Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 25 mars 2010

How The Dead Live

Entendu l'autre jour ce dialogue de comptoir, que la transcription écrite prive du sel que lui confère l'accent local :

"Et le Michel, comment qu'i' va ?
— Le Michel ?
— Ben, oui ! le Michel, ton gars...
— Oh ! ça va ben, ça fait quatre ans qu'il est mort !"

Commentaires

Et toi le constantin? Comment tu vas?
:-)

Écrit par : Marion | vendredi, 26 mars 2010

Là j'en reviens pas, Copronyme, toutes ces années de linguistique et vous ne pouvez pas reproduire phonétiquement un accent local ? C'est un problème d'oreille ou quoi ?

Écrit par : Lapinos | vendredi, 26 mars 2010

@ Marion : mieux, je l'espère, qu'un cadavre de quatre ans.
@ Lapinos : je me suis intéressé à la linguistique il y a quelques années, mais pas vraiment dans les domaines de la phonétique ou de la phonologie. Cela dit, il n'est pas besoin d'être expert pour comprendre intuitivement que la restitution écrite d'un parler, disons régional, est tout simplement impossible. Sans entrer dans des considérations de ton, de hauteur ou de modulation, il suffit de considérer le cas du /r/ apical ou "roulé", que le linguiste transcrit [r], indistinctement, qu'il soit prononcé par un Berrichon, un Nivernais ou un Languedocien — qui ne le réalisent évidemment pas de la même manière... Ce n'est donc pas une question "d'oreille". Et, toutes grandes que sont les vôtres (comme il sied à un cuniculaire), vous ne feriez pas mieux, j'imagine, que les écrivains régionalistes (horresco referens) qui ont voulu s'essayer à ce genre d'exercice, pour le pittoresque et la couleur locale !

Écrit par : C.C. | vendredi, 26 mars 2010

La véritable question qui se pose est de savoir ce que vous faisiez à ce comptoir...

Écrit par : RPH | samedi, 27 mars 2010

Me rappelle plus quel écrivain arrive assez bien à imiter les accents locaux. Albert Paraz ?
Quand le "r" est tl'ès loulé comme pal'ent cel'tains Afl'icains fl'ancophone, c'est plus facile vl'aiment ah oui !
Au fait pourquoi les paysans roulent les "r" ?

Écrit par : Lapinos | mardi, 30 mars 2010

Ce qui est curieux, ce n'est pas que les "paysans" (ou les provinciaux qui n'ont pas honte de leurs origines — cf. Colette, Henri Vincenot, par exemple) roulent les /r/. C'est que les citadins, à la suite des Parisiens, aient cessé de le faire. Et que cela se soit propagé. La prononciation actuelle du /r/ en français "standard" procède, à l'origine, de la conjugaison des modes de cour et des vulgarismes urbains. Ce qui était plus ou moins ridicule et condamné par les puristes est devenu la norme...

Écrit par : C.C. | mardi, 30 mars 2010

Maintenant que vous le dites, il y a un côté très "paysan" dans les bouquins de Colette, d'"organique" (Personnellement je fais peu de différence entre la femme et le paysan.)
Quand vous dites que les paysans prononcent mieux que les citadins, là je suis d'accord avec vous : la musique, le côté social de la langue sont mieux compris dans les civilisations rurales. Pourquoi la femelle Nitche préfère Dionysos à Jésus, parce que c'est un représentant de la culture bourgeoise, c'est-à-dire de la transposition des valeurs paysannes en ville. Le culte des mots de BHL, c'est celui du bourgeois gentilhomme ; Molière qui, pour le coup, n'est pas paysan pour un sou, avait très bien deviné ça.
La langue boche est chantante et on y roule les "r" pour mieux chanter. Ayant appris à lire à quelques gosses, j'ai remarqué qu'ils apprécient le "r".
Je ne sais plus si c'est dans Joël ou dans Samuel qu'il est écrit : "Le langage vous perdra" ; et Jésus insiste : "Ce qui sort de la bouche de l'homme souille l'homme." ; ça rejoint la manière de penser du savant ou de l'artiste, qui ne peuvent pas se permettre de jouer sur les mots et doivent se méfier en permanence du langage, susceptible d'altérer la réalité.

Écrit par : Lapinos | vendredi, 09 avril 2010

Jouer sur/avec les mots, cela peut ressortir à la puérilité ou à la démence aussi bien qu'à la subversion ou au mysticisme. La haute poésie se préoccupe moins d'images, de métaphores que d'exactitude — de l'adéquation du mot à la chose.

Écrit par : C.C. | lundi, 12 avril 2010

Les commentaires sont fermés.