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vendredi, 15 décembre 2006

Johnny Hallyday s'installe en Suisse

J'en ai rien à foutre.

lundi, 11 décembre 2006

Vocabulaire 6

Palinodie : "discours contraire à un précédent", nous dit Furetière, qui précise : "ce mot n’est en usage qu’en cette phrase proverbiale chanter la palinodie, pour signifier dire le contraire de ce qu’on avait dit auparavant." Si le mot n'est guère en usage, la chose du moins est-elle assez fréquente aujourd'hui. Lang, Chevènement, Sevran... Mais peut-être faudrait-il pour ce dernier parler de résipiscence ?

samedi, 09 décembre 2006

Tant crie l'on Noel... 3

Les pères Noël grandeur nature, comme chaque année à la même période, montent à l'assaut des façades et des balcons — affligeant symptôme de l'infantilisation générale d'une société qui a élevé le kitsch au rang d'une Weltanschauung.

Et cataractæ cæli apertæ sunt

Départ de Lille, hier, sous une pluie diluvienne. Ciel d'encre sur la Champagne et le pays d'Othe. Brève halte pour acheter  du fromage de Soumaintrain, du chaource et du saint-florentin, quelques bouteilles de bourgogne. Vent fou en Puisaye. Un arbre déraciné coupe la route de Toucy, il faut se détourner par Villiers-Saint-Benoît. Le joli bourg est désert. On n'est pas loin du Montigny de Claudine : "C'est un village, et pas une ville : les rues, grâce au ciel, ne sont pas pavées ; les averses y roulent en petits torrents..."

How would you like to live in Looking-glass House, Kitty ?

medium_Looking_glass.2.jpgSignalisation carrollienne : "Priorité véhicules dans miroir."
L'avertissement est étrange et vaguement comminatoire : on hésite à s'engager sur ces départementales désertes qui s'enfoncent dans la forêt...
Quand nous aurons passé le pont, les fantômes viendront-ils à notre rencontre ? Nous ne croiserons, dans la tempête, que la voiture jaune du facteur.

samedi, 02 décembre 2006

Poètes et joueurs de quilles

Dans son numéro anniversaire de décembre, le Magazine littéraire reprend un entretien avec Yves Bonnefoy, initialement publié dans le numéro de juin 2003. Très beau texte, dans lequel les mots de la tribu donnent à entendre l'une des plus hautes exigences poétiques de notre temps : "Je ne fais guère de place à l'événement, au fait historique, dans mes poèmes, mais ce refus de l'évocation directe ne signifie pas du tout que je ne sois pas concerné autant qu'un autre par l'état présent du monde : en fait celui-ci m'inquiète, m'alarme même, et me scandalise. Et comme aussi je suis convaincu que ce désastre est en rapport direct avec la situation de la poésie, je ne suis pas sans éprouver le sentiment d'une responsabilité particulière, aussi limitée soit-elle, à l'égard, sinon des événements, du moins de l'interprétation que l'on peut en faire et de l'éventuelle remise en ordre..."
Il faudrait tout citer. On peut aussi relire les poèmes graves et laconiques de Douve ou de Pierre écrite :
 
        Tu as pris une lampe et tu ouvres la porte,
        Que faire d'une lampe, il pleut, le jour se lève.

La bonne peinture 3

À propos des photographies de Desiree Dolron, Luc Desbenoît note, dans Télérama, que celle-ci "met au jour une évidence : contrairement à la peinture, un cliché donne toujours l’impression d’être en contact direct avec le réel. Donc avec le vrai." Voilà une assertion totalement gratuite, pour ne pas dire inepte. La pâte épaisse de tel Fautrier, la matière composite de certains Rebeyrolle ou Dubuffet sont d’une indiscutable concrétude. La part de tarte oubliée par Bonnard sur la table du goûter nous fait encore saliver. Sa peinture, comme celle du Lafleur de Marcel Aymé, est "si riche, si sensible, si fraîche, si solide, qu’elle [constitue] une véritable nourriture et non pas seulement pour l’esprit, mais bien aussi pour le corps." ("La bonne peinture" in Le Vin de Paris, Folio 1515, p.173)

"La noble antiquité qui se jouait si joliment..."

Version inédite du jeu de l'oie, selon les anciennes éditions du dictionnaire de l'Académie :
"On dit tirer l'oie pour exprimer une sorte d'exercice que font les bateliers en attachant à une corde sur la rivière une oie en vie, qu'ils sont obligés d'arracher par morceaux avec les dents."
Variante, selon Littré : "Tirer l'oie se dit d'un jeu barbare qui consiste à attacher une oie par le cou et à y lancer des bâtons jusqu'à ce que le cou ait été rompu."
On savait s'amuser, autrefois.

On refait le monde au dessert

Dîner chez des amis. Carré de veau et médoc des plus honorables. On cause... Il est question d’élections. Je n’écoute guère : j’aimerais que l’on parle d’autre chose — du médoc ou des girolles, de la température étonnamment douce pour la saison, de jubilatoires banalités.
Je doute que la politique donne de l'esprit aux sots ; en revanche, j'ai le sentiment qu'elle rend souvent bien sots les gens d'esprit — ou ceux qui pensent en avoir.

Petit nocturne urbain

Lille, mercredi soir. Cacardements frénétiques : au-dessus de la rue des Postes, un vol d'oies dans le ciel bleu-noir. Rue Kuhlmann, une jeune femme dispose au pied d'un mur quelques bolées de croquettes à l'intention des chats errants. Façades visages ravagés — D'une fenêtre entrouverte dégoulinent du rap et un peu de lumière jaune.