samedi, 02 avril 2011
Hémorroïdes
Bel après-midi ensoleillé. Promenade digestive le long de la rivièrette, qui court à travers des pâtures ou de maigres taillis broussailleux tapissés d'anémones sylvies et de ficaires. Çà et là, un pneu verdi par le temps, un serpent de caoutchouc pendouillant d'une branche morte ou une carcasse de machine à laver agrémente la bucolique.
On apprend dans le Littré que la ficaire est "ainsi dite parce que les racines sont composées de fibres tubéreuses qu'on a comparées à de petites figues ; ce qui explique aussi le nom d'herbe aux hémorroïdes, par la croyance qu'une plante guérissait les parties auxquelles elle ressemblait".
Le médecin angevin Bretonnayau, dans son Esculape, use également d'images fruitières pour évoquer les tumeurs rectales dues à une "abondance de sang mélancolique" :
Comme l'on voit rougir sur son arbre la meure
Qui sage à faire fleur la dernière demeure :
Comme l'on voit les grains sur la grappe grossir,
Ainsi au fondement voit-on souvent noircir
De gros boutons de sang que la nature humaine
Tasche d'espanouir, deschargeant la grand veine,
Le foye, et mesentere, et la rate, et les reins,
Quand le sang est mauvais ou qu'ils en sont trop pleins,
Par des conduicts expres qui droictement descendent,
Où les gros excremens d'ordinaire se rendent.
La poésie se loge parfois en des lieux inattendus.
("Des hemorrhoides, extraict de l'Esculape de R.B.A.M." in La Generation de l'Homme et le Temple de l'Ame avec autres œuvres poëtiques extraittes de l'Esculape de René Bretonnayau Medecin natif de Vernantes en Anjou, Paris, Abel l'Angelier, 1583)
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jeudi, 31 mars 2011
Poissons
Je suis né un premier avril, il y a bien trop longtemps...
Dans quelques heures, on m'accrochera une année de plus dans le dos.
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"... et on trouve un homme"
Lecture des Carnets de Calaferte, grand liseur lui-même d'écrits intimes, "papiers journaux", épitextes divers. S'y révèle à chaque page un homme sensible, inquiet, à l'intelligence vive, au jugement très sûr. Sans beaucoup d'illusions, déjà, dans les premiers volumes : "Cette humanité m'aura inspiré trois sentiments : le dégoût, le mépris, la pitié." (L'Or et le plomb. Carnets 1968-1973, Denoël, 1982, p. 76) Tout Calaferte se trouve en raccourci dans ce constat de Leopardi : "De nos jours, celui qui connaît le monde et en a fait l'expérience sans être devenu égoïste, s'il a quelque bon sens et quelque esprit, ne peut être que misanthrope." (Zibaldone, 14 octobre 1821)
Et l'expérience du monde, Calaferte l'a faite — qu'on relise Requiem des innocents, C'est la guerre ou Septentrion ! Cela, comme son "bon sens et son esprit", explique sa défiance et son agacement à l'endroit des cuistres de tout poil. "S'il est — écrit-il — une catégorie d'individus entre toutes stupide, vaniteuse, aux idées fausses, friande des moindres honneurs, en marge de la réalité, ne fonctionnant mentalement que sur de l'acquis livresque, c'est celle des professeurs d'université. Petites gens à jamais rabougris par une scolarité prolongée." (Le Chemin de Sion. Carnets 1956-1967, Denoël, 1980, p. 307) Voilà qui est tristement juste.
Calaferte cherchait Dieu, il avait peur de la mort, il aimait ses proches, les chats, les chiens. Il s'émeut que le vent saccage les tulipes. C'est, à travers ses notes au jour le jour, un homme d'un commerce excellent que l'on découvre.
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dimanche, 27 mars 2011
Dimanche 2
Changement de temps, changement d'heure... Dimanche de pluie et d'élections.
Pauvre campagne que celle de ces cantonales qui n'intéressent personne. La conseillère sortante se plaint qu'on l'a dénigrée. Piètres jérémiades, au diapason de notre société pleurnicharde où la moindre critique doit être immédiatement ravalée, suivie d'excuses ou de protestations contrites.
Ayant entendu cela, il est salubre de relire les tonitruantes philippiques d'un Daudet, vitupérant "le régime parlementaire républicain" — "affreux magma de police, de finance et de proxénétisme" —, qualifiant tel garde des Sceaux de "pétomane de Tarare", évoquant tel ministre de l'Intérieur "qui avait la gueule plate d'une blatte géante et une âme d'empoisonneur".
Pas très politically correct, le Léon !
23:28 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (1)
jeudi, 24 mars 2011
Bleu
Ciel bêtement bleu depuis trois jours.
Je pense au bleu "presque transparent" des vignettes du tarot Grimaud ; à la couverture hideuse et redondante du Bleu du ciel de Bataille dans l'édition 10-18 ; à une chanson d'Herbert Pagani parlant d'un "ciel couleur blue-jean délavé"...
Qui se souvient d'Herbert Pagani ?
21:41 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (3)
mardi, 22 mars 2011
Petite anthologie portative 64
LA ROSÉE SUR LES FEUILLES D'AIL
L'ail était couvert de rosée,
Qui, vite, au soleil disparut.
La rosée envolée, à l'aube prochaine, redescendra ;
L'homme meurt et s'en va : quand donc reviendra-t-il ?
(T'ien Heng — IIIe s. av. J.-C. — in Anthologie de la poésie chinoise classique, Poésie/Gallimard, 1982)
17:28 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 14 mars 2011
Papilio Rhamni
Dans l'air encore vif du matin, le premier papillon de l'année : un citron, au vol caprisant.
19:42 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (0)
France profonde 2
C'est un coin perdu de la Combraille bourbonnaise, où l'on arrive par des routes minuscules qui serpentent entre des haies d'épines noires et des pâtis gorgés d'eau. Durant tout le week-end, on y a célébré la Saint-Cochon, bu et mangé dans la cacophonie des fanfares. Ce ne sont que pâtés et boudins, fromages de tête, saucissons cuits à l'alambic, pieds de porc grillés. On patauge sous la pluie dans une patouille argileuse qui colle aux semelles, le vent froid rabat la fumée des chaudières et le remugle des mangeailles... C'est la France que j'aime, celle d'en-bas, celle qui ne lit pas la Princesse de Clèves.
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vendredi, 04 mars 2011
Origène et Occam
Tout ça est un peu... rasoir.
08:47 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (7)
samedi, 26 février 2011
Masculin/féminin
Un élu est un homme public. Une femme publique, une prostituée. Ironie sémantique qui témoigne des rapports étroits que la politique entretient avec la putasserie.
08:28 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (4)