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mercredi, 17 septembre 2008

No TV

L’été s’éloigne à petites journées, les matinées sont fraîches, le temps s’écoule avec des lenteurs de clepsydre — "Onde ides a correr, melancolias ?" Plus jeune, j’eusse rouvert Pessanha, ce cousin de Laforgue et de Toulet :

"Abortos que pendeis as frontes cor de cidra,
Tão graves de cismar, nos bocais dos museus,
E escutando o correr de água na clepsidra..."

Aujourd’hui, je serai allé, plus prosaïquement, acheter le pain à pied pour profiter un peu du soleil timide ; j’aurai bu un verre de rosé en devisant de l’état du monde avec trois vieux copains, avant de passer prendre à "La Grande Presse" une commande de livres. Amis inconnus, aussi idéaux que les fantoches qui traversent les fictions, pourtant si proches, si familiers : Jim Harrison (Lettres à Essenine), Richard Millet (qui n’aime guère, d’ailleurs, le précédent — ou du moins le juge surfait : Désenchantement de la littérature, Le Chant des adolescentes), Larry Brown, Jean Clair et l’incomparable Guido Ceronetti (Une poignée d’apparences)… Bonheur anticipé de la lecture du soir, bonheur avare et enfantin, à savourer égoïstement, dans le silence de la nuit froidureuse.

Pas plus que les autres soirs, je n’allumerai la télévision. Ce soir, sur Arte, on peut voir un documentaire intitulé Du Reich à la Terre promise : "De la Nuit de cristal en 1938 à la naissance d'Israël en 1948, la longue errance de milliers de jeunes juifs germano-polonais… "
On peut préférer lire La Barbarie ordinaire...

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