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mercredi, 02 novembre 2005

Digitus Dei

Dans le même numéro du pieux organe (La Croix, 1er-2 nov. 1885), commentaire autour de la catastrophe des carrières de Chancelade, en Dordogne, survenue le dimanche précédent et présentée comme un châtiment divin :

"L'église était déserte le dimanche. On vivait ce jour-là dans les catacombes, non pour y prier, mais pour travailler, de là au cabaret."
Conclusion de l'article : "Digitus Dei est hic — ce qui le prouve, c'est cet effondrement général. Quand le bon Dieu n'a plus voulu laisser germer la vigne dont on a tant abusé, il a envoyé le phylloxera — Quand il n'a plus voulu de carrières à Chancelade, il les a comblées — Il a fallu moins d'une minute — Les ingénieurs en avaient répondu — Dieu a dit : Je suis plus fort que vous !"

Cent vingt ans plus tard, si l'on en croit le quotidien catholique (2 nov. 2005), Sarkozy déclare qu'il "aimerait être invité à Lourdes par les évêques". On n'est jamais trop prudent...

 

 

Trépassés 5

Dans La Croix datée dimanche 1er-lundi 2 novembre 1885 :

"Aujourd'hui tous ceux qui sont morts dans la grâce de Dieu, depuis le commencement du monde, célèbrent leur fête au ciel et nous invitent à grossir leurs rangs.
On médite pendant toute la semaine cette parole : Bienheureux ceux qui pleurent, bienheureux ceux qui n'ont pas leur consolation en ce monde, car ils seront consolés au ciel. C'est le problème social tout entier."

A small, good thing 2

"Tu devrais jeter ce caleçon, dit-elle, il va bientôt tomber en lambeaux.
— J'aime la douceur qu'ils ont quand on les a portés longtemps."

(Paula Fox, Personnages désespérés, Joëlle Losfeld, 2005)

C'est peut-être ça, le bonheur...

mardi, 01 novembre 2005

Petite anthologie portative 11

Caw caw caw crows shriek in the white sun over grave stones in Long Island
Lord lord Lord Naomi underneath this grass my halflife and my own as hers
caw caw my eye be buried in the same ground where I stand in Angel
Lord lord great Eye that stares on All and moves in a black cloud
caw caw strange cry of Beings flung up into sky over the waving trees
Lord Lord O Grinder of giant Beyonds my voice in a boundless field in Sheol
Caw caw the call of Time rent out of foot and wing an instant in the universe
Lord Lord an echo in the sky the wind through ragged leaves the roar of memory
caw caw all years my birth a dream caw caw
New York the bus the broken shoe the vast highschool caw caw all Visions of the Lord
Lord Lord Lord caw caw caw Lord Lord Lord caw caw caw Lord

(Allen Ginsberg, "Kaddish", V, Paris-New York, 1957-1959)

Sauvés !

Sur le site de Libé :

"Grippe aviaire : Bush a un plan" 

Tous les espoirs sont permis !

 

Louons maintenant les grands hommes

Toujours sur les sites de journaux en ligne, et sur le thème "Nous irons tous au paradis" :

"Le pape appelle à ne pas craindre la mort

[...] le Père accueille tous ses fils "de toute nation, race, peuple et langue" comme nous pouvons lire dans le livre de l'Apocalypse..."

On lit sur la même page :

"Irak : un enfant d'une dizaine d'années s'est fait exploser ce matin contre le convoi d'une chef de la police."

Plutôt que l'Apocalypse (5:9), on pourrait invoquer ici Matthieu 11:15 'Que celui qui a des oreilles pour entendre entende" ou 19:14 : "Laissez venir à moi les petits enfants et ne les en empêchez pas."

Politique 4

Sur le site du journal La Croix, ceci :

"Le ministre Azouz Begag suscite l'ire des sarkozistes :
[...]
Yves Jégo (UMP, Seine-et-Marne) a souhaité que Dominique de Villepin rappelle Azouz Begag à l'ordre. Pierre Cardo (UMP, Yvelines) lui a demandé de remettre l'église au milieu du village".

Le pronom anaphorique de la dernière phrase est fâcheusement amphibologique : on suppose que c'est à Dominique de Villepin que M. Cardo à demandé de "remettre l'église au milieu du village", et non à Azouz Begag !

Dans le même article, on rapporte également une intervention d'un député du Cantal. Les vachers ivres de gentiane incendient-ils les tracteurs Cournil dans les banlieues de Salers ?

lundi, 31 octobre 2005

Trépassés 4

"Non so raffigurarmi i campi eterni"

"Je ne puis imaginer les campagnes éternelles

Je pense qu'alors nous dormirons côte à côte
dans la tombe, et si même là les rêves
me tourmentent, je tendrai ma main
pour toucher ta main : elle sera froide
comme la pierre et froid sera ton visage
immobile et tu ne me répondras pas"

(Lalla Romano, La Bocca arida, 1974 — trad. Philippe Giraudon, Orphée/La Différence, 1994)

Le Chameau et les Bâtons flottants

L'amitié procède souvent d'une sorte de myopie du cœur et de l'esprit. Le temps et l'expérience corrigent généralement ce défaut d'appréciation. Ou le changement de perspective :

"De loin, c'est quelque chose ; et de près, ce n'est rien."

Trépassés 3

Musique de circonstances et de saison : on pourra écouter cette semaine, à défaut de Michel Polnareff, les requiem de Johannes Ockeghem, Jean Richafort ("In memoriam Josquin Desprez"), Théodore Gouvy ou Paul Hindemith ("Denen, die wir lienen" d'après le texte de Walt Whitman en hommage à Lincoln When lilacs last in the dooryard bloom'd).
Ou encore le Dona eis de Pascal Dusapin.