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vendredi, 02 juin 2006

Pattes d'ours 3

On trouve aussi d'excellentes pattes d'ours, fourrées à la crème pâtissière, dans une boulangerie de Saint-Germain, à la sortie de Troyes, au bord de la nationale 77. On s'arrêtera pour les déguster un peu plus loin. Près du cimetière abandonné de Montigny-la-Resle, par exemple.

Pattes d'ours 2

"Lorsque les Yakoutes, peuple de la Sibérie, rencontrent un ours, ils ôtent leur bonnet, le saluent, l'appellent chef, vieillard ou grand-papa et lui promettent de ne pas l'attaquer, ni de ne jamais dire du mal de lui. Mais s'il fait mine de vouloir se jeter sur eux, ils tirent sur lui, et, s'ils le tuent, ils le coupent en morceaux, le font rôtir et s'en régalent, en répétant sans cesse : Ce sont les Russes qui te mangent et non pas nous." (Alexandre Dumas, Mon dictionnaire de cuisine, 10/18, 2002, p. 468)
On trouvera également dans cet inestimable ouvrage la recette un peu plus détaillée des pattes d'ours, selon Urbain Dubois, qui préconise de "finir" la sauce piquante avec deux cuillerées de gelée de groseille. Le genre de petit détail qui fait la différence.

Pattes d'ours

Les journaux : « L’arrivée de Balou hérisse le poil des militants anti-ours ».
Les ours vous emmerdent ? Bouffez-les !

Pattes d'ours (Lappé médwéde) :
Dépouillez et lavez les pattes d'ours et mettez-les à mariner au moins quarante-huit heures ; après quoi vous les mettrez à blanchir et les rafraîchissez et mettez à cuire dans une bonne cuisson, garnie de divers légumes et aromates ; lorsqu'elles sont cuites, égouttez-les sur un plat, et taillez-les en cinq parties dans leur longueur ; panez à l'anglaise et grillez, servez avec une sauce aigre-douce ou piquante. (A. Petit, Traité de la cuisine russe)

mardi, 30 mai 2006

Météo 15

On nous promet pour demain des températures hivernales et quelques chutes de neige. Le jardin, les prés étaient cet après-midi, sous le ciel plombé, d'un vert de petits pois anglais.
Lecture paresseuse de Quignard : comme toujours, l'alchimie du style opère. Ce qui, chez d'autres, semblerait platitude ou trivialité paraît chez lui marqué par l'intelligence et la grâce. Assurément, notre admiration est partiale. Certaines phrases auraient du mal à passer avec succès le test flaubertien du "gueuloir" : "Le jardin était étroit. Il n'y avait pas d'arbre au centre. Les poules adorent errer parmi les orties..." Mais voici qui rachète tout : "J'éprouve de la joie à dire le paradis qui se tait en nous et que si peu exhument." Le paragraphe meurt en beauté, mimant par anticipation le propos qui sera développé plus loin : "Un beau texte s'entend avant de sonner [...] avant même d'être lue, c'est la langue elle-même qui s'entend dans ce lire."
(Vie secrète, Folio n° 3292, 2005, p. 54, 58-59)

dimanche, 28 mai 2006

Remembrances du vieillard idiot

J'avais
Lorsque j'étais petit
Un éléphant en caoutchouc
Couleur cachou

Le sens de la formule 2

La lecture de Chuck Palahniuk est un bonheur constant. Ce "grand macabre", imprévisible héritier de Jarry (je pense à l'auteur du Surmâle, "roman moderne"), a indiscutablement du style et le sens de la formule. Ceci, par exemple, dans Berceuse : "Un mètre soixante-cinq. Cinquante-trois kilos. Difficile de lui donner un âge. Elle est d'une minceur telle qu'elle doit être, ou bien riche, ou bien en train de mourir. La matière de son tailleur, c'est une sorte de tissu pour canapé qui bouloche, gansé d'une tresse blanche. Il est rose, mais pas rose crevette. La couleur rappelle plus celle d'un pâté à la crevette servi sur canapé avec brin de persil et belle cuillerée de caviar. La coupe en est cintrée à la taille, très près du corps, avec épaulettes bien carrées. La jupe est courte et moulante. Les boutons dorés, énorme. Elle porte des vêtements de poupée." (Berceuse, trad. Freddy Michalski, Folio-policier 412, 2006)
Et des pensées si évidentes et banales qu'elles s'imposent avec la brutalité d'épiphanies : "Avez-vous conscience du fait que tout ce que vous pouvez entreprendre dans le cours de votre existence sera sans signification aucune dans cent ans d'ici ?" On trouve à peu près la même chose dans Kafka sur le rivage. Ce n'est pas franchement optimiste... Mais avons nous la moindre raison de l'être ?

lundi, 22 mai 2006

Métanalyse

Dans deux jours, fête de l'Ascension.

"C'est le Christ qui monte au ciel mieux que les aviateurs"

Ici, on dit : "la veille de Cension, la Cension".

Comme on dit : "Alors, on la boit, l'apéritif ?" Féminisation qui n'est pas sans évoquer le spectre nostalgique de la fée verte.

Ou sont les joyeulx gallans...

Sur le thème du ubi sunt : je m'aperçois, en feuilletant mes répertoires et carnets d'adresses, que je j'ai perdu de vue bon nombre de gens dont j'ai cru être proche à un moment ou à un autre. Prétendus amis, qui jamais n'écrivent ni ne téléphonent les premiers, relations falotes vite oubliées... Si l'on ajoute à cela les brouilles, les jalousies, rancunes et ruptures diverses, les disparitions, il ne reste finalement pas grand-monde.
Faut-il le regretter ? Au fond, ce fou que citait Blavier n'avait sans doute pas tort : "S'il n'y avait personne, tout le monde serait heureux."

samedi, 20 mai 2006

Des nains partout

Mes voisins, ostentatoires adeptes de "l'art du bonheur", peuplent leur pelouse de sujets décoratifs du meilleur goût. Côté est, un nain, au pied d'un moulin à vent, veille sur une basse-cour de céramique ou de plastique : poules et coqs, canards, cygnes, lapins... Côté ouest, un autre nain se musse entre une citrouille et un champignon. Pour n'être pas en reste, nous avons acheté une grenouille et une mésange, qui zinzinule pour signaler l'approche d'un visiteur.

vendredi, 19 mai 2006

Le grand style 14

"J'ai de quoi rouler une cinquantaine de kilomètres. Aufresne, je l'ai déjà dit, est immobilisé par une bielle coulée. Il voudrait que je le remorquasse. Qu'il le sache, je l'aurais fait volontiers, si mon embrayage l'eût permis."

(Léon Werth, 33 jours, Viviane Hamy, 1992)