dimanche, 03 septembre 2006
duneton et les Majuscules
Dans sa chronique du Figaro littéraire en date du 31 août, Claude Duneton s’insurge contre "la manie de supprimer partout les majuscules", et notamment celles qu’il conviendrait, selon lui, de conserver au nom des vins. Personnellement, j’avais plutôt cru constater une tendance inverse, à savoir la manie d’en coller partout, des majuscules. Comme si cela donnait de l’importance à la personne ou à la chose — à moins qu’il ne faille y voir, notamment dans les titres d’œuvres, une influence de l’anglais, qui résout ainsi de façon expédiente un casse-tête orthographique. Quoi qu’il en soit, pour ce qui concerne les vins, la revendication de Duneton relèverait du caprice ou de la foucade, si toutefois elle était autre chose qu’un prétexte susceptible d’alimenter sa copie. Le Dictionnaire des difficultés d’Adolphe V. Thomas, auquel je me fie davantage qu’à Duneton, est très clair : "On écrit sans majuscules : Boire du champagne (pour du vin de champagne), du bordeaux, du bourgogne, du château-lafite, du châteauneuf-du-pape. Un verre de côtes-du-rhône, de pouilly-fuissey, etc." La première édition dudit dictionnaire remontant à 1956, je ne pense pas qu’on puisse mettre cette règle au nombre des "modes et tics orthographiques" dont s’irrite notre chroniqueur.
Et majuscule ou pas, un vin ginguet reste de la piquette !
18:45 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (5)
Cyclophrènes
Ce matin, brève escapade en mon "pays de vache", entre Sologne bourbonnaise et Charolais. Si l’on prend la précaution de partir tôt, il est agréable de rouler à petite vitesse sur les départementales. mais, très vite, le crétin nous rappelle son omniprésence — et qu’il ignore la trève dominicale. La variété cycliste, grégaire et frénétique, est particulièrement remarquable : ces furieux pédaleurs, grotesquement déguisés — casque, cuissards, maillots bigarrés — mettent, au nom de l’hygiène et du sport sans doute, un point d’honneur à empoisonner l’automobiliste. Pires que le piéton écraseur épinglé par Jarry ! Pourquoi ces gens-là, plutôt que de jouer les coureurs en risquant l’accident, ne peuvent-ils s’adonner aux simples plaisirs de la promenade à bicyclette ?
17:09 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (2)
jeudi, 31 août 2006
Slam
Je ne pense plus qu'à nous deux
Perdus au bout du chemin
Veuille recevoir en ces lieux
Vois je n'ai pas trouvé mieux..."
22:56 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (2)
mercredi, 30 août 2006
Sens commun
Le courrier des lecteurs, dans les magazines, ou, à la radio, les émissions ouvertes aux questions des auditeurs semblent être les derniers lieux d’où l’intelligence et le bon sens ne soient pas totalement bannis. Les professionnels de l’information se consacrent essentiellement, aujourd’hui, à la diffusion du prêt-à-penser le plus inepte, au ressassement, au décervelage, à la promotion du crétinisme euphorique.
23:23 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (4)
mardi, 29 août 2006
Petite anthologie portative 28
The intestines of Dante Rossetti
Were exceedingly fragile and petty.
All he could eat
Was finely chopped meat,
And all he could shit was spaghetti.
(Anonyme, The Limerick, Paris, Les Hautes Études, 1953)
20:00 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (0)
Les mots pour le dire
08:48 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 26 août 2006
Passé (pas si) simple
J'en échappis ma tartine.
09:40 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (6)
vendredi, 25 août 2006
Tyrosémiophilie
Dans les pages littéraires du Nouvel Observateur de cette semaine, compte rendu fielleux du dernier roman de richard Millet, par Aude Lancelin : "Un livre de défaite parce que replié sur une supériorité qui ne cherche plus grand-chose tant elle cultive la certitude de s'être trouvée." On peut tout de même préférer la prose de Richard M., ses "phrases denses et impeccables, bourrées jusqu'à la gueule d'incidentes ombrageuses et soignées" aux pauvretés pornographiques de sa vulgivague homonyme. dans le même numéro, Sollers fait le sien en feignant s’extasier sur le nouveau Christine Angot — "son meilleur livre". Au fond, Sollers est un pince sans rire. Il a l’air d’un moine pour étiquette de boîte de camembert.
15:12 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (2)
mercredi, 23 août 2006
Remembrances du vieillard idiot 2
22:05 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (0)
Petite anthologie portative 27
Pour Ph. B., sans rancune.
Pour une fois, un texte un peu long...
"Tout discours sur l’amour qui n’est pas fait pour une petite société élégante est perdu et vain. Si on l’étend à trop de gens, on ne sait plus de quoi on parle. Pour pouvoir parler aujourd’hui de l’amour aux masses les érotographes prennent pour point d’orientation sûr les gestes et fumées venant de leurs couilles, convaincus qu’ils sont de parler de comportements communs et de signes que tous peuvent reconnaître. Mais pour créer une compréhension commune de ce langage en apparence si élémentaire et universel il faut une éducation pornologique universelle, une conversion en masse à la zone pubienne et anale, qui mette la vie tout entière dans la mire de l’excitation et de l’orgasme. Pour presque tous, Sade est un auteur incompréhensible, et peut-être le restera-t-il toujours. Cependant le courrier des journaux pornographiques s’évertue à établir un code (Si tu l’as aussi longue, tu dois chercher une amie poilue; arrache ton masque de solitaire: il y a, derrière, un chercheur frénétique de cul; il faut que ta sœur te masturbe; inonde-toi sans crainte de sang menstruel) et les orgasmes statistiques, les réponses des treize mille personnes interrogées par les deux dames docteurs aspirent à devenir catéchisme, guide touristique, chapitres d’almanach, mais on a l’impression que les gens s’avancent toujours plus loin dans des no man’s land aux réseaux de barbelés coupés, des terres brûlées par le bombardement qui s’étendent à l’infini. Parmi les cadavres d’une tranchée réduite au silence on trouvera quelques débris, couverts de boue et de sang, de la statue d’Aphrodite. La marche de la raison, non éclairée par le cœur, provoque partout les mêmes effets, dans tous les domaines de la vie."
(Guido Ceronetti, Le Silence du corps, Poche-Biblio, 1988, p. 124)
21:52 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (1)