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jeudi, 28 décembre 2006

Vitupérer l'époque 3

En cette période de "fêtes de fin d’année", l’homme ne vit pas seulement de pain brioché et de foie gras — que la dépravation du goût de nos contemporains, soit dit en passant, conduit à accommoder aujourd’hui selon des recettes dignes de barbares rotant dans leur mangeoire. Il y a les livres qu’on reprend avec bonheur et mélancolie, comme le journal de Jules Renard, emprunté à la bibliothèque de mon fils, le temps de notre bref séjour lorrain. je suis chaque fois touché par ce côté "humain, trop humain", que les bons mots et le sens de la formule auxquels s’arrête le lecteur superficiel ne sauraient faire oublier. Et tout cela, anecdotes et portraits, reste, hélas ! d’une consternante actualité, qu’il soit question de la muflerie méprisante des parvenus, de la sottise roublarde ou de la décourageante mesquinerie du populaire, de la cruauté et de la veulerie générales… voire de l’arrogance des chauffards : "Automobiles. Jamais le luxe n'a été aussi insolent. C'est le capital qui écrase, hors de portée : que de vols meurtriers il lui faudra pour de pareilles débauches ! Il y en a comme des voitures de guerre. On va revenir aux chariots armés de faux." (oct. 1904)

samedi, 23 décembre 2006

Je m'en vais ou je m'en vas... 4

Départ ce matin pour la Lorraine, où nous resterons quelques jours. Blog provisoirement suspendu.
Joyeux Noël à vous tous, amis inconnus.
Que votre joie demeure ! À bientôt.

vendredi, 22 décembre 2006

Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

"Les hommes ressemblent tous, plus ou moins, à cette femme de la province d'Érivan qui, ayant reçu quelque grâce d'un de nos monarques, lui souhaita mille fois, dans les bénédictions qu'elle lui donna, que le ciel le fît gouverneur d'Érivan."

La remarque d’Usbek (Lettres persanes, XLIV) n’a rien perdu de sa justesse. À l’heure où l’on parle Europe et mondialisation, le chauvinisme provincial et villageois est plus que jamais vivace, agressif, outrecuidant. Nos rustiques ont tendance à se faire une idée exagérée de l’importance du trou où ils croupissent. Ainsi, tel village des Combrailles traversé par la nationale 144, qui en constitue la grand-rue, a segmenté celle-ci en cinq tronçons affectés d’odonymes différents, ridiculement pompeux. la multiplication des plaques flatte l’orgueil des indigènes, auxquels la succession des devantures délabrées devrait suffire à rappeller la décrépitude du lieu, désormais ouvert, malgré qu'ils en aient, aux invasions bataves…

jeudi, 21 décembre 2006

Gâteux et morveux

Ma boîte aux lettres déborde quotidiennement de publicités pour foie gras, saumon fumé, vins fins, canapés, téléviseurs à écran plasma, perceuses... que sais-je ? J'y ai trouvé aussi, hier, le bulletin municipal en quadrichromie, qui informe, deux ou trois fois par an, les citoyens de la commune de toutes les belles choses qu'on a faites pour eux. La couverture exhibe une photographie sur laquelle quelques vieillards du foyer-logement sont entourés de bambins de la petite section de maternelle. Très touchant. Et révélateur de la faux-culerie d'une société qui fourre ses moutards à la crèche et ses vieux en maison de retraite.

Tant crie l'on Noel... 4

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Dès que la nuit tombe, la maison d’à côté s’illumine. Ce ne sont que guirlandes et brimborions qui clignotent à tout-va, la cour et le jardin sont envahis de pères Noël, de rennes limonniers et autres sujets du meilleur goût. L’été, ces crétins construisent des volières, des cabanes, des appentis, creusent des bassins où nagent des cygnes en plastique… l’hiver, c’est une débauche de gadgets électriques.
Ces décorations ne sont que la transposition, au niveau domestique, du processus général d’enlaidissement du paysage et du cadre de vie qu’on observe un peu partout. On pourra lire, à ce propos, Le Paysage, les ploucs et moi, de Nicolas Chaudun (Éditions du Rocher, 2002), qui se termine sur ces mots : "Je ne me risquerai [...] pas à rappeler que la France fut jadis la terre des hautes futaies et des grands seigneurs. Cependant, je ne puis me résoudre à ce que des ploucs l’érigent en patrie du bonzaï et des nains de jardin."

mercredi, 20 décembre 2006

Welsh rarebit

Sur l'étiquette d'un emballage de cheddar, cette précision : "Contient du lait". Étonnant, non ?

mardi, 19 décembre 2006

Chattemiterie

Le chartreux des voisins — très élégant avec son collier turquoise — déambule sous nos fenêtres. On feint de croire à une visite de politesse, mais on sait bien qu'il n'a d'yeux que pour l'incessant manège des mésanges autour des mangeoires garnies de tournesol. Aussi intéressé que les humains, le matou !

lundi, 18 décembre 2006

La b... des n...

Le Niger porte plainte contre Pascal Sevran (les journaux).

Je lisais hier ceci, dans une nouvelle de Bukowski : "On peut écrire tout ce qu'on veut sur l'homme blanc américain et personne ne proteste. Pas même l'homme blanc américain. Mais si on écrit quelque chose de désagréable sur une autre race, une autre classe sociale ou un autre sexe, les critiques et les lecteurs sont pris d'une sainte fureur et les lettres d'injures pleuvent..." ("Action", in Le Ragoût du septuagénaire)
Certes, Pascal Sevran n'est pas "l'homme blanc américain", mais, mutatis mutandis... Ces clameurs de haro rendent presque sympathique le vieux bouffon menacé de disgrâce.

vendredi, 15 décembre 2006

Petite anthologie portative 33

        ouais

je viens d'entendre une pub
qui me dit que
John le Paysan fume son propre
bacon.
quel bel
enfant de
pute.

(Charles Bukowski, Le Ragoût du septuagénaire, Poche, 2005)

Petit livre rouge

Les livres qu’on achète plus ou moins au hasard réservent parfois d’heureuses surprises. Ainsi ce traducteur cleptomane, de Dezsö Kosztolányi, déniché la semaine passée au "Furet". Dans une note liminaire, Paul-Jean Franceschini évoque fort justement, à propos de l’auteur, "un humour pince-sans-rire et un goût du fantastique qui jette Alphonse Allais et Marcel Aymé sur les chemins kafkaïens de la Mitteleuropa". La cocasserie, le saugrenu sont en effet, dans ces brèves nouvelles, moins comiques que révélateurs d’un certain désabusement, d’un pessimisme désinvolte, d’une indulgente mélancolie :

"L’humanité, les exemples le prouvent, a été menée à la ruine, au sang, à l’ordure, par ceux qui se sont enthousiasmés pour la cause publique, qui ont pris au sérieux leur mission, qui avec ardeur, avec probité, ont veillé, alors que ses bienfaiteurs ont été ceux qui ne se sont occupés que de leurs propres affaires, qui ont failli à leur devoir, les indifférents, les dormeurs. Le mal n’est pas que le monde soit gouverné avec si peu de sagesse. Le mal est que, si peu que ce soit, il soit gouverné." ("Le Président", in Le Traducteur cleptomane, Viviane Hamy, 2006)

Voilà qui sent son anarchiste de droite. Dezsö Kosztolányi : imprononçable et infréquentable !