lundi, 21 novembre 2011
Perché leggere i classici 5
Feuilleter les petits essais littéraires de José Cabanis est un plaisir de choix : finesse de l'analyse, élégance d'une langue toute classique, voilà un "suffisant lecteur" qui nous persuade, en quelques paragraphes prestement troussés, que l'on aurait tort de bouder les valeurs sûres du Lagarde et Michard. Auteur pour happy few, Cabanis ignore superbement le goût du jour et le prêt à penser ; ses exercices d'admiration sont d'un dilettante qui, sachant que "pour parler de ce qu'on aime passionnément, on risque toujours de prendre un ton trop haut", ne répugne pas à l'anecdote, au "style naturel" de la causerie familière. Les deux minces volumes de Plaisir et lectures (Gallimard, 1964 et 1968) offrent à chaque page de ces "bonheurs d'écriture" qui sont, dit-il, avec la manière, la marque de l'écrivain véritable. Et il y a parfois, aussi, une vigueur d'expression qui ne laisse pas d'être réjouissante : "Toute foi mise à part, on mesure [...] combien il est dommage, pour la plupart des auteurs d'aujourd'hui, qu'à leurs yeux Dieu n'existe pas, et de quel beau thème littéraire ils se sont privés. Je sais bien qu'ils ont remplacé Dieu par le cul. Mais j'ai le sentiment qu'auprès de Dieu, le cul ne fait pas le poids." ("Maturin", Plaisir et lectures, vol. 2, p. 88)
22:38 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Bien vrai. Et dans le premier volume page 240, je me délecte encore de:
Et Chateaubriand quand il évoque Ninon de Lenclos:"Ninon dévorée du temps, n'avait plus que quelques os entrelacées."
Ce n'est pas de Zola que date le réalisme, mais avant Zola on savait écrire."
Hommage et vacherie dans la même phrase.
Écrit par : brindamour | mercredi, 23 novembre 2011
Les commentaires sont fermés.