jeudi, 05 juin 2008
Confucéisme
à la radio, l’autre jour, un délégué syndical de l’usine Bosch de Beauvais, après s’être déclaré opposé à une solution conduisant à "une pérennité à court terme", exprimait son scepticisme — "vu comment que le vote s'est déroulé" — quant à l’issue des négociations en cours : "La direction de Bosch, ils vont pas se lancer comme ça, tête-bêche."
Scepticisme qu’on peut croire fondé : "Si le langage n’est pas adéquat, les choses ne peuvent être menées à bien", disait Confucius. En chinois, naturellement.
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samedi, 31 mai 2008
Une petite fille blonde dans un imperméable bleu foncé
Pluie d’orage. Tango de Copenhague. Quelques pages de Carus. À première lecture, on comprend mal que quignard, en dépit de l’insuccès d’une première édition, ait tenu, quelque dix ans plus tard, à reprendre pour une nouvelle publication ce livre moins déconcertant qu’imparfait, baroque — au sens ancien du mot —, tout juste bon à susciter la curiosité qu’on réserve aux juvenilia. Bavardage, préciosités d’expression à la limite du ridicule, contorsions rhétoriques — oh ! ces chapelets scabreux de complétives orphelines préférées à la fluence du discours indirect libre ! —, personnages plats, aussi insignifiants que leurs propos… tout cela est de nature à décourager le lecteur impatient. Et pourtant : relisons le texte qu’un feuillettement préalable aura vanné de sa balle et de ses bourriers. On s’avise alors que c’est, sinon du meilleur, du moins, déjà, du très bon Quignard, avec ses hantises, ses prurits métaphysiques, ses délicates épiphanies, ses succulents prosaïsmes, sa manière…
"Je vis une petite fille blonde dans un imperméable bleu foncé. Elle était debout sur le seuil de la porte cochère. Ses yeux étaient fermés, le buste oscillant de droite à gauche, elle tenait dans ses mains une poupée sale, au visage effacé, aux cheveux paraissant immenses, ils tombaient à terre."
La pluie a cessé. Tango Orkestret joue "Miloncólico". Je bois, avant le dîner, un peu de bonnezeaux 1986.
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Lux obtenebrescet...
D.A. nous a quittés.
De certains, on dit justement qu’ils s’éteignent. Avec eux, c’est un peu de lumière qui s’en va. Les ilotes aux yeux sillés marmonnent dans les ténèbres.
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samedi, 24 mai 2008
Le goût des autres 2
Avant d’être président de la République, j’ai fait deux, trois trucs, dont aller vous écouter, a […] lancé le président à la chanteuse." (Libération du 22 mai)
Écouter Céline Dion, c’est tout de même moins ringard que de lire La Princesse de Clèves.
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samedi, 17 mai 2008
Nouvelle en trois lignes
10:50 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (3)
mercredi, 07 mai 2008
Sainte Domitille
17:00 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (4)
mardi, 06 mai 2008
Paysage audiovisuel
Waterloo, morne plaine...
22:42 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 25 avril 2008
Chemin faisant
08:54 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (3)
Lentilles vert émeraude
"Parce qu'à orthographier le mot est difficile" ?
08:22 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (1)
jeudi, 17 avril 2008
La conversation souveraine
parcouru trop vite, trop distraitement et — en dépit de sa minceur — abandonné avant la fin, le Rimbaud de Pierre michon ne m’a guère laissé que l’impression — sans doute injuste — d’un exercice de style assez vain. À ces pages un peu trop bien écrites, on peut préférer l’hommage, animé d’une ferveur presque brutale, que rené char rend à Rimbaud dans ses Grands astreignants — hommage à "Rimbaud le Poète", est-il précisé, plutôt qu’à Rimbaud le fils, "R. le Voyant, R. le Voyou, etc." :
"L’action de la justice est éteinte là où brûle, où se tient la poésie, où s’est réchauffé quelques soirs le poète. Qu’il se trouve un vaillant professeur pour assez comiquement se repentir, à quarante ans, d’avoir avec trop de véhémence admiré, dans la vingtième année de son âge, l’auteur des Illuminations, et nous restituer son bonheur ancien mêlé à son regret présent, sous l’aspect rosâtre de deux épais volumes définitifs d’archives, ce labeur de ramassage n’ajoute pas deux gouttes de pluie à l’ondée, deux pelures d’orange de plus au rayon de soleil qui gouverne nos lectures. Nous obéissons librement au pouvoir des poèmes et nous les aimons par force. Cette dualité nous procure anxiété, orgueil et joie."
Feuilleter Char à la veillée est un plaisir de choix.
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