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vendredi, 21 octobre 2005

La bonne peinture

Je crois me rappeler que, dans l'une des nouvelles réunies sous le titre Le Vin de Paris, Marcel Aymé développe l'idée cocasse de tableaux ayant la particularité de rassasier le badaud famélique qui les contemple : des "croûtes" nourrissantes, en quelque sorte.
La réalité, une fois de plus, dépasse la fiction, comme en témoigne une dépêche de l'A.F.P. en date du 17 octobre. Mieux que la peinture nutritive, c'est la peinture laxative que vient en effet de découvrir une chercheuse suédoise de l'université Ersta Sköndal. Pris pour cobaye, un groupe de vieilles dames à l'intestin paresseux, invitées régulièrement à admirer et à commenter des œuvres d'art, a permis de mettre en évidence les effets bienfaisants de l'imprégnation esthétique sur le transit.

Meilleures ventes

Qu'un livre figure sur la liste des "meilleures ventes" du moment semble constituer aujourd'hui un argument publicitaire de poids. L'utilisation de ce type d'argument sophistique — tout aussi inepte que le "Vu à la télé", figurant sur l'emballage de tel coupe-œuf ou telle moulinette universelle — est révélatrice du mépris dans lequel on tient le lecteur — pardon : le client potentiel. Celui-ci est supposé suivre le troupeau, ne pas vouloir être en reste. Le succès commercial, érigé par un tour de passe-passe en critère de qualité, lui désigne le bon choix, lui évite l'erreur et le souci d'avoir à se faire une opinion personnelle. La littérature ou, plus modestement, le plaisir du texte n'ont pas grand-chose à voir là-dedans...
Il y a presque un demi-siècle, déjà, Gombrowicz nous mettait en garde : "C'est sans doute un malentendu complet que de faire entrer l'art authentique dans les catégories du marché, du nombre de lecteurs, de l'offre et de la demande. Il n'y a aucun rapport. L'art de n'est pas de fabriquer des romans minables pour les faire lire ; c'est un commerce spirituel..." (Journal, IX, 1961)
Il faudrait peut-être relire Gombrowicz...

Scatologie 2

Hier, au courrier, le numéro 22 d'Humoresques, daté de juin 2005 et consacré aux "rires scatologiques". L'illustration de couverture, signée Charb, esquisse une typologie fécale d'un mauvais goût réjouissant : ainsi l'étron "crétin" se présente-t-il sous la forme d'un ouvrage de B.-H. L. Pour le reste, beaucoup de ces "commentaires trop savants imprimés en caractères trop petits" (selon l'expression d'Audiberti) et quelques raccourcis axiomatiques à méditer : "... dès que s'impose l'opacité sémiotique de l'étron, le rire du lecteur se fige." (Gilles Bonnet et Lionel Verdier, "Telle merde, tel chien")

jeudi, 20 octobre 2005

Petite anthologie portative 10

LETTRES, LIGNES

 

Mériterait une mort paisible
tout scribe qui dans la nuit
prend plume et se penche sur le papier.

 

(Janos Pilinszky, Même dans l'obscurité, trad. Lorand Gaspar et Sarah Clair, Gallimard, 1982)

Prophylaxie

Alors que la grippe aviaire menace l'Europe, on méditera ce conseil dicté par le bon sens :
"Nous répéterons, à propos de l'espèce galline, ce que nous avons dit ailleurs pour les pigeons, savoir : que le plus souvent il est préférable de tuer et manger ou vendre l'animal que l'on soupçonne de maladie..."
(A. Gobin, Traité des oiseaux de basse-cour, d'agrément et de produit, Audot, ca 1890)

mercredi, 19 octobre 2005

Colère de la souris

Dans les Aventures d'Alice au pays des Merveilles, la souris se fâche pour une question d'homophonie — un malentendu, au sens littéral du terme... Montaigne l'avait déjà fait observer : "La plupart des occasions des troubles du monde sont Grammairiennes." (Essais, II, 12) — et avant lui Confucius : "Si les noms ne sont pas ajustés, le langage n'est pas adéquat. Si le langage n'est pas adéquat, les choses ne peuvent être menées à bien." (Confucius, Entretiens du Maître avec ses disciples, XIII, 3, Mille et une Nuits, 1997)
Ainsi, les imperfections et les ambiguïtés de notre langage nous conduisent, pour notre malheur et pour notre plaisir, à discuter à tout propos, à perte de vue...

Un avis autorisé 5

"Il faut lire le mauvais et le sublime, pas de médiocre."
(G. Flaubert, lettre à Louise Colet, 2 mai 1852) 

Contre les Poètes

"Pourquoi enfin n'y a-t-il rien de pire, en fait de style, ni rien de plus ridicule, que la manière dont les Poètes parlent d'eux-mêmes et de leur poésie ?"

(W. Gombrowicz, Contre les Poètes, éd. Complexe, 1988)

Toute ressemblance desdits poètes avec des bloggeurs existant ou ayant existé, etc.

mardi, 18 octobre 2005

Météo 7

Chronique de La Montagne du 18 octobre 1970, consacrée au Général de l'armée morte. Vialatte conclut :
"L'histoire de l'homme est une histoire de pluie ; qui bat du tambour dans sa tête.
Et c'est ainsi qu'Allah est grand."

La cognizione del dolore 4

"Les pansements, les onguents, les coups de lancette dans les abcès, tout cela va son train, je souffre toujours plus, mais on me dit toujours que je vais souffrir moins, et je m'y laisse toujours attraper. C'est une bonne chose que la bêtise, sans elle le genre humain périrait par un suicide général..."
 
(Lettre du chevalier de Boufflers à madame de Sabran , 1787)