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mercredi, 14 décembre 2011

Météo 33

Matinale — comme toujours — et courageuse sous les bourrasques, la dame au parapluie.
Il était ce matin rose tyrien. Ou peut-être fuchsia...

mercredi, 07 décembre 2011

Tant crie l'on Noel... 6

Dans les premiers siècles de l’Église, l’Avent commençait à la Saint-Martin — d’où l’expression "carême de la Saint-Martin", pour désigner cette période de rigoureuse préparation à la fête de Noël, ramenée bientôt à quatre semaines. Selon les anciens traités de théologie, les prédicateurs se servaient de l’Avent, "temps de désir, de pénitence et d’espoir", pour "inculquer fortement dans l’esprit des fidèles les vérités redoutables et consolantes de l’Évangile".
Pour une bonne partie du public, le terme d’Avent n’évoque plus guère aujourd’hui que ces calendriers fantaisie, proposant, pour chaque jour du mois précédant Noël, friandises ou figurines dont le rapport avec l’avénement mystique du Christ est pour le moins problématique. On a un peu de mal à saisir ce que viennent faire ici dinosaures, pirates ou "Zhu Zhu Pets"… La religion dont les zélotes, aujourd’hui, se montrent les plus diligents semble bien être celle de la marchandise. Nos boîtes aux lettres débordent de prospectus et de brochures publicitaires, de catalogues de jouets, d’offres promotionnelles proposant "boustifaille de riches" — la formule est de Montherlant —, alcools fins et confiseries dignes de réceptions d’ambassade. Mammon mène la danse. L’avénement futur sera-t-il, à la fin des temps, la parousie du Christ-Juge ou l’apothéose du Père Noël, descendant du ciel sur une rengaine de Tino Rossi pour combler l’attente d’un "peuple heureux rotant dans sa mangeoire" ?

samedi, 03 décembre 2011

Vocabulaire 8

Ouverture officielle, à la médiathèque intercommunale, d'une rétrospective sur le syndicalisme dans notre département. Personnalités, discours — et l'inévitable kir servi dans des gobelets en plastique.
"Ce n'est pas — dis-je, avant de fuir, à madame la conseillère générale — de l'histoire, c'est de l'hagiographie." Elle, perplexe : "De la géographie ?"

vendredi, 02 décembre 2011

Automne 3

Journées moroses de fin d'automne. Le jour se lève dans un barbouillis de nuages sales. Le vent fou arrache aux bouleaux leurs dernières feuilles jaunes, de grands vols de corneilles emplissent le ciel de leur "importun craillement".
On ne sort guère. Les rues sont vides, les jardins mouillés. On s'emploie à des tâches fastidieuses et faciles, on expédie de futiles urgences en écoutant des musiques frivoles et mélancoliques — comme ces gracieuses œuvrettes de Reynaldo Hahn dont le charme désuet sied à la saison mourante.

mercredi, 30 novembre 2011

Lassitude

"... je tuerai tout le monde et je m'en irai."
(Alfred Jarry, Ubu roi, III, 4)

"S'il n'y avait personne, tout le monde serait heureux."
(Anonyme, cité par André Blavier in Les Fous littéraires, Henri Veyrier, 1982)

samedi, 26 novembre 2011

"Voilà, si je ne me trompe, une observation précieuse"

L'énorme Journal de Stendhal : nombrilisme, fatuité naïve, "aventures microscopiques" et comptes de blanchisseuse. On picore au hasard une expression désuète ou scabreuse, une anecdote saugrenue. Il est question d'oiseaux "élevés à la brochette", qui "n'ont certainement aucune idée de nid, d'œufs et d'accouchement", d'une jeune femme "très ayable", d'une autre qui a "il marchese" ou la chaude-pisse. Certain jour, après le dîner, l'auteur a tué douze hirondelles en une heure et demie ; à Saint-Laurent, en septembre 1811, il prend "les deux culs à une fille d'auberge passable" ; deux ans plus tard, à Milan, il campe "une tasse de café alla panera sur un beau pantalon de casimir gris tout neuf"...
Et ceci, qui, venant de Mr Myself, ne manque pas de sel : "Graculus est un homme qui ne parle jamais que de lui, un vrai sot."

lundi, 21 novembre 2011

Perché leggere i classici 5

Feuilleter les petits essais littéraires de José Cabanis est un plaisir de choix : finesse de l'analyse, élégance d'une langue toute classique, voilà un "suffisant lecteur" qui nous persuade, en quelques paragraphes prestement troussés, que l'on aurait tort de bouder les valeurs sûres du Lagarde et Michard. Auteur pour happy few, Cabanis ignore superbement le goût du jour et le prêt à penser ; ses exercices d'admiration sont d'un dilettante qui, sachant que "pour parler de ce qu'on aime passionnément, on risque toujours de prendre un ton trop haut", ne répugne pas à l'anecdote, au "style naturel" de la causerie familière. Les deux minces volumes de Plaisir et lectures (Gallimard, 1964 et 1968) offrent à chaque page de ces "bonheurs d'écriture" qui sont, dit-il, avec la manière, la marque de l'écrivain véritable. Et il y a parfois, aussi, une vigueur d'expression qui ne laisse pas d'être réjouissante : "Toute foi mise à part, on mesure [...] combien il est dommage, pour la plupart des auteurs d'aujourd'hui, qu'à leurs yeux Dieu n'existe pas, et de quel beau thème littéraire ils se sont privés. Je sais bien qu'ils ont remplacé Dieu par le cul. Mais j'ai le sentiment qu'auprès de Dieu, le cul ne fait pas le poids." ("Maturin", Plaisir et lectures, vol. 2, p. 88)

mardi, 15 novembre 2011

Le sens de la formule 10

"Le rapport sexuel n'est qu'un plus ou moins violent hypallage des attributs génitaux." (Richard Millet, L'Amour mendiant, La Table Ronde, "La Petite Vermillon", 2007)
Est-ce une hypallage que de faire le mot masculin ?

samedi, 12 novembre 2011

Gratte-culs

"Elle avait les cheveux attachés aujourd'hui. Elle portait un T-shirt blanc tout simple, un jean bleu délavé, des chaussures de sport. Il vit des gratte-cul [sic] coincés dans ses lacets [...] Elle tripota son lacet. Il la vit grimacer, coller son index dans sa bouche. Un gratte-cul." (Sean Doolittle, Rain dogs — trad. Sophie Aslanides, Rivages/Noir, 2011, p. 88 et 91)

Ces gratte-culs m'ont intrigué : à supposer même que la jeune femme dont il est question ici ait eu l'idée saugrenue de s'aventurer dans un buisson d'églantiers, on voit mal comment des cynorrhodons, à la peau parfaitement lisse, auraient pu se prendre aux lacets de ses pataugas ou la blesser au doigt. Le texte original nous éclaire : "He could see sand burrs caught in the laces of the hiking shoes." Il ne s'agit pas de gratte-culs, mais des graines hérissées de crochets ou de piquants d'une plante du type cenchrus echinatus, inconnue, semble-t-il, en Europe. Difficile, dès lors, de concilier l'exactitude botanique, la fidélité de la traduction et l'élégance du style !

mercredi, 09 novembre 2011

Papiers journaux, bonshommes Ripolin et continuité des parcs

Je termine la lecture du septième volume des Carnets de Calaferte — année 1983. Beaucoup de notes à caractère intime, de considérations d'ordre religieux, mystique, voire ésotérique, de ressassements ou de généralités qui peuvent devenir, à la longue, un peu lassants. On a plaisir à retrouver au détour d'une page l'imprécateur vitupérant l'époque et s'asseyant sur les bien-pensances littéraires :

"De quelque bord qu'elle se pratique, la politique est un dépotoir."
"Rimbaud est le poète du calcul, pour ne pas dire l'antipoète ; ce qui explique la faveur actuelle dont bénéficie son œuvre en une époque où l'essence de la poésie est bannie..."

Propension des auteurs d'écrits diurnaux à s'entregloser, à citer les citateurs, conduisant le lecteur à s'égarer dans des quêtes-gigognes : André Blanchard cite Calaferte, Cabanis ou Renard ; Calaferte cite Gide, Green, Tolstoï ou Cabanis ; Cabanis cite Léautaud, Green ou Viel-Castel... On croise inévitablement, chez les uns ou les autres, Stendhal, les Goncourt et Jouhandeau. Littérature égotiste, reflet répercuté à l'infini de notre propre solitude, qu'avec le temps et l'âge on en vient à préférer à la verbeuse futilité du roman...