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lundi, 08 janvier 2007

Actualité politique et littéraire

À la sortie d'une soirée dans le XIIe arrondissement, Doc Gynéco, copieusement alcoolisé, a percuté en scooter le taxi qui raccompagnait son amie Christine Angot, alors que le véhicule freinait à hauteur de la station de métro Palais-Royal. (Les journaux)

Five little known things about myself

En manière de réponse à Ph. B.

Fâcheux exercice, en effet, que vous nous proposez là, surtout si l’on n’aime guère s’avancer sans masque. On s’expose à l’indécence de la confidence intime — d’autant plus indécente qu’elle risque de n’intéresser personne — aussi bien qu’à l’insignifiance ou à la plus désolante banalité. On n’a guère le choix qu’entre des choses peu connues dont on ne souhaite pas qu’elles le soient et des choses peu connues qui ne méritent pas de l’être…

Celles-ci appartiennent sans aucun doute à la seconde catégorie :

1. Je ne sais pas danser et je l’ai souvent regretté, songeant qu’il m’eût été plus utile, en certaines circonstances, de connaître les pas du cha-cha-cha que l’incipit de la première bucolique de Virgile.

2. Je suis l’auteur d’une traduction demeurée inédite de l’étude de Kazimierz Ajdukiewicz publiée en 1935 sous le titre Die syntaktische Konnexität (Studia Philosophica 1, Warszawa, 1935).

3. Je trouve la plupart des jeux stupides, et tout particulièrement lorsqu’ils sont supposés faire appel à l’intelligence. Je n’ai guère de réussite qu’avec les questions roses du Trivial Pursuit. Les bridgeurs et les retraités friands de concours d’orthographe me sont spécialement odieux.

4. J’ai eu un peu de mal à obtenir mon permis de conduire et me suis longtemps satisfait des transports en commun. Ma première automobile a été une Volkswagen de couleur jaune, qui me valut dans le canton une rapide réputation de chauffard inconséquent et probablement dipsomane.

5. Je me suis fait photographier à Poil (commune natale d’Hégésippe Simon ; code postal 58170).

Tout cela, comme on peut le voir, est "drôlement pas intéressant" — jolie formule de Corinne Bouchard, alias marie.

Les remparts de Pékin

"Madame promène son rire comme d'autres promènent leur vaseline."

samedi, 06 janvier 2007

Petite anthologie portative 35

LA GUENILLE

 

Sans pouvoir
imiter l'oiseau
la guenille pend sur la branche
rouge près de la pomme douce
l'oiseau envolé et la pomme tombée
elle reste
manifestant le froid des âges
et la couleur dans le silence ;
des hommes raisonnent
dans une époque sombre
non loin de ce lambeau marquant seul l'espace.

(Jean Follain, Des heures, Gallimard, 1960)

République des Lettres

"Republique qui va très-mal : Ægrota respublica."
(Nicot, Thresor de la langue françoyse)

mardi, 02 janvier 2007

Abréger sa vie

"Abréger sa vie même de plusieurs années ou nuire à sa santé en adoptant une certaine manière de vivre ou en acceptant certains travaux est permis pour un motif proportionné. C'est pourquoi il est permis de travailler dans les hauts-fourneaux, dans les mines, dans les verreries, dans certaines usines de produits chimiques, etc." (Héribert Jone, Précis de théologie morale catholique, Salvator/Casterman, Mulhouse/Tournai, 1958 — cinquième section, "Le cinquième commandement" ; chapitre premier, "Devoirs envers sa propre vie")
Comme quoi la religion peut tout de même se montrer compréhensive... 

dimanche, 31 décembre 2006

"Comme dans une profondeur muette et obscure"

L'Église a refusé à Piergiorgio Welby des funérailles religieuses.
Pinochet, avant de mourir, a reçu les derniers sacrements.

"À demain les affaires"

Petit matin très doux. Des vagues de corneilles passent interminablement dans le ciel blanc.
À la boulangerie, on m'offre un cabas. C'est toujours mieux qu'un crayon à bille ou un calendrier de poche.
Ce matin, je ne ferai rien. Je bois du thé en écoutant Chostakovitch. Tout à l'heure, j'irai acheter des fleurs coupées, je choisirai les vins que nous boirons ce soir.

La cognizione del dolore 8

Même si vous n'aimez guère parler de vos petites misères, les gens finissent toujours par apprendre que vous avez été malade — et c'est d'autant plus intéressant que la maladie est supposée grave. Lorsqu'on vous revoit, on s'étonne : "Tiens, tu as l'air en pleine forme ?" Oui, on ne va pas trop mal, merci... On se sent presque honteux de les décevoir, ces bons samaritains.

vendredi, 29 décembre 2006

Petite anthologie portative 34

LA SOIRÉE DE DÉCEMBRE

Amis pleins de rumeurs où êtes-vous ce soir
Dans quel coin de ma vie longtemps désaffecté ?
Oh ! je voudrais pouvoir sans bruit vous faire entendre
Ce minutieux mouvement d’herbe de mes mains
Cherchant vos mains parmi l’opaque sous l’eau plate
D’une journée, le long des rives du destin !
Qu’ai-je fait pour vous retenir quand vous étiez
Dans les mornes eaux de ma tristesse, ensablés
Dans ce bief de douceur où rien ne compte plus
Que quelques gouttes d’une pluie très pure comme les larmes ?
Pardonnez-moi de vous aimer à travers moi
De vous perdre sans cesse dans la foule
Ô crieurs de journaux intimes seuls prophètes

Seuls amis en ce monde et ailleurs !

(René-Guy Cadou, Les Biens de ce monde, 1949-1950)