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mercredi, 24 août 2005

Blogorrhée 2

Blogs intimes :

"Vies minuscules"
"Petites vies punctiformes".

Petites bulles de médiocrité et de néant.

"Démocrite... Combien ? Mettons : Démocrite, 400 000.
Saint François d'Assise, 50 000 000.
Kosciuszko, 500 000 000.
Brahms, 1 000 000 000.
Gombrovicz, 2 500 000 000.

Les chiffres placés après chaque nom représentent l'"horizon humain" du personnage envisagé, c'est-à-dire à combien à peu près il évaluait la population de son temps — comment il se voyait lui-même en tant qu'"un parmi beaucoup d'autres". Combien d'autres ? Je mets des chiffres au hasard... mais j'estime qu'il serait judicieux d'associer des chiffres à chaque nom de façon qu'on puisse connaître non seulement le nom d'un homme mais aussi sa place parmi les autres."

(Gombrovicz, Journal, vol. 2, Folio, 1995)

mardi, 23 août 2005

Petite anthologie portative 2

Una vita

Chi l'ha ritrovato
il soldo rotolato
sotto il cassone ? 

(Leonardo Sinisgalli, Dimenticatoio, 1978)

Un avis autorisé

"... le recours à la science-fiction, c'est déjà un signe de faillite chez un romancier." (Angelo Rinaldi — de l'Académie française — in "Un Houellebecq tombé du camion", Le Figaro littéraire, 18 août 2005)
Raymond Cousse à Angelo Rinaldi, en 1983 :
"... de grâce, cessez d'ériger vos trouducuteries infâmes en morale littéraire." (À bas la critique, Grenoble, Éditions Cent pages, 1998)

lundi, 22 août 2005

Eheu ! fugaces labuntur anni

À la fin des années 80, j'hébergeai pendant quelque temps chez P.G., rue Eugène-Gilbert, à Clermont-Ferrand.
Je lisais Pessoa. La voisine d'en face, chaque matin, allait et venait dans sa cuisine en petite culotte bleue...
Les "Tripes à la mode de Caen" de la traduction d'Armand Guibert sont redevenues, dans l'édition de la Pléiade, les tripes à la mode de Porto — "Dobrada à moda do Porto" — qu'elles n'auraient jamais dû cesser d'être. Même froides.
Mais où est aujourd'hui la belle dame peu frileuse ?
Il n'en reste que l'image fantasmée, pérennisée par le pinceau complice de l'artiste. L'image de la culotte, le nom de la rose...

dimanche, 21 août 2005

Météo

p!luie pl!uie plu!ie plui!e
plu!ie plui!e p!luie plu!ie
pl!uie plu!ie plui!e p!luie
plui!e p!luie plu!ie pl!uie

(Pierre Garnier, "Le jardin japonais"
in 120 poètes français d'aujourd'hui, Montpellier, Maison du Livre et des Écrivains, 1992))

Suicides

Il y a un peu plus de trois mois que Tristan Egolf est allé rejoindre John Kennedy Toole et Richard Brautigan.

Qui s'en soucie ?

 

samedi, 20 août 2005

Crash 2

Aujourd'hui : deux morts dans le crash d'un Tracker en Ardèche.

Un peu juste pour figurer dans la liste des "accidents d'avion les plus mortels" (sic) qu'on peut découvrir sur le site du Nouvel Observateur. Peut mieux faire.

Petite anthologie portative

The Red Wheelbarrow 

so much depends
upon

a red wheel
barrow

glazed with rain
water

beside the white
chickens

(William Carlos Williams, Collected Poems, 1934)

The Academy of American Poets

Parataxes

"Un animal se forme un œil en déterminant des excitations lumineuses éparses et diffuses à se reproduire sur une surface privilégiée de son corps. L'œil lie la lumière, il est lui-même une lumière liée [...] Or cette liaison est une véritable synthèse de reproduction, c'est-à-dire un Habitus."
(Gilles Deleuze, Différence et répétition, cité en épigraphe in Habitus de James Flint, Folio, 2004)
"Créer des concepts toujours nouveaux, c'est l'objet de la philosophie. C'est parce que le concept doit être créé qu'il renvoie au philosophe comme à celui qui l'a en puissance, ou qui en a la puissance et la compétence. On ne peut pas objecter que la création se dit plutôt du sensible et des arts, l'art fait exister des entités spirituelles, et tant les concepts philosophiques sont aussi des sensibilia. À dire vrai, les sciences, les arts, les philosophies sont aussi créateurs, bien qu'il revienne à la philosophie seule de créer des concepts au sens strict. Les concepts ne nous attendent pas tout faits, comme des corps célestes. Il n'y a pas de ciel pour les concepts. Ils doivent être inventés, fabriqués ou plutôt créés, et ne seraient rien sans la signature de ceux qui les créent."
(G. Deleuze, "Les conditions de la question : Qu'est-ce que la philosophie ?", Chimères n° 8, 1990)
"Après quoi, il n'y a plus eu de peinture sans le problème de la peinture, d'art sans le problème de l'art, de littérature sans le problème de la littérature. La conceptualisation a commencé quand l'intellect s'est emparé de l'acte créateur, le dérobant à l'inspiration et le réservant pour lui seul, et quand la science ratiocinante a rayé de la carte, en même temps que la Beauté, l'Émerveillement et l'Étonnement."
(Raffaele La Capria, La Mouche dans la bouteille, climats, 2005)

Titres

Livres qu'on achète pour leur titre :

La Djingine du Théophélès (André Martel, Cheval d'attaque, 1975)

On ne peut pas s'étouffer avec des vermicelles (Sergi Pàmies, Chambon/Le Rouergue, 2003)

Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit (Mark Haddon, Nil Éditions, 2004)

Pourquoi l'enfant cuisait dans la polenta (Aglaja Veteranyi, L'Esprit des péninsules, 2004)

Heurs et malheurs du trou du cul (Francisco de Quevedo, Mille et une nuits, 2004)

Un critère qui en vaut un autre...