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samedi, 15 octobre 2005

Logomachies

La publication du pamphlet de Jean-Paul Brighelli, La Fabrique du crétin (deuxième au classement des ventes établi par Le Nouvel Observateur — catégorie "essais", pour la semaine du 13 octobre), suscite — et c'était sans doute en partie le but recherché — quelques remous. Ce n'est pas "le Grand Combat" façon Michaux : on ne s'emparouille que verbalement, et il est peu probable que l'issue de l'affrontement nous livre le mot du "Grand Secret" pédagogique.

Il est tout de même réjouissant de voir avec quelle hargne se rebiffent les barbacoles mis en cause, inspecteurs-flics ou calamiteux apprentis sorciers des "sciences de l'éducation" — tous individus ayant depuis longtemps "fui par le haut", jugeant plus confortable d'élucubrer leurs théories fumeuses que d'affronter les réalités de l'enseignement au quotidien.

Voir la tribune d'un certain Pierre Frackowiak dans les Cahiers Pédagogiques et la réponse de J.-P. Brighelli audit Frackowiak. Intéressante aussi, la lettre ouverte de Roger Monjo à Brighelli, également accompagnée d'une réponse de ce dernier et du courrier édifiant d'un ancien élève.

jeudi, 13 octobre 2005

Bukowski 2

Dans Libération, recension par Philippe Lançon de la Correspondance de Bukowski, qui paraît chez Grasset. On y apprend que le "Vieux Dégueulasse" aimait à citer Pascal, dont il transcrivait les Pensées de façon très personnelle : "Seules les choses faites dans la plus grande quiétude et dans la sainteté, sans avoir pour but la célébrité, valent mieux que la merde façon compote de pommes que chie une dinde." Et P. Lançon d'ajouter : "Peut-être l'original était-il : 'Tout l'éclat des grandeurs n'a point de lustre pour les gens qui sont dans les recherches de l'esprit.'"
Quand on voit le style naturel, etc.

Petite anthologie portative 9

MATHEMATICIAN'S
LOVE LETTER

My little catastrophe

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(Kenneth White, Handbook for the Diamond Country, 1983)

 

 

Paix des pâtis

Les vaches, autrefois, regardaient passer les trains ; les chiens poursuivaient les automobiles de leurs abois rageurs. Dans nos campagnes, sillonnées à longueur de temps d'engins bruyants, c'est le promeneur à pied qui est aujourd'hui offert à la curiosité bovine et à la fureur des mâtins.

Histoires à dormir debout

Sur le caractère factice des "récits de rêves", démythification par l'exemple dans "Des récits de rêves à foison", de R. Queneau (Contes et propos, 1981) : "Naturellement, aucun de ces rêves n'est vrai, non plus qu'inventé. Il s'agit simplement de menus incidents de la vie éveillée. Un minime effort de rhétorique m'a semblé suffire pour leur donner un aspect onirique. C'est tout ce que je voulais dire."

mercredi, 12 octobre 2005

Bucolique

"... la nature est éternellement jeune, belle et généreuse. Elle verse la poésie et la beauté à tous les êtres, à toutes les plantes, qu'on laisse s'y développer à souhait. Elle possède le secret du bonheur, et nul n'a su le lui ravir. Le plus heureux des hommes serait celui qui, possédant la science de son labeur, et travaillant de ses mains, puisant le bien-être et la liberté dans l'exercice de sa force intelligente, aurait le temps de vivre par le cœur et par le cerveau, de comprendre son œuvre et d'aimer celle de Dieu."

(George Sand, La Mare au Diable, 1848)

"... la nature est un sacré bon système. C'est incroyable comme ça fonctionne, comme ça n'arrête pas de se renouveler par la merde. Oui, par la merde. D'abord on cultive la terre pour faire pousser des trucs. Du foin, du blé, de l'avoine, des légumes, du maïs, des betteraves, tout ce dont on a besoin pour nourrir les animaux, les engraisser pour qu'ils soient fin prêts pour l'abattoir et qu'on puisse nous se gaver de leur viande. Mais avant de mourir, ces animaux, ouahou ! qu'est-ce qu'ils peuvent chier ! Bien sûr, nous les humains nous chions aussi après avoir dévoré ces animaux, et éventuellement toute cette merde retourne dans le sol pour l'enrichir, pour que les choses poussent plus vite dans la terre, et qu'elles soient plus nourrissantes et plus riches, et tout ça grâce au fumier. Et ça continue comme ça sans arrêt. Quel beau système que celui de la nature. Ça n'arrête pas de recommencer grâce à la merde."

(Raymond Federman, Retour au fumier, Éditions al dante, 2005)

Heidegger ad usum Delphini

J'apprends par la radio — mais la chose n'est peut-être pas nouvelle — qu'il y aurait maintenant des "ateliers-philo" à l'école maternelle. Cette initiative pédagogique, due vraisemblablement au génie inventif de quelque branquignol genre Meirieu, a de quoi laisser perplexe, quand on sait les résultats que donnent nos méthodes d'apprentissage de la lecture — activité qu'on pourrait juger pourtant moins abstruse que la pratique de la métaphysique...

Cynégétique 7

"La souffrance inutile d'avoir à tuer des oiseaux."
(Mathieu Riboulet, Le Corps des anges, 2005)

mardi, 11 octobre 2005

Consolation pour les usagers du train

"... beaucoup de trains étaient partis et beaucoup d'autres étaient arrivés. Presque tous en retard. D'ailleurs le retard était une sorte de service public. Qu'est-ce qui angoisse le plus l'être humain ? Son impuissance face au temps qui passe. Le temps passait, inexorable, même à la gare centrale. Mais il y avait le RETARD. Et le retard, s'il n'arrête pas le temps, permet néanmoins de prolonger le moment, de prolonger l'attente en soupirant peut-être. Et tous ceux qui soupiraient, qui pestaient avec ingratitude contre les retards, ignoraient à quel point, précisément grâce à ce retard, ce moment de leur vie, l'attente, se prolongeait généreusement par rapport à tout autre moment passé et à venir."
(Andrea G. Pinketts, Le Vice de l'agneau, Rivages/Noir, 2001)
Tirées d'un roman riche en formules aphoristiques, ces variations sur le thème de la fuite du temps devraient mettre un peu de baume au cœur des usagers de la S.N.C.F. ; de tous ceux qui battent chaque jour la semelle sur des quais venteux ; de tous ceux qui poireautent dans le sordide ennui des buffets ; de tous ceux que le hasard d'un "mouvement du personnel" a laissés en rade à Limoges ou à Vierzon un soir de pluie...

L'obscène 4

Il y a quelque chose d'indécent à rapporter ses rêves — Exhibe-t-on un avorton dans un landau ?

L'intérêt des Surréalistes pour la psychanalyse et l'onirocritique a contaminé toute une génération d'écrivains qui nous infligent le récit de leurs aventures somniales. Aussi intéressant qu'un malade fier de montrer à l'infirmière une demi-érection matinale.