samedi, 23 septembre 2006
Œufs mollets
En parcourant distraitement les rubriques politiques des journaux, je me rappelle Léo Ferré déclarant à la radio, il y a déjà quelques lustres de cela, que le "petit bruit de l’œuf dur sur le comptoir", dont parle Prévert, était un bruit anachronique, qu’on n’avait plus guère l’occasion d’entendre dans une époque où l’on ne trouve plus que des œufs mollets. Les "petites phrases" ? De pauvres petites perfidies, des méchancetés de concierge, la platitude et la médiocrité, à droite comme à gauche — à supposer que ces catégories signifient encore quelque chose. Le canard enchaîné, journal qui se prétend "satirique", ironise sur la taille du ministre de l’Intérieur. Franchement, ça ne vole pas… très haut ! On se prend à regretter les Darien, les Tailhade, les daudet… qui, au moins, et quelles que fussent leurs idées, avaient de la gueule et du style.
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vendredi, 22 septembre 2006
Eύμενίδες
Il est beaucoup question, ces jours-ci, sur les blogs à prétentions culturelles aussi bien que dans les "pages livres" des journaux et magazines, des Bienveillantes — "l’événement littéraire de la rentrée", pour s’en tenir à une formule inévitable en pareille circonstance. On est tout de même un peu surpris — et frustré — de constater que la critique du livre se réduit, le plus souvent, à une accumulation de superlatifs et de données quantitatives : nombre de pages, chiffres des premiers tirages, montant supposé du contrat signé avec l’éditeur, etc. En somme : Littell, combien de divisions ? Les analyses un peu plus sérieuses glissent vers les considérations historiques, éthiques, les réflexions sur l’étiologie du mal… Lanzmann s'en mêle. Mais de critiques véritablement littéraires, point — ou fort peu. On évoque bien, ici ou là, Sade, Blanchot, Bataille… On se montre beaucoup plus discret, par exemple, sur l’ambiguïté de la référence à flaubert qui scande ironiquement (au sens où Kundera parle de l’ironie consubstantielle du roman), qui scande scandaleusement (voir l'étymologie) la coda hallucinée de cette fugue macabre et grotesque.
22:15 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 21 septembre 2006
Lost in translation
Imaginons : votre connaissance de l’allemand est rudimentaire et vous cherchez, sur un forum germanophone, des commentaires sur la B.D. de Walter Moers, Adolf — Äch bin wieder da. Pas de souci ! Grâce à la traduction automatique, il n’y a plus d’obstacle linguistique, tout devient limpide. Qu’on en juge :
"Sûrement — le Moers d'humour est de temps en temps assez le cœur. Rien n'est là pour chacun. On doit toutefois se demander non tout comme craintivement begucken et "des Uh oh, peut cela?". On le peut. Doit-il le vouloir ? Non. Doit-il faire de lui le problème ? Tout à fait sûrement pas."
Vous avez tout à fait sûrement compris.
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mardi, 19 septembre 2006
Pêches de vigne
21:38 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (0)
Poésie aphoristique
Le cœur du sensible souffre trop pour aimer
(Henri Michaux)
Chaque homme est traversé
Par des voies sans issue
(Paul Valet)
Fumer peut entraîner
Une mort lente et douloureuse
(directive 2001/37/CE du 5 juin 2001)
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samedi, 16 septembre 2006
Les livres qui nous apprennent à danser 5
In questo mondo
contempliamo i fiori ;
sotto, l'inferno.
(Kobayashi Issa)
16:30 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 15 septembre 2006
Grab that cash with both hands and make a stash
Dans le Nouvel Observateur, cette semaine :
rubrique immobilier : vente aux enchères volontaire d’une ancienne bastide, à Hyères. Mise à prix : 4 000 000 d’euros. Rubrique automobile : BMW Z4 M coupé, « un jouet gonflé, survitaminé, optimiste ». Prix : 59 600 euros. Pages mode : Escarpin en satin et tulle noir Christian Louboutin. Prix : 590 euros. Supplément vins : Domaine gauby, la Coume Gineste 2002. Prix : 69 euros. Pour un vin de pays, fût-il "bio", ce n’est pas vraiment donné…
J’ai bien envie, moi, purotin jaloux, de résilier mon abonnement. Qu’est-ce qui me retient ? Les billets de Delfeil de Ton ou de Drillon ; la chronique de Jérome Garcin, parfois. Cette semaine, il est un peu vache avec la Nothomb. Ce n’est pas moi qui le lui reprocherai. J’aime bien ceci : "Le nouveau produit s’appelle Journal d’Hirondelle. Il vaut 14,50 euros [décidément, tout est étiqueté dans ce canard !]. Il appartient à la catégorie des pistolets à eau. Il marche déjà très fort. Une phrase comme : C’est beau, la campagne au lever du soleil, même Mylène Farmer peut la comprendre." En voilà deux d’exécutées. Pour le prix d’une. En tout cas, la Nothomb, maquillée broucolaque et fringuée croque-mort, elle pourrait sûrement se le payer, le jouet survitaminé. Et boire du domaine Gauby, elle qui dit préférer le vinaigre…
22:49 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 12 septembre 2006
Jordane transito
Cet après-midi, j'ai franchi le Jourdain.
C'était dans la Nièvre, entre Saint-Amand-en-Puisaye et Myennes.
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Pont-de-Bois
Le long de l'allée
Charlie-Parker
Des chats se mussent parmi les
Cotoneasters.
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mercredi, 06 septembre 2006
Chanson pour la route
"Un matin nous arriverons réveille-toi dans un café glacé un village désert
Il y a des sanglots des rêves sur les prés abandonnés la vie des gens
Des enfants qui vont à l'école et l'écharpe nouée des amitiés qui s'envole..."
(Jacques Bertin)
Je pars pour une petite semaine...
On the road again ? — Non, ça serait plutôt la route de Pennzac. Ou, disons, de Vahl-lès-Bénestroff ou Taisnières-en-Thiérache. À bientôt.
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