Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 10 décembre 2005

Gastronomie

Le dictionnaire de cuisine d'Alexandre Dumas est, comme on sait, d'une lecture non moins instructive que divertissante. À l'approche des fêtes de fin d'année, les gourmands ne manqueront pas de s'y reporter pour tout connaître des mœurs de l'huître et de la production du foie gras.

"On sait que le foie gras de Strasbourg est réputé fournir le roi des pâtés. L’opération par laquelle on obtient les foies gras consiste principalement à engraisser les oies de manière à pro­duire chez elles une tuméfaction de cet organe. Le foie d’une oie soumise au traitement que leur font subir les engraisseurs de Strasbourg arrive à être jusqu’à dix ou douze fois plus gros que nature.
Pour en arriver là, on soumet ces animaux à des tourments inouïs, qui n’ont pas même été déployés sur les premiers chré­tiens : on leur cloue les pattes sur des planches pour que l’agi­tation ne nuise pas à l’obésité ; on leur crève les yeux pour que la vue du monde extérieur ne vienne les distraire ; on les bourre avec des noix sans jamais leur donner à boire, quels que soient les cris de souffrance que leur arrache la soif."

(Alexandre Dumas, Mon dictionnaire de cuisine, 1872)

Au moins, les huîtres, que l'on gobe toutes vives — "les vrais amateurs" les mangent "sans vinaigre, sans citron, sans poivre" —, ne poussent-elles pas de cris de souffrance. L'huître meurt dignement. Comme les premiers chrétiens.

Commentaires

j'ai toujours, à l'aide d'un cure dents tué les huitres avant de les manger....

Écrit par : lunatique | dimanche, 11 décembre 2005

Cette délicatesse vous honore. B.B. et les amis des bêtes y verraient assurément la marque d'une profonde humanité.
Toutefois, sur le plan technique, j'ai quelques doutes quant à l'efficacité de la méthode : on croit donner le coup de grâce, alors qu'on ne fait peut-être que placer une banderille qui rendra plus cruelle encore la fin du pauvre bivalve !

Écrit par : C.C. | dimanche, 11 décembre 2005

Ah ! la vision !
D'une huître galopant sur ses courtes pattes tout autour de la piste des arènes de Ronda (XVIIIe siècle), percée de banderilles et répandant son sang... et la foule gueulant ses Olé !
Même le divin Dali n'y a point pensé.
Merci Président.
Montclerc.

Écrit par : Louis-Ferrand de Montclerc | lundi, 12 décembre 2005

un petit point de détail huitromachique :

comment coupe -t-on la queue et les oreilles
à une huitre ?

Écrit par : hozan kebo | lundi, 12 décembre 2005

Une fois lesdits organes localisés avec une précision acceptable, la résection d'iceux ne devrait pas poser de problème. Je serais tenté de recommander pour cette opération le bistouri à double tranchant, dit "feuille de sauge", manche ébène, réf. 21-1645 du catalogue Manufrance 1938.

Écrit par : C.C. | lundi, 12 décembre 2005

Ah ! le catalogue Manufrance !
Voilà bien une disparition qui marque la fin d'une culture, d'une civilisation, que dis-je ? d'un monde !
Je vous trouve par trop lacrymogène, Président !
Montclerc.

Écrit par : Louis-Ferrand de Montclerc | mardi, 13 décembre 2005

Vous me divertîtes.
Je me permets de vous signaler que dans le morceau de sentence (non, il ne s'agit nullement d'un anglicisme mais bien d'un montaignisme (qu'on me pardonne ce barbarisme et cette manie très barthésienne (je vais finir par me faire bannir) de l'usage immodéré de la parenthèse)) qui suit : "pour tout connaître des mœurs de l'huître" que le "s" du mot "moeurs" demeure muet.
Merci de votre attention,

LD

Écrit par : Le Duc | mardi, 13 décembre 2005

L.-F. de M. : on connaît l'intérêt que Vialatte portait au catalogue de la "Manu", et tout particulièrement aux pièges pour fauves et gros carnassiers. Les "grandes nasses à rats" sont également dignes d'attention. Ainsi, le modèle automatique 5-7141 : "... en fil de fer galvanisé. Dim. 40 x 23 x 18 cm. Le rat entre dans le 1er compartiment, passe sur une pédale qui déclenche la fermeture de l'entrée. Le seul orifice permettant alors de s'évader du 1er compartiment est une plaque basculante : il s'y engage et tombe dans le 2e compartiment. La porte d'entrée s'ouvre alors pour un autre rat. Porte à l'arrière pr sortir les prises et nettoyer. Article bien au point. 30 f."
L.D. : il était bon que vous rappelassiez ce point de bon usage. Littré précise : "plusieurs prononcent meurs', en faisant sentir l's, ce n'est pas une bonne prononciation ; l's ne se lie pas". Cet amuïssement sied en l'occurrence au mutisme du bivalve.

Écrit par : C.C. | mardi, 13 décembre 2005

Je ris. Je goûte votre galéjade quoique je ne goûte guère ce coquillage empli d'une chaire flasque, glauque, gluante et amère.

Écrit par : Le Duc | mardi, 13 décembre 2005

Les commentaires sont fermés.