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vendredi, 30 avril 2010

Météo 30

Les avrillées de la nuit ont rafraîchi l'air.
L'inconnue familière passe sous l'ondée. Son parapluie est du même jaune que les corètes du Japon.

vendredi, 23 avril 2010

Malt Kneipp

À mon réveil, s'impose à mon esprit mal désenglué d'un mauvais rêve la ressouvenance absurde d'un produit oublié : le malt Kneipp.

"Le soleil luit sur les rhododendrons"

Les observations météorologiques qu'affectionnait Vialatte ont ceci de rassurant qu'elles sont indémodables. Le temps qui passe n'a pas de prise sur le temps qu'il fait. Les rhododendrons, comme le rossignol de Keats, sont éternels et les oiseaux de Janequin saluent encore bruyamment l'aurore sous mes fenêtres.
Semaine tout occupée à des activités géorgiques qui m'ont rompu les bras et les reins. Peu de lectures. Parcouru sans enthousiasme un article sur Larbaud non moins savant qu'ennuyeux : écriture dissertative, appliquée, fastidieux grabelage de références érudites. Il me semble qu'autrefois les universitaires — certains d'entre eux, du moins — écrivaient bien. Aujourd'hui, il serait inconvenant d'avoir du style, déplacé de faire preuve de finesse ou d'ironie. Il faut que cela sente l'huile — gage de sérieux, sans doute.

vendredi, 16 avril 2010

Ce que les mots veulent dire

La médiocrité prétentieuse des folliculaires m'est de plus en plus insupportable. Voici ce qu'on peut lire dans une recension du dernier roman de Chuck Palahniuk, publiée dans le Nouvel Observateur (n° 2371 — 15-21 avril 2010) : "De subversif, il n'y a que les scènes scatologiques (la mère adoptive aime voler à ses enfants les piles de leurs gadgets pour alimenter ses propres godemichés)..." On voit mal ce qu'il y a de scatologique à subtiliser des piles — quel que soit l'usage que la maman compte faire ultérieurement de ses joujoux érotiques. L'auteur de ce pauvre article — intitulé "Palahniuk chute" ("le calembour est la fiente...") — voudrait bien jouer les aristarques ; en écrivant sous lui, (oh ! cet emploi de propres, qui donne à penser que les "gadgets" des enfants sont des sex-toys...), il se trahit et ses janotismes le confondent. Ce n'est qu'un écolier limousin.

Solderie 5

Maurice Nadeau, à propos de Beckett : "Nous avons passé ensemble des heures délicieuses à ne rien dire. Soudain il nommait tous les oiseaux qu'il voyait dans le ciel." Voilà qui est simple et beau comme l'amitié même.
On trouve cela dans Une vie en littérature — Conversations avec Jacques Sojcher, Bruxelles, Éditions Complexe, 2002. Acheté par hasard à la solderie, en même temps qu'une brassée d'autres titres, point trop encore maltraités par les chalands : Happy end, de Montalbán, L'Homme qui rajeunissait, de Jerome Charyn, des nouvelles de Fajardie, un recueil d'articles consacrés à Primo Levi, L'Amour dans une langue morte, de Lee Siegel et plusieurs livres de cuisine. La lecture de ceux-ci est souvent plus réjouissante que celle des romans figurant parmi les "meilleures ventes" du moment.

lundi, 12 avril 2010

Remembrances du vieillard idiot 7

Je me rappelle cette affichette rose dans la vitrine de l'entreprise de pompes funèbres : "Quinzaine commerciale — Je participe !".

mardi, 06 avril 2010

Temps fin

En voiture sur les petites routes des Combrailles : l'air est d'une transparence hyaline, le paysage, beurré de soleil, d'une étonnante netteté. Les croupes bleues des puys à l'horizon, les à-pic de granit rose au-dessus de la Sioule se dessinent avec la précision minérale d'un décor d'Ercole de' Roberti. Lorsque l'atmosphère avait cette pureté, on disait autrefois, dans certaines de nos campagnes, que le temps était fin — trompeuse sérénité, annonciatrice de pluie pour les jours suivants.
Le bulletin météo de ce soir confirme la justesse de cette observation atavique.

lundi, 05 avril 2010

Qui tetigerit morticina eorum...

Un petit hérisson s'est noyé, hier, dans le bassin du jardin. Nous l'avons enterré près de la haie. Avec un peu de latin...

samedi, 03 avril 2010

Petite anthologie portative 59

ENFERS

C'est le silo sanglant, la jeune Aurore
Ils se cherchent l'un l'autre et tous pour jouir et s'identifier
Les Fils réunis tuent le Père et voilà la Fraternité.
Vénus sort de la mer
Ruisselante dure et parée seulement de ses chevelures
La fornication obsède le ciel bleu.
Le Christ est né du cœur
De ces cœurs noirs il fait un cortège d'Époux ;
Le Christ est tué nous luttons à jamais.

(Pierre-Jean Jouve, "Enfants mystérieux" in Les Noces, Poésie/Gallimard, 1964)

vendredi, 02 avril 2010

Vendredi aoré

Après-midi froid et venteux.
J'écoute Marbrianus de Orto — Lamentatio Jeremie Prophete — et parcours Le Latin mystique. Langue admirable de Gourmont, prose érudite et raffinée, écriture fin-de-siècle, qui est celle, aussi, de Jarry ou Huysmans. Il convient, en ce jour, de relire le beau chapitre consacré au Stabat Mater : "Désormais, la poésie du Christ est morte et les lamentations de Marie laissent froids les cœurs populaires aussi bien que les âmes distinguées. La poésie du Christ est morte méprisée des oblateurs de sa chair et de son sang, — et j'ai peur qu'il ne s'en trouve plus d'un pour prendre en pitié, alors qu'Horace et Tibulle sont encore si peu connus, un égaré qui, au lieu de regratter ces deux pannes célèbres, exhume des reliques de Notker, d'Hildegarde ou de l'anonyme du Planctus !"
Les deux "pannes" m'ont obligé à recourir à l'indispensable T.L.F.