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mercredi, 19 avril 2006

Bucolique 2

UN PRODIGE

Alors les vaches, toutes ensemble,
se tournèrent vers moi
pour me bénir

(André Frénaud, Hæres, 1982)

Avec, avec...

Eugénie Droz, la fondatrice de l'austère maison d'édition, vue par Paul Léautaud en 1934 :
"Il faisait très chaud. Elle était en corsage léger, sans manches, les bras nus. À un moment, elle a levé un bras : très poilue aux aisselles. Pas jolie, mais le visage vif, hardi, l'air polisson."
(Lettres à Marie Dormoy, Albin Michel, 1966, p. 74)
Depuis que j'ai lu ces lignes, je ne puis ouvrir un volume des très sérieux "Travaux d'Humanisme et Renaissance" sans être troublé par l'évocation fugitive des aisselles moites de l'érudite libraire de la rue de Tournon.

lundi, 17 avril 2006

Lundi férié

Laver la ouature est un des plaisirs du week-end : on fait la queue à la station de lavage self-service.

dimanche, 16 avril 2006

"Clou de girofle d'éternité..."

Fin de soirée pascale. J'écoute Albert Ayler (Heavenly Home) en feuilletant les Odes et fragments de Sapphô — traduction d'Yves Battistini. Cadeaux du jour.

Sapphô (pourquoi pas Sapho, tout simplement ?) :
"S'est refroidie l'ardeur des colombes,
leurs ailes ne battent plus."

Je crois que je préférais la version plus ancienne de Théodore Reinach :
"Les colombes sentent refroidir leur cœur
et laissent tomber leurs ailes."
Albert Ayler joue à présent Infinite Spirit. Tout aussi circonstanciel finalement — et beaucoup moins redondant — que l'Historia des Auferstehung Jesu Christi de Schütz, entendue ce matin. J'ai aussi à portée de main le tout neuf et volumineux Bestiaire du Christ, de Louis Charbonneau-Lassay (presque 1000 pages), dont je réserve la sanctifiante lecture à de plus banales journées.

"Mes trois plus jeunes tourteaux ont eu la citronnade"

Tout en faisant ma gymnastique matinale, j’écoute distraitement l’émission consacrée au jardinage, sur France-Inter. Le présentateur comparse d’Alain baraton, chargé de lire à l’antenne les questions des auditeurs, parle de pucerons laginères et de pivoines abrasives. Cet individu est-il dyslexique ou simplement idiot ?

L'obscène 7

Poètes de l’obscène, de la déchirure et du désir douloureux : Pierre Jean Jouve, Paul Valet, Jude stéfan. De ce dernier, Alme Diane, placé sous l’invocation de louise labé et maurice Scève, nous offre l’exemple étrange d’un pétrarquisme anachronique, ambigu, d’un lyrisme glacé hésitant entre sublime et sordide — au sens où l’on parle d’un ulcère sordide : qui fournit une suppuration sanieuse ou de mauvaise nature.

Quand "en mon absence qu’as-tu fait ?"
quêtent tes yeux revus mon corps alors
avoue. à tel ventre quand je me prostitue
charogne sur lui agitée après œillade
précise des rues — dans des draps dans
les ruelles ou les bouges — je t’évoque
ange indifférent et plus haineux encore
vit mon venin lancé moins oubliée tu
es trônant comme effigie sur un mur sans
charité. De te perdre moi qui hurlai
voici que de ma liberté je m’étonne
(par nos noms nous qui nous embrassions
dans les songes nous qui nous mêlâmes)
à moi-même tant je suis étranger ! L’effroi
jaloux je ne le connais plus ton image
plus ne me saute au cœur

 

(Alme Diane, XVIII, Le Temps qu'il fait, 1986)

 

 

samedi, 15 avril 2006

Phytonymes

En rentrant du Nord, cette semaine, petit détour par la Côte des Bar et le Tonnerrois.
Au-dessus d'Essoyes, cadoles en ruines et feux de sarments dans les vignes, entourées de sapinières. Sur les talus, on trouve la pulsatille de Haller, qu'on appelle aussi barbe-du-diable, poil-au-cul, herbe-au-vent, coquelourde ou coquerelle ; en lisière des bois pousse l'ellébore fétide, dite encore pied-de-griffon, rose-de-serpent, pain-de-couleuvre ou patte-d'ours.

lundi, 10 avril 2006

Bout du village

De l'autre côté de la route, en contrebas, dans le brouillard, un sapin fantomatique et dépenaillé, qui semble sorti d'une gravure d'Hercule Seghers. Sur le talus, au pied du banc public, une longue banderole de papier hygiénique rose, détrempée par la pluie froide. Personne aujourd'hui ne viendra s'asseoir sous les marronniers.

dimanche, 09 avril 2006

Votez dur, votez mou...

Élections en Italie. On votait aussi le dimanche 14 juin 1987. Ceronetti notait ce jour-là, dans ses Carnets : "Et ils vont encore voter, ces idiots... mais vous le regretterez : des urnes, il ne sort que crétins et démons." Démons ? c'est faire beaucoup d'honneur aux élus du peuple, à ceux qu'en France Villepin qualifie aimablement de "connards" (voir le Nouvel Observateur de cette semaine).

"Una cosa più triste..."

"On veut consommer !" C'est ce que proclamaient les étudiants qui ont investi, hier matin la galerie marchande d'un hypermarché de Toulouse. Ceux-là reprendront peut-être à leur compte, dans quelques années, la réflexion de Cesare Pavese : "Il y a une chose plus triste que rater ses idéaux : c'est les avoir réalisés."