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mercredi, 07 septembre 2005

Barbarement parlant

Vialatte se scandalisait qu'on pût écrire Natalie avec une H. Il est tout aussi exaspérant de constater que la plupart des gens qui font plus ou moins métier d'écrire s'obstinent à traiter l'initiale du mot hiatus comme une "aspirée". Ce que, paradoxalement peut-être, elle n'est pas.

Deux exemples, que je relève le même jour :

"Dieu seul, à en croire les théologiens, ne connaît point de hiatus entre pensée et conséquence." (George Steiner, Dix raisons (possibles) à la tristesse de pensée, traduction de Pierre-Emmanuel Dauzat, Albin Michel/Idées, 2005, p. 101)

"... un clavecin assure le continuo pendant les tutti, sans grand profit musical, et avec un risque de hiatus dérangeant." (Jean-Luc Macia, Diapason, n° 528, septembre 2005, p. 92)

Dérangeant, c'est le mot.


Nous parlerons un autre jour des délicatesses de langage des traducteurs. Voir par exemple les cacographies qu'on relève dans la traduction du remarquable Ghostwritten, de David Mitchell, ouvrage traduit avec le concours du Centre National du Livre (sic) sous le titre, déjà discutable, d'Écrits fantômes (la version allemande s'intitule plus judicieusement Chaos)...

Excuse cryptique façon sanglots longs

"... et continuo exivit sanguis et aqua."

Il a trois trous rouges au côté droit.

Trous dans la viande, trous dans le blog.
Post hoc ergo propter hoc ?

lundi, 29 août 2005

Petite anthologie portative 4

Once having shat
in his new apartment,
he began to feel at home.

(W. H. Auden, Shorts, 1976)

dimanche, 28 août 2005

Le grand style 2

"Mon serviteur, hier, a manqué se casser la margoulette en dégringolant du haut d'un noyer où il lochait des cerneaux. Il s'est poché l'œil, écorché la main et meurtri le dos."
(G. Flaubert, lettre à sa nièce, 9 septembre 1873)

Blogorrhée 3

Blogs intimes : cette insondable niaiserie, ces pitoyables déjections analphabètes, cette absence de toute pudeur relèvent tout simplement de l'obscène, "[rudoient en nous] le sens de la propriété, de la réserve et de la décence, et cela de façon telle qu'il en [résulte] une tangible impression physique, en l'occurrence un véritable malaise, un hérissement du poil, une impatience nerveuse que cela finisse..." (Renaud Camus, Le Bord des larmes, P.O.L., 1990)

Petite anthologie portative 3

Quand j'ai dû partir
ma sœur, petite encore, criait
"je voudrais des chaussures avec des lanières rouges"

(Takuboku, Fumées, 1910)

samedi, 27 août 2005

Houellebecq

Où est le bec ?

Bonne question : en ce moment on ne voit guère que le trou du cul.

A small, good thing

"... a small, good thing in a time like this."

La formule de Carver pourrait assez bien s'appliquer à la lecture des petits romans de Modiano. Fleurs de ruine, La Petite Bijou, Accident nocturne, que je referme à l'instant, se lisent avec bonheur et désinvolture, comme on fume une cigarette. C'est toujours la même chose, mais le charme continue d'opérer, malgré les procédés d'écriture et le ressassement des thèmes.

Sans doute le pouvoir de séduction de ces textes tient-il autant à la complicité ambiguë qu'ils instaurent avec le lecteur, qu'à leur fragilité même, à la minceur des ficelles qui les exposent à la malveillance du premier pasticheur venu.

Mozart et le tam-tam

Hier : une après-midi entière à rechercher — en vain — une remarque de George Steiner sur les mérites respectifs de Mozart et du tam-tam... On se dit toujours qu'il faudrait noter ces phrases qui, si elles étaient écrites "avec l'aiguille sur le coin intérieur de l'œil", seraient "matière à réflexion à qui réfléchit respectueusement" ; on ne le fait jamais. Paresse ou désinvolture relevant de l'acte manqué : on se ménage ainsi le plaisir de relectures ultérieures. Un peu comme si l'on oubliait délibérément son chapeau ou son parapluie chez un ami...

mercredi, 24 août 2005

Le grand style

Nouvelle dette envers Scutenaire.

"Les oies sont criardes et revêches. Le cou haut comme les cygnes, elles ont la lourdeur des hippopotames. Une graisse soleilleuse recouvre leurs cuisses, inhabiles à la marche mais faites pour les palais. Elles vont, le bec au ciel, en un dandinement immonde, comme des matrones gorgées d'amour et de matières fécales."

(Joseph Delteil, Les Cinq Sens, Éditions Collot/Le Temps qu'il fait, 1993)

Les Cinq Sens : deux cents pages de "grand style" à l'état brut.