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lundi, 03 octobre 2005

Cynégétique 5

Un loup a été abattu le vendredi 2 septembre dernier, sur le territoire de la commune de Saint-Sulpice-des-Rivoires, dans le département de l'Isère. (A.F.P.)
"... par ceste chasse on delivre le païs de telles bestes mauvaises et pernicieuses : qui, entre autres mille incommodités, ravissent aux Rois et Princes les faons des bestes fauves, Biches et Cerfs, les petits Cochons sous la laye, les chevreuils : mesmes aux haras la belle Jument pleine, ou bien quelque beau Poulain, et aux povres gents leurs Vaches, Moutons, et menu bestail : et qui plus est les jeunes enfans, voire bien souvent les grands." 
(Jean de Clamorgan, La Chasse du Loup, necessaire à la Maison Rustique, 1583)

Météo 5

Le "bulletin-météo" : les cartes-satellite, les anticyclones et les ciels de traîne, tout ce verbiage, ce salmigondis pseudo-technique débité par une dinde peroxydée ou un jocrisse arborant un sourire de vendeur au porte-à-porte sont parfaitement insupportables à un individu pourvu d'un coefficient intellectuel à peu près normal.
Monsieur Jourdain en serait effarouché : "Il y a trop de tintamarre là-dedans, trop de brouillamini."
Relisons plutôt l'incipit de L'Homme sans qualités : "Admirable incipit, le plus stupide et le plus intelligent..." (Marc Petit, "Îles sonnantes, îles flottantes" in Manies et Germanies, Stock, 1997, p. 151 — Excellent recueil d'articles et communications, dans lequel on trouve l'une des rares études consacrées à Quirinus Kuhlmann)

La cognizione del dolore 2

Aujourd'hui, clinique.
Les vieux, les "assis" : mes semblables, mes frères, avec leurs pansements, leurs prothèses, leurs tuyauteries... Ils s'inquiètent du plateau-repas (oh ! la cuisine hospitalière et ses remugles !), ils réclament la télévision... On veut bien souffrir, mais pas supporter, en plus, les "pubs", le bulletin météo et les actualités régionales...

dimanche, 02 octobre 2005

Série noire

La "Série noire" change, une fois de plus, de présentation (voir article dans Libération). Pour la quatrième, cinquième, sixième fois depuis la création de la collection ? Ces rhabillages — qui se succèdent, me semble-t-il, à intervalles de plus en plus rapprochés —, irritent le vieil amateur attaché à ses habitudes ; en plus, ça fait désordre sur les étagères. S'il s'agit simplement d'une stratégie commerciale, il serait sans doute plus efficace de miser sur la qualité des auteurs — et corollairement des textes — que sur l'esthétique de la couverture. Le nom de Crews, de Lansdale ou de Straley me paraît un meilleur argument de vente qu'une "photo légèrement tramée de bleu"...

Les livres qui nous apprennent à danser 2

"J'ai conservé, sans le vouloir, cette naïveté : quand j'ouvre un livre, j'aime que ce soit un livre. Je m'attends à de la littérature. La vie, c'est-à-dire les autres et moi, la vie me suffit pour le reste. Mais lire, si c'est pour s'y retrouver, autant vaut téléphoner à son voisin et passer une soirée baliverneuse."
(Georges Perros, Papiers collés, 1960)

Dimanche

Le dimanche : "Clou de girofle d'éternité dans le rôti de chien de la semaine." (J. Audiberti, Dimanche m'attend, 1965)

samedi, 01 octobre 2005

Requiem

Requiem de Fauré. In paradisum :
"In paradisum deducant te angeli..."
Des anges bleu et rose dragée, sur des nuages de coton. Nous irons tous au paradis, sur un air de chevaux de bois : la, ré, fa dièse, fa dièse, ré, la, la, ré, fa dièse...

Photographies 2

Trois photographies fascinantes.

Deux d'entre elles, trouvées l'une entre les pages d'un livre ancien, l'autre dans le tiroir de quelque meuble déniché chez un brocanteur, ont été depuis égarées — ou trop soigneusement rangées.
Sur la plus ancienne, un très petit cliché dont la sépia a tourné au vineux ou au roussi, deux fillettes, dont la longue chevelure bouclée cascade sous de grandes capelines. Juchées sur des échasses-jouets, elles rient à l'objectif. C'est peut-être un dimanche d'été. On aperçoit, à l'arrière-plan, la façade claire d'une demeure bourgeoise, que les gens du village doivent appeler "le château"... Image du bonheur, de l'enfance, simple et factice comme sur les vignettes pastel du tarot Grimaud.
La seconde photo perdue, format carte-postale, porte au verso le cachet d'un photographe d'une bourgade du Puy-de-Dôme. On y voit trois femmes le crâne tondu, les yeux baissés, un écriteau infâmant accroché au cou. Autour d'elles, un groupe rigolard de badauds ou de bourreaux amateurs, dont la mine satisfaite donne la nausée. Il y aura, plus tard, un film dont le titre contiendra tout cela en raccourci : Le Chagrin et la Pitié.
La troisième photographie, antérieure de quelques années à la précédente, est un souvenir que mon père a autrefois rapporté de ses "grandes vacances" en Poméranie. Elle serait indéchiffrable à qui ne posséderait aucune clé. La scène, qui se déroule apparemment dans un cimetière de campagne, montre, entre deux enfants de chœur, un curé bénissant un cercueil couvert de gerbes et de bouquets. En face de lui, un acolyte tient inclinée une grande croix de procession. Un peu en retrait, des hommes, jeunes pour la plupart, dont les vêtements militaires dépourvus d'insignes et de marques distinctives contrastent avec les uniformes des soldats allemands qu'on aperçoit sur la gauche, casqués, figés dans une pause rigide.
Au dos de la photo, une inscription manuscrite — une série de chiffres — et un tampon à l'encre violette en partie effacé : Stalag III C Nr 43...
Du prisonnier qu'on enterrait ce jour-là, du côté d'Alt-Drewitz, il ne reste qu'un nom, banal, légendant un autre cliché désormais dépourvu de signification.

Bukowski

Dans le Figaro Littéraire, recension par Jean-Pierre Dufreigne des Œuvres romanesques et de la Correspondance de Bukowski, à paraître la semaine prochaine chez Grasset. Inévitablement, Dufreigne évoque "l'éternelle anecdote", la fameuse émission d'Apostrophes, en septembre 1978, et le scandale qui s'ensuivit : "Qui ne se souvient de Bukowski, ses bouteilles de vin blanc, ses caresses aux cuisses de Béatrice [sic] Beck ?"
Que vient faire Béatrix Beck dans cette galère ? J.-P. Dufreigne, outre qu'il ne s'acquitte pas très sérieusement de sa tâche de folliculaire, n'est guère charitable de priver Catherine Paysan de la seule occasion qui lui ait été donnée de passer à la postérité !

Météo 4

"... les fossés étaient pleins d'eau, la campagne s'étalait par grandes surfaces d'un vert monotone et froid, des nuages couraient dans le ciel, de temps à autre la pluie tombait."

(G. Flaubert, Bouvard et Pécuchet)