vendredi, 10 février 2006
Le grand style 12
C’est le style seul qui confère à un texte polémique le statut d’écrit littéraire, lui assure une possibilité de survivre au contexte, à l'actualité qui l’a suscité. Quelque vingt ans après qu’ils ont été fulminés, on relit avec le même bonheur les articles d’Annie Le Brun, rassemblés dans Vagit-prop, Lâchez tout et autres textes (Ramsay-Pauvert, 1990), que je retrouve sous une pile de livres oubliés. Une fête de l’intelligence, assurément, mais aussi une leçon d’écriture qui renvoie l’adversaire à son incurable indigence: "Je ne suis jamais venue ici. Le temps roule les bijoux que nous nous sommes choisis. Depuis longtemps, les embruns de la solitude ont emporté les volières roses et blanches du jour au fond de l’océan. Il y a des petites filles qui dorment déjà dans des boîtes d’allumettes. Elles partent chaque matin emmitouflées dans la nudité de leur silhouette de flamme." Le grand style, c'est aussi de pouvoir écrire cela sans tomber dans les pièges d'un lyrisme sirupeux — et corollairement niais.
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L'incongru
Bel exemple, ce subjonctif imparfait des Stances à Sophie :
"Si je m'étais douté que tu fusses une grue,
Je t'aurais fait passer par le trou des goguenots."
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mercredi, 08 février 2006
L'obscène 6
En parcourant la Correspondance de Bukowski : "Pour moi, il n’y a rien d’obscène dans le sexe, ni dans les fonctions physiologiques (quoique mis ensemble ça puisse devenir bordélique de temps en temps !), la seule forme d’obscénité c’est d’écrire mal sur un sujet. Le style authentique ou l’art pur ne sont jamais obscènes, quels que soient les sujets abordés, le choix des mots ou la forme employée…" (À Ann Menebroker, octobre 1966)
Même si le rapprochement a de quoi surprendre, on se souviendra que Raymond Poincaré disait à peu près la même chose : "Un livre obscène, c’est tout simplement un livre mal écrit. Le talent n’est jamais obscène." (Procès de La Chanson des gueux de Richepin, cité in Patrick Waldberg, Éros modern’ style, Pauvert, 1964. Repris par Lo Duca, L’Objet, Pauvert, 1966, p. 21, note 4)
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dimanche, 05 février 2006
Petite anthologie portative 21
Sur l'album de la Comtesse : "Parce qu'il avait une mère cocue, très dolente, Luther n'a pas calculé en vain."
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Diseurs de riens
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Actualité littéraire
Entendu l’autre jour sur Europe 1 un compte rendu enthousiaste des Miscellanées de Mr Schott, publié aux éditions Allia. Alléché par tant de superlatifs, je me transporte à la FNAC de Lille, où l’ouvrage est présenté en bonne place, en tête de gondole. C’est — j’aurais dû m’en douter — une pure fumisterie : un maigre patchwork qu’on dirait fait de pages arrachées au Quid ou au Livre des listes, des rubriques relevant du Trivial Pursuit. Pas grand-chose de saugrenu, et rien de pataphysique, comme je l’espérais vaguement. mieux vaut relire le Nouveau Bréviaire pour une fin de siècle, de Macha Makeieff (Chêne, 1999) ou l’indispensable Dictionnaire de la bêtise suivi du Livre des bizarres, de Guy Bechtel et Jean-Claude Carrière (Bouquins, 1997).
Au classement des meilleures ventes de livres de la semaine, publié sur le site du Nouvel Observateur, hervé Vilard arrive en sixième position avec son roman autobiographique L’Âme seule. J’aime bien Hervé Vilard. Nous avons été intronisés le même jour dans la confrérie des Chevaliers Gustateurs du Cœur de France, il y a deux ans, lors de la foire aux vins de saint-Amant-Montrond. Je regrette un peu de ne pas lui avoir demandé un autographe. En souvenir de Capri, c’est fini... Tou-doum, tou-doum, tou-doum…
21:35 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (0)
Dyscolisme
Aucune note ces derniers jours. L’actualité et le spectacle du monde m’affligent. Les Sarrasins vitupèrent et vibrionnent, la pimpesouée des Charentes-Poitou nous emmerde royalement, la radio radote. Appels d’auditeurs, bavasseries et borborygmes... Il m’est avis — eût dit Béroalde — que l’on me pisse aux oreilles.
Je poursuis l'écoute de l'intégrale de Mozart en pignochant à travers la correspondance de Debussy...
Serais-je en proie au dyscolisme ?
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