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samedi, 31 mai 2008

Une petite fille blonde dans un imperméable bleu foncé

Pluie d’orage. Tango de Copenhague. Quelques pages de Carus. À première lecture, on comprend mal que quignard, en dépit de l’insuccès d’une première édition, ait tenu, quelque dix ans plus tard, à reprendre pour une nouvelle publication ce livre moins déconcertant qu’imparfait, baroque — au sens ancien du mot —, tout juste bon à susciter la curiosité qu’on réserve aux juvenilia. Bavardage, préciosités d’expression à la limite du ridicule, contorsions rhétoriques — oh ! ces chapelets scabreux de complétives orphelines préférées à la fluence du discours indirect libre ! —, personnages plats, aussi insignifiants que leurs propos… tout cela est de nature à décourager le lecteur impatient. Et pourtant : relisons le texte qu’un feuillettement préalable aura vanné de sa balle et de ses bourriers. On s’avise alors que c’est, sinon du meilleur, du moins, déjà, du très bon Quignard, avec ses hantises, ses prurits métaphysiques, ses délicates épiphanies, ses succulents prosaïsmes, sa manière

"Je vis une petite fille blonde dans un imperméable bleu foncé. Elle était debout sur le seuil de la porte cochère. Ses yeux étaient fermés, le buste oscillant de droite à gauche, elle tenait dans ses mains une poupée sale, au visage effacé, aux cheveux paraissant immenses, ils tombaient à terre."

La pluie a cessé. Tango Orkestret joue "Miloncólico". Je bois, avant le dîner, un peu de bonnezeaux 1986.

Commentaires

Tenir des propos proustiens dans la langue de Céline : cette contradiction renferme presque toute la littérature contemporaine, cette sclérose en feuillets.

Écrit par : Lapinos | dimanche, 01 juin 2008

L'oxymore est intéressant, mais il me semble que la langue de "Carus" n'est pas précisément célinienne, ni le propos proustien. Il serait peut-être plus juste d'invoquer Proust — les asperges et le pot de chambre — à propos de certain passage de "Triomphe du temps" où il est question de la coloration rose que la betterave donne aux excréments...

Écrit par : C.C. | dimanche, 01 juin 2008

« Beaucoup d'appelés, mais...»
Nous avions donc , au moins en commun Char et Quignard, mais sans doute y avait-il de plus profondes divergences ?
Merci de ce bout de chemin ensemble.

Écrit par : grapheus tis | lundi, 02 juin 2008

Nous avons sans doute plus que Char et Quignard en commun ! Je suis vraiment confus de cette erreur de manipulation qui m'a fait détruire le lien vers votre site alors que je déplaçais les adresses de blogs fermés ou disparus — le vôtre, Dieu merci ! n'entrant pas dans cette catégorie.
Je rétablis le lien illico et vous prie de me pardonner.
Bien cordialement à vous.

Écrit par : C.C. | lundi, 02 juin 2008

Ouf ! Merci, Constantin ! J'avais comme une vague amertume. Mais vains dieux, les manip...!!!????

Écrit par : grapheus tis | lundi, 02 juin 2008

Ma remarque était circonscrite à l'extrait que vous donnez. A cause de la petite fille blonde et de la syntaxe hachée.

Parce que le style de Céline paraît facile et que la nostalgie de Proust l'est.

Écrit par : Lapinos | mardi, 03 juin 2008

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