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lundi, 24 octobre 2005

Quasi filii obedientiæ...

L'essai d'Abraham Moles sur le kitsch (Psychologie du kitsch, Mame, 1971) est sous-titré "L'Art du bonheur". La formule pourrait s'appliquer assez justement à la peinture de Maurice Denis : scènes d'intérieur, maternités, mais aussi compositions religieuses.
Il s'agit moins, dans ce dernier cas, de "récupérer" une "émotion esthétique" au "profit " de "la religion séculière" — démarche caractéristique, selon Moles, du "kitsch religieux" — que de satisfaire à une fascination intime et nostalgique, celle de l'innocence d'avant la chute, d'avant la "mue périlleuse" et la conscience du péché.
Merveilleux visages de fillettes, si purs, si confiants, dans cette Vierge à l'enfant... On s'attend à entendre s'élever les notes du Pie Jesu de Lili Boulanger...

Commentaires

Les chats attendent la digestion pour tuer le serpent...

Écrit par : pre-dateur | mardi, 25 octobre 2005

Je ne connais pas ce bouquin mais l'analyse psychologique que vous décrivez me paraît assez limitée. Les préraphaëlites, indéniablement kitschs sont fréquemment morbides, voire macabres. Notez qu'ils ont un point commun avec Maurice Denis, une volonté affichée (certainement plus sincère chez ce dernier), c'est le retour aux sources (à la source, même, devrais-je dire). La théorie a d'ailleurs "étouffé" un peu Maurice Denis.

N'oublions pas que le style, c'est surtout l'homme. L'importance du tempérament ! Il évite sans doute à certains de ne pas être écrasés par leur côté kitsch ; ici je pense à Delacroix, Barbey d'Aurevilly (c'est presque un peintre). Il est donc très difficile de généraliser, du moins le fera-t-on plus utilement en approchant la peinture par l'Histoire.

Je ne peux résister au plaisir - assez kitsch - de citer Chardonne (à peu près), puisque l'occasion m'en est donnée une nouvelle fois : "La psychologie c'est comme allumer une lampe dans un soupirail : on croit s'éclairer, en réalité on s'aveugle."

Pardonnez-moi d'avoir été aussi long et aussi sérieux.

Écrit par : Lapinos | mardi, 25 octobre 2005

Une fois encore, le débat est confucéen : « Si le langage n’est pas adéquat, etc. » Tout dépend du champ sémantique que l’on associe au kitsch, de la perspective selon laquelle on se place : esthétique — et c’est alors, pour faire vite, le mauvais goût qui constitue le critère définitionnel privilégié ; sociologique ou philosophique — et c’est l’arrière-pensée « idéologique » que l’on retient. « Le kitsch, comme nous le rappelle Kundera (« L’Art du roman »), est autre chose qu’une simple œuvre de mauvais goût […] c’est le besoin de se regarder dans le miroir du mensonge embellissant et de s’y reconnaître avec une satisfaction émue. » L’art religieux post- ou néo-sulpicien, dont Denis n’est parfois pas très éloigné (quoique l’on ait pu, à son propos, invoquer Fra Angelico) me semble bien ressortir à ce kitsch-là…
C.C.

Écrit par : C.C. | mardi, 25 octobre 2005

Précision : le tableau de Maurice Denis, dont je ne possède qu'une assez mauvaise reproduction en noir et blanc, s'intitule en réalité "La Vierge à l'école" (1903, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique).
C.C.

Écrit par : C.C. | mardi, 25 octobre 2005

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