lundi, 03 septembre 2012
Le grand style 21
"Quelles que soient les discussions que l'on peut entreprendre sur ce plan des nominations et des attributions — il serait d'ailleurs vain de chercher à épuiser les débats portant sur l'attribution légitime ou non de l'expression "art contemporain" à des œuvres spécifiques, dans un essai portant principalement sur la "réception" de ce moment de l'histoire des arts —, nous sommes obligé de demander au lecteur d'admettre, provisoirement, et en relation avec d'autres travaux, que par l'expression "art contemporain" nous entendons désigner, sans référence à une essence unifiante, une diversité de pratiques et de projets fortement animés par une volonté d'activer au maximum le champ des arts en lui donnant des moyens d'exploration par-delà les limites de la mise en cause de l'évidence de l'art ; structurés par la volonté de dépasser les bornes imposées par l'ancienne sociabilité esthétique, autrement dit une diversité de pratiques et de projets déployés autour de la critique du "spectacle" de l'art, des consentements esthétiques institués, grâce à l'instauration d'une interférence entre spectateurs." (Christian Ruby, Les Résistances à l'art contemporain, Bruxelles, Labor, 2002, p. 18)
"Et, si dieu vouloyt, ainsy parlerions nous du cul..."
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mercredi, 22 août 2012
Sologne bourbonnaise
Les herbes folles ont envahi le jardin, où rôde, famélique, la chatte abandonnée à son sort par le dernier locataire. Le poirier centenaire donnera, cette année encore, quelques panerées de poires d'étranguillon à la peau rèche, au cœur grumeleux — seul fruitier survivant du verger saccagé. Pruniers, cognassiers, griottiers, pêchers de vigne ont disparu. Aux pampres de la treille malade, ne pendent que de pauvres grappes aux grumes ratatinées, desséchées par le black-rot.
Dans la gueule cariée du vieux puits, une somptueuse épeire fasciée a tissé sa toile, signée d'un zigzag de soie blanche.
21:41 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 07 août 2012
Sous l'invocation de saint Jérôme
Sur l'étiquette d'un sachet de maté :
"Plante originaire d'Amérique du Sud.
Idéal le matin.
This plant comes from South America.
Excellent in the evening."
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lundi, 06 août 2012
C comme...
Carpistes
Cavaliers
Caravaniers
Campeurs
Camping-caristes
Cyclistes
Congés payés
Copains d'avant...
La belle France.
20:56 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (2)
mercredi, 01 août 2012
Géorgique d'été 3
Belles journées caniculaires. Un vent brûlant passe sur les éteules et les prés torréfiés.
Visite aux enfants, dans leur hameau perdu. Dès la fin de la matinée, les moutons, accablés de chaleur, groument à l'ombre parcimonieuse d'un pommier. Il faut dépouiller de leur toison les trois brebis qui avaient échappé à la tonte printanière — car les brebis se tondent en mai, comme l'attestent tous les bons auteurs. Par exemple le sieur Louis Liger, dans son Dictionnaire pratique du bon ménager de campagne et de ville de 1715 ; lequel précise toutefois que, selon Varron, "il y a des pays où les Brebis qui ont la Toison rude sont tonduës dans le tems qu'on fauche les prez ou lorsqu'on moissonne l'orge". Allons, nous ne sommes peut-être pas trop en retard...
L'après-midi, tout dort. Les chiens allongés dans leur niche, Mistinguett dans le couloir frais avec ses trois chatons.
Ayant regagné nos moins rustiques pénates, assis dans le jardin, nous regardons le soir tomber sur nos genoux, en buvant une grande bière, agrémentée d'un doigt de "Cynar".
18:48 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 29 juillet 2012
Bouquins 2
La tata est morte. Les neveux se débarrassent de la bibliothèque, les bouquins accumulés au fil des ans s'entassent en vrac dans l'arrière-boutique du brocanteur.
Sauvons-en quelques-uns :
Les Quatre Livres de la sagesse chinoise, Club des Libraires de France, 1956.
Sagesse de la Bible, Club des Libraires de France, 1958.
Aristophane, Les Cavaliers. La Paix, Club du Meilleur Livre, 1961.
Saint Augustin, Confessions, Club du Meilleur Livre, 1961.
Eugenio Battisti, La Renaissance à son apogée et le premier maniérisme, Paris, Albin Michel, 1977.
Félicien Challaye, Les Principes généraux de la science et de la morale, Paris, Fernand Nathan, 1934.
O. Costa de Beauregard, Le Second Principe de la science du temps, Paris, Seuil, 1963.
Pierre-Jakez Hélias, Le Cheval d'orgueil, Paris, Plon, 1975.
Franz Kafka, Journal intime, éd. Pierre Klossovski [sic], Paris, Grasset, 1945.
Lautréamont, Les Chants de Maldoror. Poésies, Livre Club du Libraire, 1958.
Victor Margueritte, La Patrie humaine, Paris, Flammarion, 1931.
Montaigne, Essais, éd. Pierre Michel, vol. IV et V, Club du Meilleur Livre, 1957.
Abbé Th. Moreux, Pour comprendre Einstein, Paris, Doin, 1922.
Princesse Bibesco, La Vie d'une amitié — Ma correspondance avec l'abbé Mugnier, 3 vol., Paris, Plon, 1951, 1955, 1957.
Jean Paris, James Joyce par lui-même, Paris, Seuil, 1957.
Maurice Pons, Douce-amère, Paris, Denoël, 1985.
Fulvio Roiter-Pierre Jacquet, Ombrie, terre de saint François, Lausanne, La Guilde du Livre, 1955.
Romain Rolland, Les Précurseurs, Paris, Albin Michel, s.d.
Saint-John Perse, Œuvre poétique, Paris, Gallimard, 1953.
Rabindranath Tagore, La Corbeille de fruits, Gallimard, 1952.
Talleyrand, Mémoires, 2 vol., Paris, Plon, 1957.
Teilhard de Chardin, La Place de l'Homme dans la nature, Paris, Seuil, 1956.
Teilhard de Chardin, L'Avenir de l'Homme, Paris, Seuil, 1959.
Teilhard de Chardin, Genèse d'une pensée. Lettres (1914-1919), Paris, Grasset, 1962.
La plupart en excellent état, bonnes reliures, très beau Maldoror ; un exemplaire non coupé (lettres de Teilhard de Chardin).
Vingt-huit volumes. Neuf euros !
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samedi, 28 juillet 2012
Hasard objectif ? 2
Feuilletant ce matin Bouquiner, l'autobibliographie d'Annie François (Seuil, Points, 2012), je relève au passage — car il n'est pas si fréquent de le voir cité — cette allusion à un écrivain "notoirement méconnu" : "On avait oublié que Maurice Pons avait reçu le Grand Prix de l'Académie française".
Une heure ou deux plus tard, fouinant chez le brocanteur parmi des brouettées de livres entassés au hasard sur des rayonnages précaires, je déniche un bel exemplaire d'un recueil de nouvelles dudit Pons, dont je ne connaissais guère que les Virginales.
Faute d'avoir gagné la gloire littéraire, les écrivains mineurs, les auteurs pour happy few, bénéficient ainsi d'éphémères résurrections, avant de retourner à l'oubli, où les rejoignent bientôt leurs lecteurs anonymes...
00:42 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (0)
Carte postale
... de Lorraine, où il faisait, ces jours derniers, très chaud.
Mainvillers — Maiwilla — se proclame fièrement "premier village de langue francique". Plus à l'est, petits bourgs frontaliers, lourdes villas déclinant toute une gamme de couleurs pâtissières : vanille, pistache, caramel. On pense à de vieilles dames obèses, habillées en poupées pour jouer à la dînette.
Plus au sud, on peut voir, dans les prés fraîchement fauchés, des cigognes déambuler dans les andains. Au sommet du rocher de Dabo, dans la chapelle dédiée à Léon IX, une vierge exophtalmique vous glace de son œil turquoise.
00:10 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 26 juillet 2012
"Mammelles, quoy ! toutes retraictes..."
Jeunes seins — sympathiques.
Vieux seins — seins pathétiques...
— Ptose toujours, tu m'intéresses.
23:45 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 10 juillet 2012
"And what is the use of a book, thought Alice, without pictures or conversations ?"
Ce qui fait l'intérêt d'un roman dit, faute de mieux, "policier" (il vaudrait mieux parler de polar), ce sont tous les détails, les références ou allusions susceptibles d'établir une connivence culturelle avec le "lecteur modèle" — tout ce que l'amateur de detective novels négligera, parce que, croit-il, cela n'aide en rien à la résolution de l'intrigue ; de même que le joueur de scrabble ou le cruciverbiste se moque, la plupart du temps, du sens des mots qu'il s'évertue à loger dans une grille. Ces références ressortissent essentiellement à trois domaines — Bakhtine dirait "séries" — thématiques : la littérature (constat de l'ordre du truisme), la musique, la nourriture et la boisson. Si la qualité proprement littéraire du roman ne tient pas seulement à la présence, dans le texte, de tels éléments, du moins en sont-ils, la plupart du temps, d'assez sûrs indices.
Exemples dans Le Léopard, de Jo Nesbø (Folio Policier 659, 2012) :
"Elle prit la cigarette à demi consumée posée au bord du cendrier et reprit son livre. Il lut le titre. Ham on Rye. Charles... Il plissa les yeux. Bukowski ? Comme le commissaire priseur ?" (p. 458)
"Ils écoutèrent Joy Division. Transmission. Ian Curtis. Øystein avait toujours aimé les chanteurs morts jeunes." (p. 497)
"Ce jour-là, Schrøder proposait de la pyttipanna servie avec des œufs miroir et de l'oignon cru." (p. 321)
Pour la boisson, on n'a que l'embarras du choix. Il est vrai que l'inspecteur Harry Hole boit — et vomit — bien plus souvent qu'il ne mange.
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