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lundi, 29 septembre 2008

"Et l'on guérit tout, tout, tout, en mangeant des roudoudous"

Un journaliste de L’Express, qui demandait à un proche de Ségolène Royal si celle-ci, dans sa façon de s'adresser à la foule, avait pu être "influencée par le style d’Obama", s’est entendu répondre : "Non, regardez bien Obama : c'est lui qui s'est inspiré de la façon dont Royal fait de la politique." La question, aussi, était bien oiseuse, tant il paraît évident que si l’ex-candidate à la présidence a une dette en matière de jeu de scène, ce ne peut être qu’à l’endroit de Chantal Goya...

samedi, 27 septembre 2008

Cornettes et sonneries 5

Le jour, le plâtrier-peintre nécrophile encolle les murs. La nuit ...

vendredi, 26 septembre 2008

Péd(ém)agogues

Nous avons eu naguère Duneton et son Anti-manuel de français, le fringant Pennac et "les droits imprescriptibles du lecteur" ; on nous annonce maintenant un Antimanuel de littérature signé Bégaudeau… Pseudo-rebelles et marchands d’orviétan pédagogique font leurs choux gras de l’interminable naufrage de notre système scolaire. Médecins Tant-pis ou médecins Tant-mieux, la justesse de leur diagnostic ou l’efficacité de leurs prescriptions leur importent moins, au fond, que le montant de leurs honoraires.

mardi, 23 septembre 2008

Terroir

Ce week-end, chapitre de la Confrérie des Saveurs du Pays Charolais, à Gueugnon, en Saône-et-Loire — mon "pays de vache", selon la formule rabelaisienne. Il faut évidemment participer à ce genre de manifestation sans chercher à jouer les habiles et prendre tout cela au premier degré, ne pas bouder son plaisir. On goûte une viande merveilleuse, de très honorables petits bourgognes, on retrouve ses racines, la chaleur et l’accent du terroir, toutes choses qui méritent mieux que ces ridicules récupérations folkloriques qui sévissent aujourd’hui un peu partout, étranges combinaisons de kitsch, de niaiserie et de roublardise commerciale.

mercredi, 17 septembre 2008

No TV

L’été s’éloigne à petites journées, les matinées sont fraîches, le temps s’écoule avec des lenteurs de clepsydre — "Onde ides a correr, melancolias ?" Plus jeune, j’eusse rouvert Pessanha, ce cousin de Laforgue et de Toulet :

"Abortos que pendeis as frontes cor de cidra,
Tão graves de cismar, nos bocais dos museus,
E escutando o correr de água na clepsidra..."

Aujourd’hui, je serai allé, plus prosaïquement, acheter le pain à pied pour profiter un peu du soleil timide ; j’aurai bu un verre de rosé en devisant de l’état du monde avec trois vieux copains, avant de passer prendre à "La Grande Presse" une commande de livres. Amis inconnus, aussi idéaux que les fantoches qui traversent les fictions, pourtant si proches, si familiers : Jim Harrison (Lettres à Essenine), Richard Millet (qui n’aime guère, d’ailleurs, le précédent — ou du moins le juge surfait : Désenchantement de la littérature, Le Chant des adolescentes), Larry Brown, Jean Clair et l’incomparable Guido Ceronetti (Une poignée d’apparences)… Bonheur anticipé de la lecture du soir, bonheur avare et enfantin, à savourer égoïstement, dans le silence de la nuit froidureuse.

Pas plus que les autres soirs, je n’allumerai la télévision. Ce soir, sur Arte, on peut voir un documentaire intitulé Du Reich à la Terre promise : "De la Nuit de cristal en 1938 à la naissance d'Israël en 1948, la longue errance de milliers de jeunes juifs germano-polonais… "
On peut préférer lire La Barbarie ordinaire...

mercredi, 10 septembre 2008

La vieille dame et le crocodile

"Je veux bien aller à la guerre, mais pas qu'on me tire dessus !"

J'écrirai peut-être prochainement une note intitulée : "Oui, mais si je trouve une nouille, je paye pas !"

dimanche, 07 septembre 2008

Petite anthologie portative 48

jardin de nuit

le feuillage
on l'entend contre le volet

il gratte
comme s'il voulait entrer

l'été veut en finir
avec l'été

(Jean-Luc Sarré, La Chambre, Flammarion, 1986)

jeudi, 04 septembre 2008

On ne badine pas avec l'humour

J’ai résilié ces dernières semaines une demi-douzaine d’abonnements à des revues que je ne lisais pas ou dont la lecture m’était devenue insupportable, au nombre desquelles Le Magazine littéraire, tombé dans une consternante médiocrité depuis qu’il ouvre largement ses pages aux universitaires. Le numéro de l’été, consacré à l’humour, offre ainsi un édifiant échantillonnage d’articles torchonnés ou d’une indigence honteuse. Précisons, même si ceci n’excuse pas cela, que "le choix des écrivains" interrogés sur la question n’est pas non plus de nature à susciter l’enthousiasme ou à piquer la curiosité du lecteur tant soit peu cultivé… Il est d’ailleurs assez navrant de constater que — à l’exception d’Alain Finkielkraut, qui analyse avec beaucoup de pertinence la dégradation actuelle de l’humour en dérision ricanante — tous ces beaux esprits pataugent la plupart du temps hors du sujet. Difficile de parler de ce dont on est dépourvu…

lundi, 01 septembre 2008

Perché leggere i classici 4

Ce que nous propose la "rentrée littéraire" rend superflu tout discours sur la question...

samedi, 30 août 2008

"Tho we gotta say goodbye for the summer"

 

En aurais-je menti ? Nous voici déjà au pénultième jour du mois et je n’ai pas repris mon blog — reprise annoncée pour le courant d’août… Il faut donc faire vite, et voilà qu’en plus Littré me contrarie. J’apprends qu’il "n'est pas tout à fait indifférent de dire […] le courant ou le cours. D'abord cours est d'un style plus relevé que courant. Puis on dira : il est survenu de grands événements dans le cours de cette année, et non dans le courant. Le courant se rapporte plus à l'espace de temps considéré comme s'écoulant ; et le cours à l'espace de temps considéré comme un tout." Sans doute eût-il mieux valu que j’écrivisse cours plutôt que courant. Si j’ai bien compris… Mais, après plusieurs semaines de vacances oisives, familiales, prosaïques et parfaitement béotiennes, je n’ai pas la tête aux vétilleries sémantiques. Ni étymologiques : il me semble que les vacances ont quelque chose à voir avec la vacuité… Pas de musique, donc, peu de lectures — et fort oubliables, à l’exception de quelques réjouissantes chroniques de David Foster Wallace (Un truc soi-disant super auquel on ne me reprendra pas, Au Diable Vauvert, 2005). Rare bonheur que de se laisser aller au farniente, à des plaisirs futiles, à des jeux un peu bêtes, à des enfantillages en quoi nous voudrions retrouver quelque chose d’une innocence et d’une spontanéité depuis longtemps perdues… Je n’avouerai jamais, naturellement, que j’ai fait des châteaux de sable avec mes petits-enfants, mais je me réfugierai une fois encore, en manière d’excuse, derrière Montaigne évoquant la naïveté de Scipion : "… il n'est rien qui lui donne plus de grâce que de le voir nonchalamment et puérilement baguenaudant à amasser et choisir des coquilles, et jouer à cornichon-va-devant le long de la marine."