mardi, 02 janvier 2007
Abréger sa vie
"Abréger sa vie même de plusieurs années ou nuire à sa santé en adoptant une certaine manière de vivre ou en acceptant certains travaux est permis pour un motif proportionné. C'est pourquoi il est permis de travailler dans les hauts-fourneaux, dans les mines, dans les verreries, dans certaines usines de produits chimiques, etc." (Héribert Jone, Précis de théologie morale catholique, Salvator/Casterman, Mulhouse/Tournai, 1958 — cinquième section, "Le cinquième commandement" ; chapitre premier, "Devoirs envers sa propre vie")
Comme quoi la religion peut tout de même se montrer compréhensive...
22:20 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
Ah, oui, j'allais le dire, le suicide est quelque chose qu'il n'est pas facile de juger, il y a mille raisons très différentes pour abréger sa vie. Les vieillards au bord de la mort, victimes de la science, qui agonisent sous perfusion pendant des mois, par exemple, comment ne pas comprendre qu'ils veuillent en finir ? Parfois ce sont les hommes qui sont plus acharnés après la vie que Dieu lui-même.
Mais quand on mobilise la presse pour donner au suicide une dignité républicaine, comme fit votre feu "pays" Roger Quilliot, maire de Clermont-Ferrand, ou Noëlle Châtelet en écrivant un mauvais bouquin à la mémoire de sa mère suicidée - piètres Socrates -, l'Église doit rester ferme.
Écrit par : Lapinos | mercredi, 03 janvier 2007
Ils sont trop bons.....
Écrit par : RPH | mercredi, 03 janvier 2007
Tout le monde n'est pas Sénèque, ni Mishima ; et l'on n'est pas obligé de considérer, en dépit de l'étymologie, que les choix de la théologie catholique doivent être érigés en critériums universels.
Écrit par : C.C. | mercredi, 03 janvier 2007
Disons qu'ils furent des critériums universels pendant quelques siècles avant d'être remplacés par les critériums de Roger Quilliot.
Cela dit je me contentais de dire pour ma part qu'au sein de l'Église, comme pour cet Italien, celle-ci devrait être autorisée à appliquer ses propres critériums sans que des journalistes pour la plupart du temps complètement ignares se mêlent de distribuer gratuitement leur avis.
Écrit par : Lapinos | jeudi, 04 janvier 2007
Nous voilà, par ma faute, menacés d’un débat qui ne peut que s’enliser. J’avoue que sur les grandes questions philosophico-éthiques que les lecteurs de "Télérama" et du "Nouvel Obs." adorent aborder au dessert (quoique, en ce moment, ce soient plutôt les arguties sur le thème "pourquoi on ne pourra, malgré qu’on en ait, voter pour un autre candidat que madame Royal" qui constituent l’essentiel des causeries post-prandiales), je n’ai pas d’idées ni d’opinion bien affirmées, ni surtout de prises de position manichéennes ou "binaires". Simplement, la peine de mort, là où elle est encore appliquée, me paraît relever de la barbarie, et qu’une religion, quelle qu’elle soit, puisse aujourd’hui l’admettre ou la cautionner me choque. Le suicide, l’euthanasie ou l’avortement renvoient — ou devraient renvoyer — chacun à ses propres choix moraux, à sa responsabilité, à sa conscience. Pour ma part, je considère que les valeurs humanistes que défendait Roger Quillot valent bien les répugnantes tartuferies d’une religion qui tient le baiser "more columbarum" pour un péché mortel mais "permet" au travailleur d’abréger sa vie pour le plus grand profit des multinationales, bénit les tortionnaires et absout les tyrans. Pardonnez-moi d’être un peu simple et peu rompu à l’art de la disputation, qui d’ailleurs m’ennuie assez vite. Je ne crois pas que je vous suivrai plus longtemps dans cette controverse dont j’ai malencontreusement suggéré les prémisses…
Écrit par : C.C. | jeudi, 04 janvier 2007
Non, non, je suis aussi responsable que vous. J'ai pris la liberté de briser le consensus.
Ah, mais vous lancez quand même d'autres flèches ! Comme quoi entre l'homme qui lit "Télérama" et celui qui ne le lit pas, il n'y a pas une différence substantielle.
Essayons d'être concis pour vous faire plaisir. Laisser moisir vingt ou trente ans quelqu'un en taule, surtout s'il n'aime pas bouquiner, ne me paraît pas moins barbare que la mort subite. Vous vous imaginez regarder la télé toute la journée pendant vingt ans, même en admettant que vous n'ayez pas un coturne qui vous force à regarder le foot ?
Pour ce qui est de la compromission de l'Église avec les tyrans et les multinationales, je ne peux que vous donner raison. Jean-Paul II s'est contenté de mots contre le capitalisme.
Admettez que Castro, lui, bénéficie d'une autre absolution, médiatique et incontestable, pour le passé, le présent et l'avenir. Peut-être vous faites-vous une idée de l'Église plus haute que moi dans le fond ?
Écrit par : Lapinos | samedi, 06 janvier 2007
Avec de tels arguments, vous aurez tôt fait de me convaincre : la perspective d’une condamnation à la télé forcée à perpétuité — sans même parler d’un compagnon de cellule sodomite et/ou amateur de foot — est tout bonnement terrifiante !
Pour ce qui est de ma conception de la religion, elle est pour le moins incertaine — incohérente ? — et paradoxale. La pompe liturgique, l’encens et le latin m’ont toujours séduit ; enfant de chœur, les offices de la semaine sainte m’impressionnaient par leur cérémonial tragique, puis jubilatoire (le Gloria de la messe de minuit avec les cloches sonnant à toute volée !). Le dictionnaire de théologie de l’abbé Bergier m’est plus familier que la dernière mouture du catéchisme officiel. Si j’étais catholique je serais intégriste. Mais le protestantisme historique, ou du moins l’esprit de l’évangélisme, n’est pas moins fascinant, ni la violence d’une mystique huguenote sombrement calvinienne…
Écrit par : C.C. | samedi, 06 janvier 2007
Moi c'est plutôt Luther qui m'est sympathique. Si les prêtres aujourd'hui avaient une foi aussi vive que celle de Luther…
Écrit par : Lapinos | samedi, 06 janvier 2007
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