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vendredi, 24 septembre 2010

Nouvellistes glauques

Chris Offutt, Kentucky Straight (Gallimard/Folio, 2002) ; Donald Ray Pollock, Knockemstiff (Buchet-Chastel, 2010) ; J. Eric Miller, Défense des animaux et pornographie (Passage du Nord-Ouest, 2010).
Je ne trouve pas de meilleure épithète pour qualifier ces écrits déprimants, nauséeux — qui exercent pourtant sur le lecteur une fascination morbide, du même type que celle que peuvent inspirer certaines scènes du Délivrance de Boorman. Comment l'adjectif, qui évoque encore chez Proust le vert pruineux des reines-claudes, s'est-il chargé, avec le temps et l'usage, des sèmes péjoratifs que lui attribue désormais le Petit Larousse ? Un esprit malicieux a avancé que la place du mot dans le dictionnaire — entre glaire et glaviot — n'est peut-être pas étrangère à cette dérive...

mardi, 21 septembre 2010

A small, good thing 6

Dans La Montagne de ce dimanche 29 septembre, brève interview de Pascal Quignard, à l'occasion des prochaines "Rencontres de Chaminadour" :
"Que pensez-vous de la place, du rôle de le culture en un temps où l'on parle beaucoup de sport ?
— Je déteste la culture autant que le sport. Tout ce qui sert à rassembler me terrifie."

Moribunda æstas

Le jardin, déjà, prend des couleurs automnales. Les rouges s'assombrissent pour ne point détonner dans la symphonie des mauves, des lie-de-vin, des violets... Fustets, vinaigriers, asters et amarantes se cardinalisent ou s'exténuent en demi-deuils frivoles. Une lépiote blanche exhibe, au milieu du gazon, sa capeline d'élégante 1900 ; un merle piète furtif le long de la haie ; une buse piaule piteusement dans le ciel livide...

mercredi, 15 septembre 2010

Remembrances du vieillard idiot 9

Ils lapaient la soupe brûlante à grand bruit.
Se taillaient de lourdes bribes de pain, ayant, d'un vif coup de poignet, torché la lame de leur couteau sur l'entamure de la miche.
Mangeaient leur dessert de confitures sur le cul de l'assiette retournée.
Les guêpes, sur la toile cirée, buvaient aux flaques de vin violet.

lundi, 13 septembre 2010

Le grand style 18

"Peut-être, quand le monde est idiot, est-il sage de jouer seul dans son coin la comédie du monde, faire tous les rôles et en jouir, danser seul avec les grands morts sur les ruines du monde."

(Pierre Michon, Le roi vient quand il veut, préface — "Le guéridon et le dieu bleu", Le Livre de Poche, 2010)

jeudi, 09 septembre 2010

Rentrée littéraire

De cette avalanche de bouquinaille, que restera-t-il dans une ou deux décennies ? Et, dans le lot, combien de "romans manqués" — l'expression est de Fernand Vandérem — dont on ne parlera pas, qui  eussent peut-être mérité mieux que le dédain et, à courte échéance, le pilon ? Beaucoup moins sans doute que d'éphémères succès qui, tôt ou tard, les rejoindront dans l'oubli.
En quatrième de couverture, justement, de l'un des volumes du Miroir des lettres de Vandérem, déniché à la brocante du coin, une liste des "dernières nouveautés" publiées par la maison Flammarion en 1919. On y relève une demi-douzaine d'auteurs dont le nom nous est encore plus ou moins familier : Barbusse, Farrère, Victor Margueritte... Mais aussi Mathilde Alanic, Waldemar Bonsels, Rose Celli, Ludwig Renn ou Hélia de Ruffi : une liste à la Modiano, "entités minces et floues", auteurs dont le "statut ontologique" improbable se confond, désormais, avec celui de leurs propres personnages...

Blog paresseux

— Que faisiez-vous au temps chaud ?
— Rien.

samedi, 04 septembre 2010

Petite anthologie portative 61

Ils sont allés
Par toutes plaines à vin gris
Où les oiseaux de jour dorment sur le flanc
Ils sont partis
Les enfants qui faisaient grand commerce de lune
Et tendent leurs mains brûlantes
Aux fontaines brisées de la nuit
Où coule un lent ruisseau d'abeilles

(Michel Rességuier, Sous l'ongle du berger, s.n. - s.l.n.d.)

jeudi, 02 septembre 2010

Sic transit 6

À la déchetterie, dans une benne débordant d'immondices et de rebuts, plusieurs cadres aux verres brisés. Dans l'un d'eux, une photographie de François Mauriac entouré des siens, accompagnée d'une carte de visite de l'écrivain où l'on déchiffre une formule de remerciement manuscrite.

Rentrée des classes

Le jardin est silencieux. Sous un arbre, un ballon oublié et deux sabots d'enfant en caoutchouc rose.