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samedi, 13 novembre 2010

Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ?

On apprend, dans l'article de l'Encyclopædia Universalis consacré à Ramón Pérez de Ayala, que celui-ci est l'auteur d'une nouvelle intitulée La Chute des citrons. Bévue particulièrement cocasse quand on sait que les Limones du titre espagnol sont les derniers rejetons d'une famille patricienne tombée en quenouille. Même si le titre de la traduction française — La Chute de la Maison Limón — ne rend pas compte d'un possible jeu de mots (on pense aux Enfants du Limon de Queneau), il a du moins le mérite de renvoyer à la thématique même du texte et de compenser la supposée caducité des agrumes par un clin d'œil littéraire fort judicieux.

jeudi, 11 novembre 2010

Armistice

Le matin, un maigre rassemblement frissonne devant le monument aux morts. Le vent glacial éparpille les bribes d'une Marseillaise enrouée.
L'après-midi on feuillette Delteil, qui parle de "cortèges pleins de pieds et de drapeaux". Le dernier chapitre des Poilus — "La Paix" — tient en un mot : "Hélas !"
Ah ! Dieu que la guerre est jolie...

vendredi, 05 novembre 2010

"Quel diable de langaige est cecy ?" 2

À la radio, à propos de la couleur de je ne sais quel joujou pour fillettes, un quelconque "commercial" parle d'un rose "pétant, glamour, tendance et girly". On aimerait fort qu'un tel baragouinage exposât ce prétentieux cornichon à une mésaventure semblable à celle de "l'escholier lymosin"...

dimanche, 31 octobre 2010

Quand octobre prend sa fin, la Toussaint est le matin

J'irai demain porter un chrysanthème jaune sur la tombe de mes parents.

samedi, 30 octobre 2010

Annonce de saison

Dans un hebdomadaire du Puy-de-Dôme :

"Cimetière de P.
À VENDRE
état neuf, au tiers de sa valeur
TOMBEAU GRANIT
avec caveau 4 places.
Concession à perpétuité.
Photo et prix sur demande."

samedi, 23 octobre 2010

Jours qui ne sont rien d'autre que des jours

"Journal infime", disait Rose. Chroniques de l'infra-ordinaire.
Le samedi matin, on va au marché. Tous les dix pas on rencontre une connaissance, on salue un voisin, on parle de tout, de rien. Le soleil timide invite à la flânerie. On achète un gaperon, des petits chèvres, des pommes — belchard et rubinettes —, des châtaignes que l'on mangera le soir, grillées, accompagnées d'un verre de vin rouge, comme le recommandait frère Jean.
L'après-midi, les rues du bourg sont désertes. Un chien noir trottine, furtif, du côté de la caserne des pompiers...

dimanche, 10 octobre 2010

Remembrances du vieillard idiot 10

Les "commis" de ferme : le dimanche, ils allaient au bourg à cyclomoteur, à l'heure de l'apéritif. Suprême élégance, ils arboraient, agrafés à la pochette de leur veston, un ou deux crayons à bille, signes extérieurs — croyaient-ils — d'une certaine classe...

samedi, 09 octobre 2010

Amour des listes et orgue 7

Races ovines vues hier au "Sommet de l'Élevage", à Clermont-Ferrand :

Basco-Béarnaise ;
Berrichon du Cher ;
Bizet ;
Blanche du Massif-Central ;
Causse du Lot ;
Charmoise ;
Charollais ;
Corse ;
Grivette ;
Hampshire ;
Île-de-France ;
Lacaune lait ;
Lacaune viande ;
Limousine ;
Manech tête noire ;
Manech tête rousse ;
Noir du Velay ;
Rava ;
Romane ;
Rouge de l'Ouest ;
Suffolk ;
Texel ;
Thônes-et-Marthod ;
Vendéen.

Pour l'orgue — et pour rester dans la note — on pourra écouter Balbastre : "Où s'en vont ces gays bergiers ?"

mardi, 05 octobre 2010

Les bégonias de Nasbinals

Aujourd'hui, brève escapade en Languedoc, le temps de visiter, à Lodève, l'exposition "De Gauguin aux Nabis". La mine renfrognée des cerbères de l'un et l'autre sexe préposés à la surveillance des salles ne parvient pas à gâcher mon plaisir. Beaucoup de Maurice Denis : féminités opulentes et crémeuses ou silhouettes diaphanes, peinture heureuse — et, pour cette raison même, à la limite d'une forme de kitsch auquel le spectateur se laisse prendre avec délices. Sérusier, Vuillard, Vallotton, Bonnard sont là, et d'autres moins connus, plus ou moins oubliés : Ker-Xavier Roussel, Henri-Gabriel Ibels, Louis Anquetin. On s'attarde devant une très belle jeune fille en rose de Maillol, un Christ aux outrages d'Henry de Groux, les fleurs étranges d'Odilon Redon...
Peu après midi, pique-nique au bord du lac du Salagou. Le lieu est, en cette saison, presque solitaire et vaguement sinistre. Des oiseaux criaillent au loin, sur l'eau, ou tourbillonnent au-dessus des mamelons de grès rouge. Le ciel est d'un bleu dur, sans le moindre nuage.
Au retour, un poteau indicateur me rappelle l'aimable et très brautiganienne nouvelle de Pierre Autin-Grenier, "Les bégonias de Nasbinals, Thomas Bernhard et les écureuils" : "Lorsque je m’interroge trop fort sur le sens de l’existence [...] je saute dans l’automobile et fonce comme un fou vers Nasbinals." À Nasbinals, nous dit Autin-Grenier, on peut voir les bégonias de Mme Souchon, qui sont "les plus beaux du monde".
Je ne suis, pour ma part, jamais allé à Nasbinals, dont le nom, en ces contrées farouches, sonne aussi étrangement à mes oreilles que celui — un peu plus au nord — de Taphaleschat, tout plein de rumeurs d'un autre âge...

vendredi, 24 septembre 2010

Nouvellistes glauques

Chris Offutt, Kentucky Straight (Gallimard/Folio, 2002) ; Donald Ray Pollock, Knockemstiff (Buchet-Chastel, 2010) ; J. Eric Miller, Défense des animaux et pornographie (Passage du Nord-Ouest, 2010).
Je ne trouve pas de meilleure épithète pour qualifier ces écrits déprimants, nauséeux — qui exercent pourtant sur le lecteur une fascination morbide, du même type que celle que peuvent inspirer certaines scènes du Délivrance de Boorman. Comment l'adjectif, qui évoque encore chez Proust le vert pruineux des reines-claudes, s'est-il chargé, avec le temps et l'usage, des sèmes péjoratifs que lui attribue désormais le Petit Larousse ? Un esprit malicieux a avancé que la place du mot dans le dictionnaire — entre glaire et glaviot — n'est peut-être pas étrangère à cette dérive...