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dimanche, 28 mai 2006

Le sens de la formule 2

La lecture de Chuck Palahniuk est un bonheur constant. Ce "grand macabre", imprévisible héritier de Jarry (je pense à l'auteur du Surmâle, "roman moderne"), a indiscutablement du style et le sens de la formule. Ceci, par exemple, dans Berceuse : "Un mètre soixante-cinq. Cinquante-trois kilos. Difficile de lui donner un âge. Elle est d'une minceur telle qu'elle doit être, ou bien riche, ou bien en train de mourir. La matière de son tailleur, c'est une sorte de tissu pour canapé qui bouloche, gansé d'une tresse blanche. Il est rose, mais pas rose crevette. La couleur rappelle plus celle d'un pâté à la crevette servi sur canapé avec brin de persil et belle cuillerée de caviar. La coupe en est cintrée à la taille, très près du corps, avec épaulettes bien carrées. La jupe est courte et moulante. Les boutons dorés, énorme. Elle porte des vêtements de poupée." (Berceuse, trad. Freddy Michalski, Folio-policier 412, 2006)
Et des pensées si évidentes et banales qu'elles s'imposent avec la brutalité d'épiphanies : "Avez-vous conscience du fait que tout ce que vous pouvez entreprendre dans le cours de votre existence sera sans signification aucune dans cent ans d'ici ?" On trouve à peu près la même chose dans Kafka sur le rivage. Ce n'est pas franchement optimiste... Mais avons nous la moindre raison de l'être ?

Commentaires

"Avez-vous conscience du fait que tout ce que vous pouvez entreprendre dans le cours de votre existence sera sans signification aucune dans cent ans d'ici ?"
Ca c'est bien vrai.. Quelques-uns cependant font la tentative d'essayer de survivre et y parviennent...

Écrit par : RPH | dimanche, 28 mai 2006

On se survit et c'est déjà bien assez épuisant.

Écrit par : raskolnikov | dimanche, 28 mai 2006

Le tout est de ne pas arriver à "Avez-vous conscience du fait que tout ce que vous pouvez entreprendre dans le cours de votre existence est sans signification."

Écrit par : Patrice | lundi, 29 mai 2006

Ce qu'écrit Patrice est nettement plus juste que la phrase originale qui à mon sens, ne signifiait pas grand chose. Car en fait, quelle étrange idée que de se demander si un acte présent aura une répercussion dans cent ans.
Et d'ailleurs, paradoxe pour paradoxe, se poser la question, n'est-ce pas le meilleur moyen de manque l'instant présent et dont d'empêcher sa possible éternité ?

Écrit par : Etain | lundi, 29 mai 2006

La formule de Palahniuk — qui nous ramène au fond au constat désabusé de l'Ecclésiaste : "vanité des vanités..." — n'est pas contradictoire avec la philosophie du "carpe diem". La conscience de notre insignifiance au regard de l'éternité — ou simplement du temps qui passe — ne peut que nous inciter à "jouir loyalement de notre être", selon les termes de Montaigne. Je crois avoir relevé, l'autre jour, ce passage de "Berceuse" parce que j'avais eu à subir, peu de temps auparavant, le verbiage imbécile d'une bréhaigne assurée que ses déjections universitaires lui survivront. J'y vois surtout un rappel à l'humilité...

Écrit par : C.C. | mardi, 30 mai 2006

Ma préférée dans l'Ecclesiaste : Ecrire des livres fatigue l'esprit. C'est beau comme du Beckett !
Quant à cette question du temps, quitte à passer pour un cuistre, je ne peux que recommander la lecture des dernières pages de la Recherche, ce sublime mouvement symphonique.

D'ailleurs saviez-vous que selon certains exégètes juifs, les livres de L'Ecclesiaste et le Cantique des Cantiques ne devraient pas être dans la Thorah ?

Écrit par : Etain | mardi, 30 mai 2006

1) ... Beau comme du Beckett, ou comme du Cesare Pavese : "Lavorare stanca" — "Travailler fatigue" : "Est-ce la peine d'être seul pour être toujours plus seul ?"
2) Aucune cuistrerie à évoquer la "Recherche" ! Il est vrai qu'un lectorat nourri de Nothomb ou de Coelho pourrait considérer cela — à juste titre — comme hors de sa portée...
3) Peut-être faut-il distinguer Torah (ou Pentateuque) et canon hébreu ?

Écrit par : C.C. | mardi, 30 mai 2006

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