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mardi, 25 octobre 2005

Le grand style 6

"Et c'était pour la première fois, après vingt-trois ans, comme l'éveil de je ne sais quoi de tendre qui sommeille toujours, même imprécis et inavoué, au fond des amitiés que l'on a pour les femmes lorsqu'elles sont jolies ou finissent à peine de l'être."
(Pierre Loti, "Passage de Carmencita", in Figures et choses qui passaient, Nelson, s.d.)

Smoking / No smoking 2

Bibliographie tabagique embryonnaire :

La poésie ne part pas en fumée, Paris, Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1978.
Dr William T. Whitby, Vive le tabac, préface du Dr José Bacri, Paris, M.A. Éditions, 1988.
Jean-Jacques Brochier, Je fume et alors ?, Paris, Les Belles Lettres, 1990.
Stéphane Hoffmann, Le Bon Tabac. Traité sur les bienfaits du tabac, Paris, Albin Michel, 1996.

"Fumez donc, tas de clampins, ça chasse la maladie, et ça distrait !" (Le docteur Desgenettes, médecin militaire de l'expédition d'Égypte, aux pestiférés de Jaffa. Cité par S. Hoffmann)

lundi, 24 octobre 2005

Quasi filii obedientiæ...

L'essai d'Abraham Moles sur le kitsch (Psychologie du kitsch, Mame, 1971) est sous-titré "L'Art du bonheur". La formule pourrait s'appliquer assez justement à la peinture de Maurice Denis : scènes d'intérieur, maternités, mais aussi compositions religieuses.
Il s'agit moins, dans ce dernier cas, de "récupérer" une "émotion esthétique" au "profit " de "la religion séculière" — démarche caractéristique, selon Moles, du "kitsch religieux" — que de satisfaire à une fascination intime et nostalgique, celle de l'innocence d'avant la chute, d'avant la "mue périlleuse" et la conscience du péché.
Merveilleux visages de fillettes, si purs, si confiants, dans cette Vierge à l'enfant... On s'attend à entendre s'élever les notes du Pie Jesu de Lili Boulanger...

Politique 2

En 1900, Laurent Tailhade rassemblait un choix de textes polémiques — liés pour la plupart à l'Affaire Dreyfus — sous le titre Imbéciles et gredins. Aujourd'hui encore, ces deux termes suffisent à esquisser une typologie fort acceptable de la classe politique.

dimanche, 23 octobre 2005

Smoking / No smoking

Autrefois, les Craven "A" avaient un bout de liège — "cork tipped", était-il précisé sur le paquet. Les cigarettes Week-end, commercialisées par le SEITA dans les années 60, présentaient la même particularité. "C'est pour ne pas se salir les lèvres", précisait un des clochards du film Porte des Lilas...

Aujourd'hui, comme tout le monde, je m'efforce de renoncer au tabac. L'embout de pseudo-liège ("plain-tipped") se révèle, paraît-il, d'une faible efficacité pour prévenir le cancer du fumeur.

Béotisme 2

France Musique, ce matin. Un musicologue fort savant — ou peut-être un interprète — pontifie et nous assène une explication de texte musicale, illustrations au piano à l'appui. Ce pédantisme satisfait ! Quel ennui pour l'auditeur qui n'a jamais su déchiffrer une partition !
Faut-il, pour goûter Proust, connaître la définition de l'hyperhypotaxe, les règles d'accord du participe passé des verbes pronominaux ? Je pense à Cadou :
"La sémantique ? connais pas !
Je me ris de l'anacoluthe
Dites-moi quels sont ces gravats
Qui dégringolent sur mon luth !"
 
("Le portrait fidèle", in Les Biens de ce monde, 1949-1950)

samedi, 22 octobre 2005

Vocabulaire

Au hasard de la toile, je tombe sur une page d'invectives adressées au "Stalker". Je n'ai pas retenu l'identité du cacographe auteur de ce torchon virtuel, ni cherché à démêler les motifs de sa hargne. Me frappe, en revanche, qu'il puisse reprocher à son adversaire — et en tirer argument à charge — la richesse de son vocabulaire. Que celle-ci amène le clabaudeur à prendre conscience de sa propre indigence lexicale l'autorise-t-il à ricaner de ceux qui possèdent un dictionnaire et savent l'utiliser ? L'ignarerie satisfaite ignore toute vergogne.

Ectoplasme

J'ai cru un moment que Marc-Édourd Nabe existait vraiment !

vendredi, 21 octobre 2005

Scatologie 3

À propos de "l'opacité sémiotique de l'étron" — ou de la légèreté qu'il y aurait à réduire la scatologie à la grosse et grasse plaisanterie :
"L'excrément, tant qu'il est dans le corps, est accepté : il n'est pas séparé de l'unité du microcosme ; isolé, il épouvante et répugne, à cause de l'odeur d'âme dénudée et anonyme qu'il exhale."
(Guido Ceronetti, Le Silence du corps, Poche, 1988)

La bonne peinture

Je crois me rappeler que, dans l'une des nouvelles réunies sous le titre Le Vin de Paris, Marcel Aymé développe l'idée cocasse de tableaux ayant la particularité de rassasier le badaud famélique qui les contemple : des "croûtes" nourrissantes, en quelque sorte.
La réalité, une fois de plus, dépasse la fiction, comme en témoigne une dépêche de l'A.F.P. en date du 17 octobre. Mieux que la peinture nutritive, c'est la peinture laxative que vient en effet de découvrir une chercheuse suédoise de l'université Ersta Sköndal. Pris pour cobaye, un groupe de vieilles dames à l'intestin paresseux, invitées régulièrement à admirer et à commenter des œuvres d'art, a permis de mettre en évidence les effets bienfaisants de l'imprégnation esthétique sur le transit.