Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 10 juillet 2012

"And what is the use of a book, thought Alice, without pictures or conversations ?"

Ce qui fait l'intérêt d'un roman dit, faute de mieux, "policier" (il vaudrait mieux parler de polar), ce sont tous les détails, les références ou allusions susceptibles d'établir une connivence culturelle avec le "lecteur modèle" — tout ce que l'amateur de detective novels négligera, parce que, croit-il, cela n'aide en rien à la résolution de l'intrigue ; de même que le joueur de scrabble ou le cruciverbiste se moque, la plupart du temps, du sens des mots qu'il s'évertue à loger dans une grille. Ces références ressortissent essentiellement à trois domaines — Bakhtine dirait "séries" — thématiques : la littérature (constat de l'ordre du truisme), la musique, la nourriture et la boisson. Si la qualité proprement littéraire du roman ne tient pas seulement à la présence, dans le texte, de tels éléments, du moins en sont-ils, la plupart du temps, d'assez sûrs indices.
Exemples dans Le Léopard, de Jo Nesbø (Folio Policier 659, 2012) :
"Elle prit la cigarette à demi consumée posée au bord du cendrier et reprit son livre. Il lut le titre. Ham on Rye. Charles... Il plissa les yeux. Bukowski ? Comme le commissaire priseur ?" (p. 458)
"Ils écoutèrent Joy Division. Transmission. Ian Curtis. Øystein avait toujours aimé les chanteurs morts jeunes." (p. 497)
"Ce jour-là, Schrøder proposait de la pyttipanna servie avec des œufs miroir et de l'oignon cru." (p. 321)
Pour la boisson, on n'a que l'embarras du choix. Il est vrai que l'inspecteur Harry Hole boit — et vomit — bien plus souvent qu'il ne mange.

dimanche, 08 juillet 2012

"Suivés lorthografe antiene" 2

Sur le site de notre grand quotidien régional, article consacré aux résultats du bac. Commentaire de Steeven : "sui dégoutté : 9,75 de moyaine ! mare des révision".

samedi, 07 juillet 2012

Encore des chats 4

Hier. Une dame entre à la boulangerie pour annoncer qu'elle a retrouvé son chat : il ne faudra pas manquer d'en aviser le boulanger. Les vendeuses échangent un regard entendu et sourient avec une indulgence vaguement condescendante. Comme si la perte d'un chat méritait qu'on en fasse toute une histoire ! Une chanson, peut-être...

Ce matin. Nouveau dans le quartier, un chaton gris et blanc s'avance précautionneusement dans la jungle de graminées et d'orties qui dévale dans le ravin d'en-face. Là où errent à jamais les ombres de Biély, Sarrazine et Pythagore.

mardi, 03 juillet 2012

Colours 6

La grosse dame aux cheveux jaunes, moulée dans des leggings rose bonbon, se hisse dans sa voiturette couleur cétoine. Son chien à trois pattes — victime naguère d'un camion fou — l'accompagne, hirsute, barbichu, noir comme un diable.

Petite anthologie portative 70

Y todas las cosas para llegar a ser se miran
en el vacío espejo de su nada.

(Espacio)

ET toutes les choses pour arriver à être se regardent
dans le vide miroir de leur néant.

(Espace)

(José Ángel Valente, Fragments d'un livre futur, trad. et préface de Jacques Ancet, José Corti, 2002)

jeudi, 21 juin 2012

Pourquoi...

... aucun ouvrage d'Enrique Anderson Imbert n'a-t-il été — à ce jour — traduit en français ?

mercredi, 13 juin 2012

Animal Farm

Au moins y avait-il chez La Fontaine des lions et des loups. Aujourd'hui, le bestiaire politique, hormis quelques charognards, singes ou renards, ne rassemble guère que des porcs, des veaux, des dindes et des oies. L'ample comédie tourne à la farce lamentable, au carnaval des animaux façon Grandville ou Benjamin Rabier.

samedi, 09 juin 2012

Le sexe des mots 2

Reçu cette semaine les prospectus électoraux en vue des législatives. Parmi tous ces "barbitas" — paperasses, en patois bourbonnais —, la profession de foi d'une candidate écologiste, "créatrice et cheffe de chœur d'une chorale militante et festive". "Cheffe" : voilà un féminin bien singulier — et absent des dictionnaires que j'ai pu consulter. Littré ne connaît que la "chéfesse" — encore est-il précisé qu'il s'agit là d'une dignité qui ne se rencontre qu'aux Marquises !
Le Trésor de la Langue Française, en revanche, note que la banalisation de "conne" "atteste le passage définitif du mot à l'emploi figuré comme substantif adjectivé". On veut bien le croire...

vendredi, 08 juin 2012

J'ai descendu dans mon jardin

... et j'ai repiqué vingt-deux plants de salade.

mercredi, 06 juin 2012

Acedia 2

Jours de pluie, de vent, puis de lourde chaleur et de grande paresse. Réveils gris ; on se désenglue péniblement de mauvais rêves ; quotidien encombré de mille minuscules corvées fastidieuses ; importuns, bavasseurs oiseux dont il faut supporter les ratiocinations ineptes...
"Alors une faculté pitoyable se développa dans leur esprit, celle de voir la bêtise et de ne plus la tolérer."
Faculté pitoyable, en effet : "Dis-moi, comment fais-tu pour qu´il puisse m´arriver de croiser, certains soirs, ton regard familier au fond de mon miroir ?"
Ne plus voir la bêtise — et la tolérer — reste finalement le meilleur moyen d'échapper à sa gravité. Relire, à ce propos, la première des Leçons américaines de Calvino. Et peut-être certains passages de Blanchot... Échapper au regard de Méduse, à l'imbécile lourdeur du catoblépas. Cultiver un peu son jardin envahi d'herbes folles et retrouver, le soir, les bonnes proses en attente : Millet, Quignard, Cingria.
Ces quelques lignes juste pour sortir du silence.