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mercredi, 19 octobre 2005

Contre les Poètes

"Pourquoi enfin n'y a-t-il rien de pire, en fait de style, ni rien de plus ridicule, que la manière dont les Poètes parlent d'eux-mêmes et de leur poésie ?"

(W. Gombrowicz, Contre les Poètes, éd. Complexe, 1988)

Toute ressemblance desdits poètes avec des bloggeurs existant ou ayant existé, etc.

Commentaires

Des noms! Des noms! Des noms!

Écrit par : Corbac | mercredi, 19 octobre 2005

Tous les poètes n'en sont qu'un seul ou aucun...

Écrit par : Ray | mercredi, 19 octobre 2005

J'ai un peu de mal à croire, Ray, que François Coppée puisse être la réincarnation de Maurice Scève — ou que tel rimailleur régionaliste soit, au même titre que, disons, Yves Bonnefoy, une des hypostases possibles d'un Poète majuscule, un et multiple, idéel et platonique !
C.C.

Écrit par : C.C. | mercredi, 19 octobre 2005

Cela-dit j'avais parcouru ce texte intriguant, un tantinet provocateur, et si je m'en souviens bien l'anathème portait sur la plupart des poètes contemporains de Gombrovsky, et il ne s'agissait nullement d'une distinction entre génies et tâcherons, mais du procès d'un certain hermétisme complaisant de la poésie moderne.
L'idée en gros était : "indubitablement imbitable" (clin d'oeil au garenne).
Je pense que c'est avant tout un constat des effets pervers du surréalisme, le dénonciation de la confusion érigée en art.

Écrit par : Rimailleur libre | mercredi, 19 octobre 2005

Gombrowicz s'en prend à ce qu'il appelle la "poésie pure" (la poésie comme langage "autotélique", coupé aussi bien de la prose que de l'univers auquel se réfère celle-ci), mais également au formalisme sclérosé (il parle très explicitement de poésie rimée et versifiée) et à un certain "bovarysme", associant la "poésie" à des poncifs éculés (fleurs, cygnes, crépuscule... tout un romantisme de bazar)... Je n'ai pas le sentiment que le Surréalisme soit particulièrement visé...
C.C.

Écrit par : C.C. | mercredi, 19 octobre 2005

J'avoue que je ne me rappelai pas de l'attaque contre le formalisme et le "bovarysme", par contre lorsque je pensai au surréalisme c'était justement, mais peut-être de manière un peu abusive, en tant que mouvement ayant entre tous déconnecté le langage de la réalité que celui peut désigner.

Mais mon commentaire pointait plutôt vers cette question : est-il une poésie qui trouve grâce aux yeux de Gombrowicz?

Écrit par : OrnithOrynque | mercredi, 19 octobre 2005

Celle du roman, très certainement. G. n'aurait pas désavoué, je crois, la conception flaubertienne de la poésie (voir sa correspondance, passim). Ce propos de Kundera me paraît également très éclairant quant à cette idée d'une poésie "antilyrique" : "À partir de 1857, l'histoire du roman sera celle du 'roman devenu poésie'. Mais assumer les exigences de la poésie est tout autre chose que lyriser le roman [...] Les plus grands parmi les "romanciers devenus poètes" sont violemment antilyriques : Flaubert, Joyce, Kafka, GOMBROWICZ. Roman = poésie antilyrique." (in "L'Art du roman").
C.C.

Écrit par : C.C. | mercredi, 19 octobre 2005

Melville n'est pas antilyrique, et c'est un grand romancier poète !

Écrit par : Alina | mercredi, 19 octobre 2005

Disons que sur ce chapitre la définition des termes est cruciale : qu'entend exactement Kundera par Antilyrisme? Qu'entend-il par "écrivains devenus poètes"?
Il est difficile comme le suggère Alina de nier qu'il existe un certain nombre de grands écrivains poètes et tout à fait lyriques : Nabokov, Nabe, Vialatte et bien d'autres (même Kafka à certains égards - je me rappelle dans la Métamorphose la scène où Grégoire Samsa entend le morceau de violon). Mais ce lyrisme n'est sûrement pas celui que dénonce Kundera.

Écrit par : OrnithOrynque | mercredi, 19 octobre 2005

Gombrowicz n'a manifestement pas lu l'antilyrique ultrarimé Georges Fourest, le Prince des antipoètes !

Écrit par : Lapinos | jeudi, 20 octobre 2005

Le Briseur de luths !!!

Écrit par : Lapinos | jeudi, 20 octobre 2005

Fourest : antilyrique et anti-bucolique — voir les "Adieux au Limosin" ! S'il a eu un héritier, c'est sans doute Queneau ("le solennel emmerdement de la ruralité"), qui, en bon oulipien, devait apprécier le "Pseudo-sonnet que les amateurs de plaisanterie facile proclameront le plus beau du recueil", dont l'épigraphe est déjà tout un programme :
....................................
....................................
(Nemo, "Nihil", cap. 00).
C.C.

Écrit par : C.C. | jeudi, 20 octobre 2005

Car il y a aussi de mauvais oulipiens (la majorité ?) qui se prennent au sérieux, c'est un comble !

Fourest : parfois affectueux, jamais sérieux.

Écrit par : Lapinos | jeudi, 20 octobre 2005

Ai pris grand intérêt au débat suscité par votre note sur "Contre les poètes" Gombrowicz est une toile émeri performante, parfois perforante, souvent imbue de ses compétences. Il y a de l'aigreur dans ses écrits.
Les gens des marges ! N'est-ce pas ? Ils se rencontrent dans les blogues tout autant, souvent plus, que les lyriques et les élégiaques.
Dans "Contre les poètes", une des pages les plus intelligentes : page 107, « L'écrivain n'existe pas...».
Seulement une telle assertion susctite la naissance de nombreux poètes... Alors ?

Merci pour la visite au "voyou qui s'assassina" !

Quant aux étrons, je n'arrive guère à aller au delà de la page des torche-cul du bonhomme Rabelais. Qu'en dit l'ami Montaigne ?
À revenir vous lire !

Écrit par : grapheus tis | vendredi, 21 octobre 2005

Même si, aujourd'hui, on ne peut guère considérer Gombrowicz comme un méconnu ou un marginal, il n'est pas mauvais de rappeler, de temps à autre, qu'il compte sans doute parmi les auteurs les plus importants du XXe siècle. "Ferdydurke" reste l'un des romans dont la lecture m'a le plus marqué et je garde toujours les deux volumes du Journal à portée de main...
Pour ce qui concerne la scatologie, j'aurai sans doute l'occasion d'y revenir dans des notes futures. Montaigne ? il me semble que chez lui la référence aux excréments est essentiellement métaphorique (voir "De la vanité", III, 9) ; elle en est d'autant plus intéressante...
C.C.

Écrit par : C.C. | vendredi, 21 octobre 2005

Les commentaires sont fermés.