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vendredi, 16 février 2007

Cynégétique 10

Il n'y a pas, dans les Combrailles, de gorilles dans la brume. Mais des chevaux dans le brouillard, parfois, et parfois des chasseurs. Il était inévitable que l'un de ceux-ci finît par abattre l'un de ceux-là.

lundi, 12 février 2007

Météo 19

Vent qu'il serait euphémique de qualifier de fripon ; berger ivre affolant un troupeau de nuages obèses comme les moutons de Norstralie. Peu d'enthousiasme pour le travail. Je feuillette, en écoutant distraitement France Musique, une anthologie des philosophes présocratiques. "Si Dieu n'avait pas créé le miel brun, dit Xénophane de Colophon, les hommes trouveraient les figues beaucoup plus douces qu'ils ne font."

dimanche, 11 février 2007

Plus ça change...

"Avant tout donc, il faut aujourd'hui à la démocratie française un programme. Le but défini, la phraséologie cessera, les questions se préciseront et s'ordonneront, on verra clair dans les directions à suivre, dans les moyens à employer. Si ce programme existait, aucun des partis qui prennent la démocratie pour devise n'eût absorbé la question politique dans l'incident électoral."
Un certain Émile Acollas écrivait cela en... 1869. Toute ressemblance avec notre actualité politique serait purement fortuite.

samedi, 10 février 2007

Gauloises bleues

Hasard objectif et funèbre : j'évoquais l'autre jour les Gauloises bleues. On apprend ce matin la mort de Michel Cournot.

Oxymore

"dans sa forme la plus générale, l’oxymore établit une relation de contradiction entre deux termes qui dépendent l’un de l’autre." (georges Molinié, Dictionnaire de rhétorique)
Exemple, dans Le Nouvel Observateur de cette semaine : "intellos ségolénistes"
"Variété la plus corsée de caractérisation non pertinente, l’oxymore, précise Molinié, ne doit pas être confondu avec le problème de l’évocation d’un objet du monde aberrant."

dimanche, 04 février 2007

Les plaisirs du dimanche 3

Il reste encore un peu de neige sale sur les trottoirs. Passent des veuves qui vont au cimetière, pensives. Des retraités, par couples, se promènent avec l'obstination prudente d'insectes frileux.

samedi, 03 février 2007

Ghost Busters

Je reçois de la Société Française d'Étude du Seizième Siècle une invitation à une conférence sur le thème : "Que reste-t-il de Louise Labé ?"
Bien sûr, je n’irai pas, puisque l’on connaît déjà la réponse — et que je n’ai pas envie de l’entendre : de la belle "Lionnoize", il ne reste qu’un mythe et quelques textes qu’elle n’a pas écrits…
Tout de même, cela ne laisse pas de m’intriguer : si la tendre poétesse n’a jamais été qu’un fantoche, pourquoi cet acharnement borné à pourchasser, après si longtemps, le spectre de Louise, gracieux phantasme entr’aperçu au détour d’un sonnet ?

jeudi, 01 février 2007

Eau de rose

Dans le métro, une très vieille dame lit un roman de Delly et semble y prendre un plaisir extrême. Elle descend à la station Lille-Flandres, après avoir enfoui dans son cabas le livre à couverture bleue, dont je n'ai pu voir le titre.

mercredi, 31 janvier 2007

Du beurre, de l'eau, du vin...

Hier, retour à Lille. Brouillard cotonneux sur le Bourbonnais et le Nivernais. Les panneaux indicateurs esquissent un itinéraire béroaldien : on pense aux "enfants de Moulins auxquels on frotte le cas de beurre quand ils sont malades", aux "femmes de bien qui montrent l'apanage de leur fessier aux eaux de Pougues", à Tristan qui "eut la tête tranchée à Sancerre".

samedi, 27 janvier 2007

Nella neve

Samedi froid et humide. La neige se prépare à tourner à la patouille. Immense fatigue. la lecture des journaux toujours aussi déprimante : le vide et la vulgarité, l’écœurante ineptie du discours politique — ou de ce qui en tient lieu —, les dithyrambes convenus des pages prétendument culturelles, la même admiration consensuelle pour les livres dont il faut parler sans les avoir lus… Côté blogs, ce n’est guère plus réjouissant : les éternels imprécateurs, les graphomanes frustrés, les aigris, les ratiocinateurs, les verbigérateurs, les faux poètes et les imbéciles. Laissons tout cela, après une furtive visite aux amis. La soirée se passera tranquillement, à écouter Schubert, à feuilleter Vittorio Sereni :

Lierres ? étoiles imparfaites ? cœurs obliques ?
Où conduisaient-ils, quels messages
ébauchaient-ils, légers ?
Pas si banals ces signes,
Et ne fût-ce qu’un trottinement de poules
— si chantait clair l’invite
d’une bave céleste dans le faible jour.
Mais il pleuvait déjà sur la neige,
dure redevenait la chère énigme.
Pour une trace confortable et sûre
je déviais, je trahissais une fois encore.

 

(Les Instruments humains, Verdier, 1991)