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lundi, 20 août 2007

Mauvais caractères

"On peut remarquer […] que d’une manière générale la tendance est à un net excès de majuscules." (Renaud Camus, "Majuscules, minuscules" in Répertoire des délicatesses du français contemporain, P.O.L., 2000, p. 268)
"Changements dans la langue. Il y a longtemps déjà que le français semble avoir renoncé à l’emploi des majuscules." (Jean Clair, op. cit. supra, p. 47)
Cette divergence d'appréciation donne à penser que les règles d'usage sont assez flottantes pour qu'on n'aille pas voir dans l'omission ou l'adjonction superflue d'une majuscule le symptôme d'une irrémédiable dégradation de la langue écrite.

dimanche, 19 août 2007

Grande paresse

Il fait un temps à ne rien faire. Il m’a suffi d’écouter la radio quelques minutes ce matin pour être d’une humeur de chien : pas une phrase d’interview, pas un truisme, pas une pauvreté qui ne soit ponctuée d’un "donc… euh" (peut-être faudrait il remettre en usage l’ancienne graphie donques) ou d’un "c’est vrai que..." Il en faut peu, je l'admets, pour m'irriter. Cet après-midi, je termine, pour rester dans la maussaderie, la lecture du Journal atrabilaire de Jean Clair (Gallimard, "L’un et l’autre", 2006). Effet homéopathique, sans doute, j’en sors réconforté de voir qu’il y a encore, comme le chantait Brassens, "du monde, et du beau monde, sur terre". J’aimerais pouvoir reprendre à mon compte la dernière note, figurant également en épigraphe sur le rabat de la première de couverture : "Justification, peut-être, de ce journal, cette réflexion de Julien Green : Le secret, c’est d’écrire n’importe quoi, parce que lorsqu’on écrit n’importe quoi, on commence à dire les choses les plus importantes."
Nul doute que les récriminations et les dégoûts de Jean Clair — mais aussi ses rares attendrissements — ne touchent à l’essentiel "en ce temps de grande paresse" — citation d’un autre chanteur bien oublié.

vendredi, 17 août 2007

" À la honte aguerris, ces forbans littéraires..."

L’estivation — "sorte d’engourdissement qui s’empare de certains animaux pendant un certain nombre de jours de la saison la plus chaude" — "s’observe, nous dit Littré, chez certains serpents, chez des crocodiles et chez des poissons qui s’enfoncent dans la vase". Sans doute les postiers ne s’enfoncent-ils pas dans la vase, mais leur activité, au mois d’août, se ralentit considérablement. Peu de courrier dans ma boîte aux lettres, donc. En revanche beaucoup de publicités, et plus spécialement pour les fournitures de rentrée des classes : il n’est jamais trop tôt pour songer à l’achat du taille-crayon, de la gomme ou des indispensables "feutres fluo". Dans les magazines aussi, on prépare la rentrée : la rentrée littéraire, par exemple, dans le Nouvel Observateur de cette semaine. Et là, ça sent davantage encore l’arnaque que dans les grandes surfaces. Tous les imposteurs sont déjà au rendez-vous, auteurs et critiques, prêts à fourguer leur camelote ; prêts, ceux-ci, à vanter les mérites de leurs chouchous, ceux-là à exécuter leur petit numéro de clowns musicaux. Plus de sept cents romans annoncés. Qu’en restera-t-il dans un an, dans dix ans… ? La liste des auteurs, où ne manque aucun des pitres à la mode, constitue en elle-même — et c'est son seul intérêt — une réponse assez explicite à la question-titre de Calvino : Pourquoi lire les classiques ?

mercredi, 15 août 2007

Théologie et aérostatique

"Après avoir adressé, le 1er mai 1946, à tous les évêques du monde une lettre officielle demandant si l’assomption corporelle de Marie dans le ciel pouvait être définie comme dogme et s’ils désiraient cette définition avec leur clergé et leur peuple, devant la réponse affirmative de presque tous les évêques, le pape Pie XII proclama le 1er novembre 1950, par la constitution apostolique Munificentissimus Deus, comme dogme révélé par Dieu, que l’Immaculée Mère de Dieu a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste." (Louis Ott, Précis de théologie dogmatique, Mulhouse, Salvator, 1955, p. 298)
Avant cette mise au point, les théologiens faisaient preuve de la plus grande circonspection : "L’assomption corporelle de la Vierge, lit-on dans le dictionnaire de théologie de l’abbé Bergier, n’est point un article de foi, puisque l’Église ne l’a pas décidé, et que plusieurs anciens et modernes en ont douté." (Édition de 1852, Paris, Louis Vivès, p. 160)

On trouve, dans le dictionnaire critique de l’abbé Féraud, cette intéressante précision : "On dit l’Ascension de Notre Seigneur parce qu’il monta et s’éleva lui-même, et l’Assomption de la sainte Vierge parce qu’elle fut enlevée dans le Ciel."

lundi, 13 août 2007

Franska

Les pattes ! Qu'a-t-on fait des pattes ?

dimanche, 12 août 2007

Le sens de la formule 3

Il y a des mots aussi profondément lucides et tranquillement désabusés, dans leur spontanéité, que les aphorismes des moralistes les plus sombres. Ainsi cette remarque de Saint-Exupéry rapportée par Léon Werth :
"Ce restaurant du Bois, où nous dînions ensemble, l'an dernier. Comment en vînmes-nous à tenter de porter un jugement sur quelques-uns des hommes qui conduisaient alors la France, autrement dit : des ministres ? Nous leurs prêtions des projets, un dessein. Et soudain Tonio murmura : "Je crois que nous faisons de l'anthropomorphisme..." Un mot, un "mot d'esprit", comme on en faisait jadis, mais moins serré, plus libre." (Déposition, 15 octobre 1940 — cf. note supra)
Fait-on encore, aujourd'hui, de tels "mots" ? Pas sûr. Mais de l'anthropomorphisme à propos des politiques, oui, assurément. 

samedi, 11 août 2007

Style bête

Dans l’attente d’un colis de livres qui n’en finit pas d’arriver, je me résous à me transporter à la sous-préfecture proche, où l’on trouve encore deux ou trois librairies traditionnelles qui peuvent dépanner le lecteur pas trop regardant. Je rapporte de mon expédition :
Aventures d’un gourmand vagabond
, de Jim Harrison ;
Un festin en paroles, de Jean-François Revel ;
Déposition — extraits du journal de guerre —, de Léon Werth ;
Croquis de mémoire, de Jean Cau ;
Envoie-moi au ciel, Scotty
, polar de Michael Ginzburg.
Celui-ci, nous dit la quatrième de couverture, "a travaillé comme plongeur, cuisinier, coursier, chauffeur de gangsters, garde du corps de strip-teaseuses, télégraphiste, détective privé, chauffeur de poids lourds, planteur d’arbres, marchand de fleurs, convoyeur de fumier, ou encore (entre autres) transporteur d’une cargaison de mannequins à bord d’un minicar". Se non è vero
Je crois que c’est la première fois que je lis quelque chose de Jean Cau. J’espérais une plume un peu plus élégamment vacharde. C’est trop souvent lourd, suffisant, écrit dans un style qu’on ne peut qualifier autrement que de bête.

lundi, 06 août 2007

Chasses futiles

Perdu beaucoup de temps, ce week-end, à rechercher une page de Quignard dans laquelle je croyais me souvenir qu'il était question du temps gagné sur la maladie fatale ; sursis, rémission ou guérison, ce temps offert, dit en substance l’auteur, relève d’une temporalité — d’une atemporalité ? — paradisiaque. Naturellement, je n’ai pas retrouvé le passage en question. J'étais pourtant à peu près sûr que cela se trouvait dans Les Paradisiaques ou Sordidissimes. Mystère de ces phrases, de ces objets qui disparaissent : la littérature et le quotidien sont des mondes flottants.

vendredi, 03 août 2007

Encore du sable

Lectures de vacances : Umberto Eco, La Mystérieuse Flamme de la reine Loana.

"En mai, Gianni a raconté l’histoire drôle de ce docteur qui conseillait des bains de sable à un malade en phase terminale :
— Ils font du bien, docteur ?
— Ce n’est pas qu’ils fassent grand-chose, mais comme ça on s’habitue à demeurer sous terre."

Lu sur le sable

Première impression — sur laquelle je reviendrai probablement — à la lecture, trop rapide, j’en conviens, des Planches courbes, de Bonnefoy, longtemps l’un de mes poètes préférés : déception, incompréhension. Je ne suis plus touché, je n’ai pas non plus, comme naguère, le sentiment de toucher à quelque chose de très profond. Je me rappelais une poésie nue, obscure et limpide ; je m’irrite de ne trouver que scories d’un lyrisme qui n’ose pas dire son nom.

Et ces fausses gaucheries d’expression, comme pour suggérer que toute élégance de style ne serait que joliesse superfétatoire… On n’est pas loin, parfois, de s’enliser dans le prosaïsme, voire le didactisme, alors même que, paradoxalement, il s’agit d’échapper au "leurre des mots".