler au regard du pion de coupables lectures ou d'autres activités futiles et prohibées. C'était le "limes germanicus", rempart tout symbolique, à l'abri de quoi le potache frivole feuilletait L'Amant de Lady Chatterley ou Paris-Hollywood, s'adonnait à d'obscurs trocs avec son voisin, gravait d'un canif morose quelque pantin ithyphallique.
Aujourd'hui, sur ma table de travail, scarifiée de graffitis anciens et de taches d'encre estompées par le temps, s'érigent pareillement de branlantes ziggourats de livres — lus, à lire ou à relire, à garder à portée de main — qui me donnent au quotidien le sentiment illusoire d'être protégé des barbares, du bruit et de la fureur du monde, dont je suis retranché : coupé et prémuni contre toute intrusion dans mon privé. Seul avec les mots des autres, les mots des morts, qui sont comme ces pétales pâlis, ces trèfles à quatre feuilles ou feuilles d'automne séchées qu'on retrouve parfois entre les pages.

Commentaires

Quel beau texte ! Je me réjouis de constater que votre blog bourgeonne à nouveau. Amitiés,

Écrit par : Marsyas | lundi, 11 février 2019

Les trèfles à quatre feuilles, on ne les retrouve pas entre "les" pages.
Longtemps, j'ai collectionné les "Petits larousse illustrés", de 1903 à 1990.j'en avait bien 20, histoire de voir avancer les définitions an par an, et de voir apparaître et disparaître les mots ou regarder les changement de sens ( fascisme est un exemple fascinant).
Un sur deux, tu trouvais en ouvrant ouvrant à la page "trèfle", un trèfle à quatre feuilles. Je n'en ai jamais trouvé d'autres, hors frais et dans des jardins.

Écrit par : Garachon | samedi, 13 juillet 2019

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