jeudi, 25 mars 2010
How The Dead Live
Entendu l'autre jour ce dialogue de comptoir, que la transcription écrite prive du sel que lui confère l'accent local :
"Et le Michel, comment qu'i' va ?
— Le Michel ?
— Ben, oui ! le Michel, ton gars...
— Oh ! ça va ben, ça fait quatre ans qu'il est mort !"
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lundi, 22 mars 2010
"Ouvrez-moi cette porte où je frappe en pleurant"
Soir d'élections. Un ivrogne tambourine aux vitres de la mairie en vociférant : "Laissez-moi entrer. Je suis un citoyen, moi aussi : j'ai le droit de savoir !"
08:25 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (3)
dimanche, 21 mars 2010
Wenn ich Kultur höre...
M'intéressent, seules, la culture populaire — concours de pétanque, défilés de majorettes, fêtes de la chasse ou foires aux choux... — et la culture élitaire. Ne pouvant sans outrecuidance me réclamer de celle-ci à l'exclusion de toute autre, je me vautre volontiers dans celle-là. Entre les deux, le fritto misto qui fait les délices des lecteurs de Télérama et des instituteurs en retraite me coupe l'appétit — et l'envie même d'y goûter.
21:22 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (6)
vendredi, 19 mars 2010
"De fleurs en mars ne tiens compte"
Les oiseaux délaissent les mangeoires encore garnies de graines. Au jardin, premiers crocus et premières primevères, premiers papillons soufrés. La campagne, dans les lointains, s'étale paisible, "couleur de bure et de fumée", sous un ciel délavé. Trompeuse douceur du temps... Ce soir, il pleut.
22:50 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (1)
mercredi, 17 mars 2010
Ionesco à la supérette
À la caissière qui me réclame deux euros et quatre-vingt-dix-neuf centimes, je fais observer qu'il eût été plus simple d'arrondir le prix du produit à trois euros. Elle me rétorque : "Oui, mais j'étais trop jeune pour aller voter." Je me suis demandé toute la journée ce qu'elle avait bien pu vouloir dire...
23:40 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (10)
In paradisum 2
Morts, nous reviendrons hanter les songes de ceux qui nous ont connus. Il n'est d'autre paradis que les rêves de ceux qui nous survivent.
22:26 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (3)
lundi, 15 mars 2010
Notes de lecture
"J'ai passé la moitié de mon existence à l'université, et pourtant je n'en suis pas. Je ne suis de nulle part, en réalité. À part la région que j'ai quittée, et ça par force rien qu'en souvenir." (Harry Crews, Des mules et des hommes. Une enfance, un lieu, Folio, 2009)
"Les trente dernières années se ramènent à rien. C'est pire que ça. Elles constituent une régression sans précédent dans les domaines de l'innovation intellectuelle, de la lutte politique, de la moralité publique et des vertus privées. Juste avant de mourir, Fellini a confié ses dernières paroles à un personnage anonyme, invisible, de La Voix de la lune, son dernier film. On l'entend crier, dans la nuit, d'une voix où l'indignation le dispute à la colère : "Siamo un popolo di stronzi !" Après ça, le maestro, peu soucieux de s'attarder en pareille compagnie, s'est éclipsé." (Pierre Bergounioux, Back in the sixties, Verdier, 2003)
"L'effondrement de la syntaxe va de pair avec la fin du christianisme." (Richard Millet, L'Orient désert, Folio, 2009)
Truisme pour dissertation littéraire : tout lecteur est lecteur de soi-même...
Lendemain d'élections : je ne lis pas les journaux. La radio reste muette. J'écoute Crumb — Vox balænæ — et Lutoslawski — Trois poèmes d'Henri Michaux.
12:05 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (6)
dimanche, 14 mars 2010
Petite anthologie portative 58
quand le jour viendra
regarde qui s'efface
sur tes lèvres
chaque nom meurt
en silence
(Bernard Noël, "Nulle part ma voix" in La Chute des temps, Poésie/Gallimard, 1993)
00:06 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 11 mars 2010
Tristesse de l'hiver qui n'en finit pas
Rien d'euphorique dans la "rondeur" de ces jours de lassitude et d'ennui : ce ne sont que ressassements et ruminations, pensées moroses qui tournent comme le fourmilier captif dans son enclos, nez à terre, indifférent à tout ce qui l'entoure.
On ne sort guère. Il n'y a d'ailleurs que bien peu de choses à voir. Un pauvre cirque, stationné à l'entrée du bourg, avec un misérable chameau pelé, immobile dans la neige et le givre. Pas de nouvelles du monde, peu de courrier. Un prospectus pour un "apéritif poétique", organisé par quelque bas-bleu local dans le cadre du "Printemps des poètes". Le thème, cette année : "Couleur de femme". Le papillon est d'un jaune pisseux, démoralisant...
23:04 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (3)
dimanche, 21 février 2010
"Vers l'aveugle innocence où d'abord nous baignâmes"
Entre les pages 98 et 99 d'un exemplaire fatigué de Race des hommes, un bouton d'or cueilli il y a quarante-deux ans, dans un pré, au bord de la Jordanne.
22:01 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (3)