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samedi, 04 juin 2011

Pauvre Vialatte 2

Après le théâtre de rue, la lecture de rue.
"Hier — pouvait-on lire dans La Montagne du 29 mai dernier —, «La Librairie» accueillait les lectures de Vialatte à la demi [sic]." Une photographie, montrant une liseuse plantée devant un pupitre en pleine rue piétonne, et un court article (dont on appréciera au passage le style et la rigueur typographique) éclairent un peu ce galimatias : "À l'occasion de L'année Vialatte et de la manifestation à vous de lire ! «La Librairie», rue Pascal à Clermont-ferrand, proposait une série de lectures de chroniques d'Alexandre Vialatte. Dès 10 h 30, les premières lectures ont commencé et se sont poursuivies durant toute la journée, où pas moins de 22 personnes se sont relayées en continu toutes les demi-heures. Les textes ont été tirés au sort, et été composés à partir de ses célèbres chroniques, ainsi que d'un extrait du Bestiaire."
On rapprochera ces "manifestations" — ces pitreries qui semblent se multiplier depuis "l'affaire" de La Princesse de Clèves, de ce qu'écrivait Georges Steiner dans les belles pages de son "lecteur peu commun" : "La lecture authentique requiert le silence [...] C'est un silence vibrant, une solitude peuplée par la vie du monde. Entre le lecteur et le monde [...] le rideau est tiré." (in Passions impunies, Folio/Essais, 2001)

vendredi, 20 mai 2011

"Jeter un homme aux chiens..."

"Quant à la société et confederation qu'elles dressent entre elles pour se liguer ensemble, et s'entresecourir, il se voit des bœufs, des pourceaux, et autres animaux, qu'au cry de celuy que vous offensez, toute la troupe accourt à son aide, et se rallie pour sa deffense."

(Montaigne, Essais, II, 12)

lundi, 16 mai 2011

Vivre et penser comme des porcs

"L'événement nous reconduit à ce que nous sommes."

(Louis Calaferte, Lignes intérieures - Carnets 1974-1977, Denoël, 1985)

 

mercredi, 04 mai 2011

O fortunatos nimium... 3

Ravas.jpgDeux journées à la campagne. Travaux rustiques avec mon fils. Les outils rangés, nous allons en fin d'après-midi visiter les moutons. Les petits ravas au chanfrein mâchuré, nés il y a un jour ou deux, sont encore mal assurés sur leurs pattes grêles. Chaleur un peu lourde. Les grillons stridulent, inlassablement.
Plus tard, au crépuscule, nous pêchons un moment dans un grand calme au bord de la Sioule. Le versant boisé d'en face dégringole à la verticale jusqu'à l'eau noire. Je retrouve sur mes doigts le remugle âcre et tenace des vers de terreau. Souvenirs des parties de pêche de l'enfance...
Nous dînerons, au retour, d'une vaste omelette au lard et d'une bouteille de bordeaux.

mardi, 26 avril 2011

Que choisir ?

L'un de nos voisins a enterré sa femme la semaine passée. Il a fait appel au croque-mort d'une autre commune : les tarifs étaient beaucoup plus avantageux.

lundi, 25 avril 2011

Crachats et chocolats

"Si qu'y r'viendrait ! Si qu'y r'viendrait,
L'Homme Bleu qui marchait su' la mer..."

... il susciterait moins d'intérêt que le lapin de Pâques ou Yvette Horner.

jeudi, 21 avril 2011

Petite anthologie portative 65

AVRIL

premier soleil
bourgeons

les hommes sont dans le printemps
d'éclatantes bêtes de joie

les familles piaillent dans le vent
avant la création

(Paul-Marie Lapointe, Voyage et autres poèmes, éditions de l'Hexagone, Montréal, 1974)

lundi, 18 avril 2011

Au jardin

Dans un massif de verdure crue, deux tulipes écarlates saignent... La nature fait du Rimbaud.

mardi, 12 avril 2011

Dernières nouvelles de la littérature 3

Dans les deux précédentes notes du même titre, il était question d'Amélie Nothomb, de Mazarine Pingeot ou de madame Royal. Je n'imaginais pas qu'il fût possible de tomber beaucoup plus bas, mais j'apprends aujourd'hui, grâce à la page culturelle du site de "France-Info" et sous le titre "Patricia Kaas de la chanson à la littérature" (sic), que la trémolante Lorraine "sort une biographie". Et qu'elle sera interviewée par le désopilant Philippe Vandel — parce que, sans doute, elle le vaut bien.
Ledit Vandel, donc, est passé du film de cul à la critique littéraire. Il est photographié dans La Montagne du 8 avril dernier, à l'occasion de la remise du prix Vialatte. Quant à la lauréate du prix en question, Olivia Rosenthal, elle n'est, dans son genre, pas mal non plus : "La littérature, dit-elle, est un outil de pensée très fort, que l'on n'utilise pas suffisamment." Une telle profondeur de vue donne le vertige.

samedi, 02 avril 2011

Hémorroïdes

Bel après-midi ensoleillé. Promenade digestive le long de la rivièrette, qui court à travers des pâtures ou de maigres taillis broussailleux tapissés d'anémones sylvies et de ficaires. Çà et là, un pneu verdi par le temps, un serpent de caoutchouc pendouillant d'une branche morte ou une carcasse de machine à laver agrémente la bucolique.
On apprend dans le Littré que la ficaire est "ainsi dite parce que les racines sont composées de fibres tubéreuses qu'on a comparées à de petites figues ; ce qui explique aussi le nom d'herbe aux hémorroïdes, par la croyance qu'une plante guérissait les parties auxquelles elle ressemblait".
Le médecin angevin Bretonnayau, dans son Esculape, use également d'images fruitières pour évoquer les tumeurs rectales dues à une "abondance  de sang mélancolique" :

Comme l'on voit rougir sur son arbre la meure
Qui sage à faire fleur la dernière demeure :
Comme l'on voit les grains sur la grappe grossir,
Ainsi au fondement voit-on souvent noircir
De gros boutons de sang que la nature humaine
Tasche d'espanouir, deschargeant la grand veine,
Le foye, et mesentere, et la rate, et les reins,
Quand le sang est mauvais ou qu'ils en sont trop pleins,
Par des conduicts expres qui droictement descendent,
Où les gros excremens d'ordinaire se rendent.

La poésie se loge parfois en des lieux inattendus.

("Des hemorrhoides, extraict de l'Esculape de R.B.A.M." in La Generation de l'Homme et le Temple de l'Ame avec autres œuvres poëtiques extraittes de l'Esculape de René Bretonnayau Medecin natif de Vernantes en Anjou, Paris, Abel l'Angelier, 1583)