mercredi, 17 mars 2010
Ionesco à la supérette
À la caissière qui me réclame deux euros et quatre-vingt-dix-neuf centimes, je fais observer qu'il eût été plus simple d'arrondir le prix du produit à trois euros. Elle me rétorque : "Oui, mais j'étais trop jeune pour aller voter." Je me suis demandé toute la journée ce qu'elle avait bien pu vouloir dire...
23:40 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
Peut-être qu'elle aussi s'est demandée toute la journée ce qu'elle avait bien pu vouloir dire. Ou alors était-ce du langage codé d'agent secret...
"— Le colonel a toujours pensé à du bromure, a dit Riverola.
— Mais moi, je ne m'en souviens pas et je ne me repose pas, ai-je répondu.
— Eh bien, souvenez-vous que, eux, travaillent sans jamais faire la moindre pause avenue Morskaya.
— Parce que vos barrettes sont réversibles.
— Exact, a dit un Riverola souriant. Au revoir, cher ami. Faites un bon séjour à Lisbonne.
— J'entrerai en prenant mille précautions dans les échoppes de barbier, lui ai-je dit en essayant de le surprendre avec un mot de passe inventé.
— Et qu'Igor Smurov vous rase, m'a-t-il répondu après avoir un peu hésité.
— Ou mon père. Je l'accompagnais mesurer la distance qui sépare les pharmacies.
Avec ce nouveau mot de passe, j'ai réussi à le surprendre. Il est resté un instant sans voix.
[...]
J'ai songé à l'étrangeté de tout ce qui s'était passé et je me suis dit que la méfiance est l'essence même du langage des espions et que c'est peut-être pourquoi les conversations entre eux sont si absurdes et si hermétiques qu'elles ressemblent à des mots de passe."
(extrait d'"Étrange façon de vivre", du talentueux Enrique Vila-Matas, auteur également d'un "Abrégé d'histoire de la littérature portative")
Écrit par : Marsyas | jeudi, 18 mars 2010
Il n'est pas rare que les caissières aient bac+5 ou 6 désormais vu le progrès des études. Elles peuvent sonder l'âme gastronomique des clients, qui défile sur leurs petits tapis roulants à l'infini. Leurs avis peuvent sembler parfois des augures.
Écrit par : Lapinos | jeudi, 18 mars 2010
Voilà l'hôtesse de caisse promue au rang de sibylle, le cul — faute de trépied — sur son tabouret...
Écrit par : C.C. | jeudi, 18 mars 2010
2010 - 3 euros = 2007, elle doit avoir au maximum 21 ans. "il faudrait revenir à il y a trois ans." peut-être.
Écrit par : paul | vendredi, 19 mars 2010
Je suis comme vous, je n'ai pas trouvé d'explication. Quatre jours que je suis là dessus...!
Écrit par : RPH | dimanche, 21 mars 2010
Que la formule reste énigmatique !
Nous n'y perdrons pas notre arithmétique.
Écrit par : C.C. | dimanche, 21 mars 2010
Hypothèse : la caissière incriminait l'euro, responsable selon elle de ces prix non arrondis — du temps du franc les commerçants ne retiraient pas par malice un centime, mais cinq ou dix, et le pli n'était pas généralisé.
Conlusion : la caissière n'a pu voter en 1992 lors du référendum sur la ratification du Traité de Maastricht ; elle a donc moins de 36 ans, et ce sont les avantages physiques de cette relative jeunesse qui vont ont fait choisir sa caisse.
J'aurais fait de même.
Écrit par : planes | mercredi, 24 mars 2010
C'est évidemment l'hypothèse la plus satisfaisante — et un bel exemple de brachylogie. Je suis un peu honteux d'avouer que je n'ai pas cru mon hôtesse de caisse capable de formuler cela avec une telle économie de moyens... Quant aux avantages physiques que vous lui supposez, je suis au regret de vous dire qu'ils relèvent du pur fantasme !
Écrit par : C.C. | mercredi, 24 mars 2010
pour un bon test d'hypothèse : celle qui sera satisfaisante est celle dite hypothèse nulle (H0) on s'apprête à réfuter ce que l'on pense faux. sinon, la mienne si elle était vrai est désavantageuse, cela voudrait dire à la fois que vous articulez mal et que vous avez l'allure du vieux gauchiste à qui même une caissière peut se confier.
Écrit par : karl popper | mercredi, 24 mars 2010
Je ne comprends rien aux tests d'hypothèses, ni aux probabilités en général, ni à la psychologie des caissières. Et je le regrette sincèrement...
Écrit par : C.C. | jeudi, 25 mars 2010
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