mardi, 11 octobre 2005
Consolation pour les usagers du train
"... beaucoup de trains étaient partis et beaucoup d'autres étaient arrivés. Presque tous en retard. D'ailleurs le retard était une sorte de service public. Qu'est-ce qui angoisse le plus l'être humain ? Son impuissance face au temps qui passe. Le temps passait, inexorable, même à la gare centrale. Mais il y avait le RETARD. Et le retard, s'il n'arrête pas le temps, permet néanmoins de prolonger le moment, de prolonger l'attente en soupirant peut-être. Et tous ceux qui soupiraient, qui pestaient avec ingratitude contre les retards, ignoraient à quel point, précisément grâce à ce retard, ce moment de leur vie, l'attente, se prolongeait généreusement par rapport à tout autre moment passé et à venir."
(Andrea G. Pinketts, Le Vice de l'agneau, Rivages/Noir, 2001)
Tirées d'un roman riche en formules aphoristiques, ces variations sur le thème de la fuite du temps devraient mettre un peu de baume au cœur des usagers de la S.N.C.F. ; de tous ceux qui battent chaque jour la semelle sur des quais venteux ; de tous ceux qui poireautent dans le sordide ennui des buffets ; de tous ceux que le hasard d'un "mouvement du personnel" a laissés en rade à Limoges ou à Vierzon un soir de pluie...
23:04 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Habitude de vous voir discuter autour des mots ? Cela fait plusieurs fois qu'en compulsant votre carnet, je lis le titre "Consolation pour les usagers du latin" ci-dessus. Etrange...
Écrit par : Ombre myope | mercredi, 12 octobre 2005
LENTILLES VERT ÉMERAUDE
Au marché je lis
Lentilles vert émeraude
je reviens sur mes pas
et je lis
Lentilles vertes Eure-et-Loir
une troisième fois
qu'aurais-je lu
je ne sais pas
(R. Queneau, "Courir les rues")
Écrit par : C.C. | mercredi, 12 octobre 2005
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