Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 15 décembre 2006

Petite anthologie portative 33

        ouais

je viens d'entendre une pub
qui me dit que
John le Paysan fume son propre
bacon.
quel bel
enfant de
pute.

(Charles Bukowski, Le Ragoût du septuagénaire, Poche, 2005)

Petit livre rouge

Les livres qu’on achète plus ou moins au hasard réservent parfois d’heureuses surprises. Ainsi ce traducteur cleptomane, de Dezsö Kosztolányi, déniché la semaine passée au "Furet". Dans une note liminaire, Paul-Jean Franceschini évoque fort justement, à propos de l’auteur, "un humour pince-sans-rire et un goût du fantastique qui jette Alphonse Allais et Marcel Aymé sur les chemins kafkaïens de la Mitteleuropa". La cocasserie, le saugrenu sont en effet, dans ces brèves nouvelles, moins comiques que révélateurs d’un certain désabusement, d’un pessimisme désinvolte, d’une indulgente mélancolie :

"L’humanité, les exemples le prouvent, a été menée à la ruine, au sang, à l’ordure, par ceux qui se sont enthousiasmés pour la cause publique, qui ont pris au sérieux leur mission, qui avec ardeur, avec probité, ont veillé, alors que ses bienfaiteurs ont été ceux qui ne se sont occupés que de leurs propres affaires, qui ont failli à leur devoir, les indifférents, les dormeurs. Le mal n’est pas que le monde soit gouverné avec si peu de sagesse. Le mal est que, si peu que ce soit, il soit gouverné." ("Le Président", in Le Traducteur cleptomane, Viviane Hamy, 2006)

Voilà qui sent son anarchiste de droite. Dezsö Kosztolányi : imprononçable et infréquentable !

Johnny Hallyday s'installe en Suisse

J'en ai rien à foutre.

lundi, 11 décembre 2006

Vocabulaire 6

Palinodie : "discours contraire à un précédent", nous dit Furetière, qui précise : "ce mot n’est en usage qu’en cette phrase proverbiale chanter la palinodie, pour signifier dire le contraire de ce qu’on avait dit auparavant." Si le mot n'est guère en usage, la chose du moins est-elle assez fréquente aujourd'hui. Lang, Chevènement, Sevran... Mais peut-être faudrait-il pour ce dernier parler de résipiscence ?

samedi, 09 décembre 2006

Tant crie l'on Noel... 3

Les pères Noël grandeur nature, comme chaque année à la même période, montent à l'assaut des façades et des balcons — affligeant symptôme de l'infantilisation générale d'une société qui a élevé le kitsch au rang d'une Weltanschauung.

Et cataractæ cæli apertæ sunt

Départ de Lille, hier, sous une pluie diluvienne. Ciel d'encre sur la Champagne et le pays d'Othe. Brève halte pour acheter  du fromage de Soumaintrain, du chaource et du saint-florentin, quelques bouteilles de bourgogne. Vent fou en Puisaye. Un arbre déraciné coupe la route de Toucy, il faut se détourner par Villiers-Saint-Benoît. Le joli bourg est désert. On n'est pas loin du Montigny de Claudine : "C'est un village, et pas une ville : les rues, grâce au ciel, ne sont pas pavées ; les averses y roulent en petits torrents..."

How would you like to live in Looking-glass House, Kitty ?

medium_Looking_glass.2.jpgSignalisation carrollienne : "Priorité véhicules dans miroir."
L'avertissement est étrange et vaguement comminatoire : on hésite à s'engager sur ces départementales désertes qui s'enfoncent dans la forêt...
Quand nous aurons passé le pont, les fantômes viendront-ils à notre rencontre ? Nous ne croiserons, dans la tempête, que la voiture jaune du facteur.

samedi, 02 décembre 2006

Poètes et joueurs de quilles

Dans son numéro anniversaire de décembre, le Magazine littéraire reprend un entretien avec Yves Bonnefoy, initialement publié dans le numéro de juin 2003. Très beau texte, dans lequel les mots de la tribu donnent à entendre l'une des plus hautes exigences poétiques de notre temps : "Je ne fais guère de place à l'événement, au fait historique, dans mes poèmes, mais ce refus de l'évocation directe ne signifie pas du tout que je ne sois pas concerné autant qu'un autre par l'état présent du monde : en fait celui-ci m'inquiète, m'alarme même, et me scandalise. Et comme aussi je suis convaincu que ce désastre est en rapport direct avec la situation de la poésie, je ne suis pas sans éprouver le sentiment d'une responsabilité particulière, aussi limitée soit-elle, à l'égard, sinon des événements, du moins de l'interprétation que l'on peut en faire et de l'éventuelle remise en ordre..."
Il faudrait tout citer. On peut aussi relire les poèmes graves et laconiques de Douve ou de Pierre écrite :
 
        Tu as pris une lampe et tu ouvres la porte,
        Que faire d'une lampe, il pleut, le jour se lève.

La bonne peinture 3

À propos des photographies de Desiree Dolron, Luc Desbenoît note, dans Télérama, que celle-ci "met au jour une évidence : contrairement à la peinture, un cliché donne toujours l’impression d’être en contact direct avec le réel. Donc avec le vrai." Voilà une assertion totalement gratuite, pour ne pas dire inepte. La pâte épaisse de tel Fautrier, la matière composite de certains Rebeyrolle ou Dubuffet sont d’une indiscutable concrétude. La part de tarte oubliée par Bonnard sur la table du goûter nous fait encore saliver. Sa peinture, comme celle du Lafleur de Marcel Aymé, est "si riche, si sensible, si fraîche, si solide, qu’elle [constitue] une véritable nourriture et non pas seulement pour l’esprit, mais bien aussi pour le corps." ("La bonne peinture" in Le Vin de Paris, Folio 1515, p.173)

"La noble antiquité qui se jouait si joliment..."

Version inédite du jeu de l'oie, selon les anciennes éditions du dictionnaire de l'Académie :
"On dit tirer l'oie pour exprimer une sorte d'exercice que font les bateliers en attachant à une corde sur la rivière une oie en vie, qu'ils sont obligés d'arracher par morceaux avec les dents."
Variante, selon Littré : "Tirer l'oie se dit d'un jeu barbare qui consiste à attacher une oie par le cou et à y lancer des bâtons jusqu'à ce que le cou ait été rompu."
On savait s'amuser, autrefois.