vendredi, 24 septembre 2010
Nouvellistes glauques
Chris Offutt, Kentucky Straight (Gallimard/Folio, 2002) ; Donald Ray Pollock, Knockemstiff (Buchet-Chastel, 2010) ; J. Eric Miller, Défense des animaux et pornographie (Passage du Nord-Ouest, 2010).
Je ne trouve pas de meilleure épithète pour qualifier ces écrits déprimants, nauséeux — qui exercent pourtant sur le lecteur une fascination morbide, du même type que celle que peuvent inspirer certaines scènes du Délivrance de Boorman. Comment l'adjectif, qui évoque encore chez Proust le vert pruineux des reines-claudes, s'est-il chargé, avec le temps et l'usage, des sèmes péjoratifs que lui attribue désormais le Petit Larousse ? Un esprit malicieux a avancé que la place du mot dans le dictionnaire — entre glaire et glaviot — n'est peut-être pas étrangère à cette dérive...
17:00 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Dans "délivrance", j'aime beaucoup la scène du banjo.
Avez-vous essayé James Ellroy (certes, à l'instar de Proust, ce n'est pas un nouvelliste) ?
J'ai commencé lundi "American death trip". C'est fascinant, télégraphique, nauséeux, pruineux à vomir, déprimant quoi. Je suis au bord du suicide... Demain, j'arrête.
Tenez enfin, mon Lexis de chez Larousse (édition 1979) me donne : Glaviot, n m du Latin gladiolus, petit glaive, au moyen-âge, petite épée. Nous sommes loin du colt ou de la madeleine.
Écrit par : Martin Lothar | vendredi, 24 septembre 2010
Je n'ai pas beaucoup fréquenté Ellroy : le "Dahlia noir", bien sûr, et un recueil de textes journalistiques dont j'ai oublié le titre, c'est à peu près tout...
"Glaviot", au sens de "petit glaive", se trouve dans le dictionnaire de La Curne de Sainte-Palaye et n'a rien à voir avec son homonyme populaire désignant un crachat. Selon les meilleures sources (T.L.F. ou Robert historique de la langue française), celui-ci dériverait d'un "claviot" régional ou argotique, renvoyant à "claveau", morve purulente des moutons atteints de la maladie du même nom, ou "clavelée". La proximité sémantique avec "glaire" expliquerait l'altération de la consonne initiale...
Écrit par : C.C. | samedi, 25 septembre 2010
Je croyais que glauque renvoyait à la couleur de l'eau croupie, d'où les connotations péjoratives...
http://davidikus.blogspot.com
Écrit par : Davidikus | mardi, 28 septembre 2010
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