samedi, 10 décembre 2005
Gastronomie
Le dictionnaire de cuisine d'Alexandre Dumas est, comme on sait, d'une lecture non moins instructive que divertissante. À l'approche des fêtes de fin d'année, les gourmands ne manqueront pas de s'y reporter pour tout connaître des mœurs de l'huître et de la production du foie gras.
"On sait que le foie gras de Strasbourg est réputé fournir le roi des pâtés. L’opération par laquelle on obtient les foies gras consiste principalement à engraisser les oies de manière à produire chez elles une tuméfaction de cet organe. Le foie d’une oie soumise au traitement que leur font subir les engraisseurs de Strasbourg arrive à être jusqu’à dix ou douze fois plus gros que nature.
Pour en arriver là, on soumet ces animaux à des tourments inouïs, qui n’ont pas même été déployés sur les premiers chrétiens : on leur cloue les pattes sur des planches pour que l’agitation ne nuise pas à l’obésité ; on leur crève les yeux pour que la vue du monde extérieur ne vienne les distraire ; on les bourre avec des noix sans jamais leur donner à boire, quels que soient les cris de souffrance que leur arrache la soif."
(Alexandre Dumas, Mon dictionnaire de cuisine, 1872)
Au moins, les huîtres, que l'on gobe toutes vives — "les vrais amateurs" les mangent "sans vinaigre, sans citron, sans poivre" —, ne poussent-elles pas de cris de souffrance. L'huître meurt dignement. Comme les premiers chrétiens.
17:45 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (9)
vendredi, 09 décembre 2005
Madame la Misère
L'année se termine, les fêtes approchent.
Il n'est question que de charité, de solidarité, de compassion... On s'émeut du sort de ces pauvres qui meurent de faim et de froid. C'est terrible. Je vais finir par déposer un paquet de macaronis dans le chariot du Secours Populaire, afin de pouvoir à Noël digérer mon foie gras en toute sérénité.
Dans trois semaines, heureusement, on ne parlera plus de tout cela.
17:03 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (2)
jeudi, 08 décembre 2005
Pluie
Parti avec la pluie, je rentre du Nord avec la pluie.
Détour buissonnier par le pays d’Othe, l’Auxerrois, le Nivernais.
Brève halte à Villeneuve-au-Chemin ; sur la butte qui domine le village, l’étrange chapelle Saint-Joseph-des-Anges, construction de brique décrépite, sinistre sous le ciel bas, écrasée par la masse disproportionnée d’une énorme vierge verdâtre.
Près d’Auxerre, entre Fouronnes et Courson-les-Carrières, un lieu-dit poétiquement nommé Anus.
Non loin de Nevers, un panneau indique le site de montenoison : nous sommes sur les terres de Jules Renard :
"Je regarde ce beau pays, le clocher dont la pierre neuve ne se salit pas, Montenoison où jamais Philippe n'est allé — il est allé tout près —, et les nuages que le paysan ne regarde pas. Un nuage, pour lui, c'est une menace de pluie. Il ne sait pas que certains nuages n'ont d'autre fonction que d'être beaux." (Journal, sept. 1902)
21:56 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (6)
dimanche, 04 décembre 2005
Je m'en vais ou je m'en vas... 2
Demain, je pars pour Lille, où je resterai quelques jours.
Peut-être croiserai-je, sur quelque trottoir de Wazemmes ou à l'entrée d'une courée, "l'ancien guitariste d'Hervé Vilard"...
21:17 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (2)
Immondicités
"... plus l’industrie de Léonie excelle à fabriquer de nouveaux matériaux, plus les ordures améliorent leur substance, résistent au temps, aux intempéries, aux fermentations et aux combustions. C’est une forteresse de résidus indestructibles qui entoure Léonie, la domine de tous côtés, tel un théâtre de montagnes.
Voici maintenant le résultat : plus Léonie expulse de marchandises, plus elle en accumule ; les écailles de son passé se soudent ensemble et font une cuirasse qu’on ne peut plus enlever ; en se renouvelant chaque jour, la ville se conserve toute dans cette seule forme définitive : celle des ordures de la veille, qui s’entassent sur les ordures des jours d’avant et de tous les jours, années, lustres de son passé."
(Italo Calvino, « Les villes continues, 1 : Léonie », in Les Villes invisibles, 1974)
La blogosphère n'est pas sans évoquer la cauchemardesque décharge planétaire des Villes invisibles. Autour de quelques "attracteurs étranges" ou de "cellules réticulaires", le chaos, la nécrose, la merde, le rien, l'indigence sans fond, la rhétorique du graffiti de latrines. Récits de grossesses et "photos de bites" (sic)... Force est de constater, sans misonéisme aucun, que les "T.I.C." ont offert à la bêtise et à la vulgarité la plus crasse la possibilité de s'exhiber et de se répandre avec une effarante énergie.
10:12 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (4)
samedi, 03 décembre 2005
Intolérance
"L'homme [...] est devenu ignoblement tolérant ; il pousse l'abjection jusqu'à s'enorgueillir de cet horrible vice. Il a cessé d'être empoigné, entièrement possédé par cette intolérance qui trempe le caractère de l'être et lui permet d'accomplir de grandes choses. Il ressent, tout au plus, des crises d'indignation ; mais l'indignation est passagère ; elle agit par à-coups, ne laisse rien derrière elle que de la fatigue et du dégoût ; ses accès se dissolvent en prières, en espoirs de réformes, en sottises ; elle donne la maladie de la justice, et non pas la soif de l'action. L'intolérance est permanente ; elle n'a cure de la justice ; c'est la défiance qui vibre en elle ; elle ne veut pas de réformes, mais des suppressions totales. Il faut être intolérant pour être libre."
Messieurs les indignés, encore un effort !
16:55 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (0)
Grenache, macabeu, tourbat...
Hier soir, dégustation de vins du Roussillon.
Légère migraine ce matin.
Post hoc ergo propter hoc ?
11:01 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (6)
Le grand style 9
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vendredi, 02 décembre 2005
Résipiscence
Aujourd'hui, suite à l'affaire d'Outreau, c'est un psychologue qui vient à résipiscence :
"L'expert psychologue Jean-Luc Viaux [...] interrogé sur RTL [...] s'est excusé pour avoir employé, en marge du procès le 17 novembre, la formule : quand on paye des expertises au tarif d'une femme de ménage, on a des expertises de femme de ménage." (Voir Le Figaro, 2 déc. 2005)
Ce n'est pas un peu facile, de s'en tirer chaque fois à si bon compte ?
16:55 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (0)
Youyous
Le mot youyous étant désormais porteur de connotations fâcheuses, je préconise qu'on lui préfère le plus onomatopéique et nervalien olouloulou :
"La marche était fermée par les femmes gagées, qui servent de pleureuses aux enterrements et qui accompagnent les cérémonies de mariage et de circoncision avec le même olouloulou ! dont la tradition se perd dans la plus haute antiquité." (Gérard de Nerval, "La cange du Nil", in La Revue des deux mondes, 15 déc. 1846, p. 1080)
16:06 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (0)