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mardi, 30 octobre 2007

Vacuum flowers

Le vain travail d’arpenter la blogosphère : on divague, on s’évague… Ici, trop de stupidités, d’affligeantes ordures ; là, trop d’intelligence aigrement exhibée, de cérébralité méprisante. On en revient étourdi, perplexe, vaguement déprimé, comme le "marinier" rapportant "pour tout tresor des harencs en lieu de lingots d'or". Que de temps perdu ! Et demain, nous recommencerons…

samedi, 27 octobre 2007

Météo 23

"Cinq jors avant la touzsains". Temps gris, froid. Les trépassés attendent-ils leurs chrysanthèmes comme les enfants les friandises de la Saint-Nicolas ?

vendredi, 26 octobre 2007

"Quel diable de langaige est cecy ?"

Plus que l’erreur grossière, faux-sens ou contresens, m’agace, dans un texte traduit, surtout lorsqu’elle est récurrente, l’incorrection due à une impardonnable méconnaissance de la langue cible — qui se trouve être, le plus souvent, la langue maternelle du traducteur. Ainsi (mais on pourrait multiplier les exemples) dans L’Homme chauve-souris, de Jo Nesbø, "rien moins" systématiquement employé pour "rien de moins". Cela vous gâche le plaisir de la lecture — car les polars de Nesbø sont d'une excellente tenue. Est-il plus difficile d’écrire un français correct que de comprendre le norvégien ?

dimanche, 21 octobre 2007

Critiquature

Critiques dithyrambiques, ici et là, du dernier Modiano — ni meilleur ni pire que les précédents. Il n’y a pas lieu d’en faire tout un plat ! Modiano écrit toujours le même roman, il ne déçoit jamais "l’horizon d’attente" de son lecteur. Ce qui est étonnant, ce n’est pas la qualité du style, ni l’originalité du texte : c’est que le charme agisse encore, que la petite musique nostalgique fasse à chaque fois son effet.

samedi, 20 octobre 2007

Intertextualité mon cul

J’écoute distraitement, sur une radio bavarde, une interview d’Umberto Eco. Il est question de Queneau, puis de Nerval. Anecdotes. à la fin d’une phrase, ces mots qui établissent, à l’insu de celui qui les prononce, une connivence inattendue entre les deux auteurs : "… Sylvie dans le métro".

lundi, 15 octobre 2007

Et toujours, toujours il parle de lui…

Le seul dictionnaire égoïste qui vaille qu’on s’y arrête est le Dictionnaire de cuisine d’Alexandre Dumas. Voici ce qu’on y trouve à la rubrique "andouillettes" : "Les meilleures andouillettes que j'ai mangées, et je n'en excepte pas les andouillettes de Troyes, sont les andouillettes de Villers-Cotterêts. Le charcutier qui les fabrique se nomme Lemerré, et demeure en face de la fontaine."

Le résidu et la différence

Semaine du goût.
Il en reste cinquante et une pour le dégoût.

jeudi, 11 octobre 2007

Repentir

J'ai supprimé les quatre notes précédentes, où il était question de gens dont on parle à la radio, dans les journaux... Au fond, cela ne m'intéresse pas.
"La meilleure philosophie, relativement au monde, est d'allier, à son égard, le sarcasme de la gaieté avec l'indulgence du mépris." In petto, si possible.

dimanche, 07 octobre 2007

Livres qu’on lit d’un œil

Le stéréoscope des solitaires, de J. Rodolfo Wilcock (Gallimard, "L’Imaginaire", 2007). On a l’impression d’avoir lu ce genre de choses il y a longtemps. Exercices de style pas toujours très convaincants, qui font penser à trop d’autres auteurs : Buzzati, Cortázar, Michaux… On retiendra surtout, de ce recueil de textes très brefs, "Les Poupées", jolie métaphore ironique de l’activité littéraire : "... comme on n’ouvre jamais l’armoire et que les rayons ne permettent pas d’autre communication que celle qui est en usage chez les prisonniers, au moyen de petits coups frappés selon un système conventionnel donné, peu à peu, presque toutes les poupées se sont adonnées à la littérature ; c’est ainsi qu’elles sont devenues romanciers, poètes, critiques littéraires, critiques dramatiques, conseillers de maisons d’édition. Là-dedans, c’est un tapotement continuel : chacun veut faire entendre aux autres ses propres ouvrages. Mais ce sont là, inutile de le dire, ouvrages de poupées."

De Wilcock, on peut préférer, en dépit d'un lyrisme parfois un peu mièvre, certains poèmes mélancoliques des Jours heureux, comme "El viento" ou "La lluvia" :

        Ce crépuscule est comme une ville lointaine
        où tu aurais un jour dit mon nom ;
        ici, dans la galerie, j’écouterai les ailes
        sereines de la pluie qui passe entre les arbres.

samedi, 06 octobre 2007

E mi sovvien l’eterno

Hier, retour de Lille sous un ciel bas et gris. Austère monotonie des vastes emblavures de l’Yonne, pâtures d’un vert cru de légumes anglais où paissent des charolais placides, villages déserts. À Villemer, un petit siamois café-au-lait traverse la grand-rue en toute hâte devant nos roues. Cris d’enfants : c’est l’heure de la sortie de l’école. Entre Aillant-sur-Tholon et Saint-Aubin-Château-Neuf, la route est bordée de noyers où se rassemblent freux et corneilles : ce sont les noyers grolliers dont parle Rabelais. La nuit tombe lorsque nous arrivons en Bourbonnais. Un reste de lumière s’exténue, vers l’arrière-pays, dans des lividités orange. Je pense aux crépuscules mélancoliques et froids de l’enfance, aux vers de Leopardi… Il est trop tard pour s’arrêter chez le vigneron. Nous achèterons une autre fois quelques bouteilles de vin ginguet à Besson ou Châtel-de-Neuvre.