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samedi, 30 janvier 2010

Retirance

La rumeur du monde m'est de plus en plus indifférente. Entendre, à la radio, à l'heure du petit-déjeuner, que tel politique pléonastiquement pourri s'est attiré les foudres d'un autre qui ne l'est pas moins — ou quelque chose du même goût — m'assomme. Je m'emmitoufle et sors, baladeur au cou, bonnet enfoncé jusqu'aux yeux. Marcher seul dans la neige fraîche en écoutant du jazz est un plaisir de choix. Le temps est froid et humide. Dans les déchirures des nuages ouateux, le ciel est d'un incroyable bleu de dragée.

lundi, 25 janvier 2010

Amour des listes et orgue 6

Pour peu qu'on ait envie d'écouter autre chose que Bénabar ou Les Quatre Saisons, les solderies réservent parfois d'heureuses surprises. Acquisitions récentes :

John Corigliano, Tournaments Overture, Elegy, Concerto pour piano et orchestre, Gazebo Dances (Orchestre de Louisville, First Edition, 2001) ;
Roy Harris, Kentucky Spring, Concerto pour violon et orchestre, Symphonie n° 5 (Orchestre de Louisville, First Edition, 2002) ;
Lebocal, Collectif etc... (Le Chant du monde, 2002) ;
Orchestre national de jazz/Franck Tortiller, Électrique (Le Chant du monde, 2007) ;
Mick Rossi, One Block from Planet Earth (OmniTone, 2004) ;
Jamie Baum Septet, Moving Forward, Standing Still (OmniTone, 2004) ;
David Liebman Big Band, Beyond the Line (OmniTone, 2003) ;
Marty Ehrlich, Line on Love (Palmetto Records, 2003) ;
Gianni Lenoci, Giorgio Dini, Markus Stockhausen, Ergskkem (Silta Records, 2006).

En fond sonore, Brahms, Mein Jesu, der du mich.

jeudi, 21 janvier 2010

Petite anthologie portative 57

Ils m'ont crevé les yeux
et ils m'ont raconté le
film après.

(Brigitte Fontaine, Attends-moi sous l'obélisque, Seuil/Archimbaud, 2006)

dimanche, 17 janvier 2010

Dimanche soir

Le clou de girofle dominical est plutôt insipide en ces mois d'hiver. Je bois, avant d'aller dîner, un picon-bière mélancolique — une virgule omise et voilà une hypallage — en écoutant un vieux Coltrane. Elvin Jones se déchaîne, autistique, tandis que The Inch Worm se convulse, interminablement...

jeudi, 14 janvier 2010

"Vimeres, injures et calamitez"

À Haïti, un tremblement de terre fait quelque cent mille morts.
À Saint-Tampion-le-Machin — où il a neigé, comme un peu partout ces derniers jours —, les habitants se plaignent que les cantonniers n'aient pas dégagé les trottoirs.
On a les catastrophes qu'on peut.

dimanche, 10 janvier 2010

La pipe à papa

En notre époque de tartuferie hygiéniste et de pornographie glabre, le "Condamné à mort" de Genet apparaît comme le comble de l'immoralité. Il est sans doute moins choquant d'écrire aujourd'hui

Mordille tendrement le paf qui bat ta joue,
Baise ma queue enflée, enfonce dans ton cou
Le paquet de ma bite avalé d’un seul coup

que de "parler d'amour" et de "fumer des gitanes".

jeudi, 07 janvier 2010

Alexipharmaque

Je viens de lire, quasiment d'une traite, les quelque 930 pages des Disparus, de Daniel Mendelsohn (Flammarion, 2007) — somme impressionnante, à la fois très "américaine" dans son écriture (j'entends par là désinvolte, "journalistique" à la façon de Truman Capote, familière, jusque dans l'évocation de l'intime) et très "intellectuelle", très littéraire finalement, comme le laissent pressentir le "sunt lacrimæ rerum" de la dédicace initiale et l'épigraphe de la première partie : "Quand nous avons dépassé un certain âge, l'âme de l'enfant que nous fûmes et l'âme des morts dont nous sommes sortis viennent nous jeter à poignées leurs richesses et leurs mauvais sorts..." Virgile et Proust. La connaissance de la douleur et la recherche du temps perdu. La quête de ces disparus, de leurs traces dans l'espace et dans le temps est scandée par les références aux parashiyot de la Genèse, dont les problèmes d'interprétation renvoient aux interrogations multiples qui traversent le livre, livre composite, foisonnant, illustré de photographies, qui, comme chez Sebald, offrent au lecteur une sorte de contrepoint visuel, délibérément lacunaire... Un livre qui peut, lorsqu'on feuillette parallèlement Céline, faire office de contrepoison ou, comme on disait dans l'ancienne médecine, d'alexipharmaque — "remède qui expulse du corps les principes morbifiques ou qui prévient l'effet des poisons pris à l'intérieur". Un livre qui m'amène en outre à réviser mon jugement d'humeur sur les prix littéraires : Les Disparus a obtenu le prix Médicis étranger en 2007. Il arrive que certaines récompenses soient méritées.

dimanche, 03 janvier 2010

"Tu veux faire ici l'arboriste..."

On peut reprocher beaucoup de choses aux universitaires : leur suffisance, leur cuistrerie, l'incroyable myopie du regard qu'ils portent occasionnellement sur le monde dans lequel ils vivent... Mais, du moins, dans le champ souvent fort exigu de leur spécialité, savent-ils à peu près de quoi ils parlent. Pourquoi le Nouvel Observateur — qui consacre, de manière assez saugrenue, dans son avant-dernier numéro, tout un dossier à la Renaissance — n'a-t-il pas fait appel aux "maistres du mestier" pour présenter Érasme, Calvin ou Rabelais au grand public ? Ces gens-là savent aussi, parfois, faire de la vulgarisation intelligente, et cela nous aurait évité banalités, platitudes, âneries et paraphrases en tout genre. On peut craindre qu'un journaliste qui parle de "l'extrémité contondante" d'une fourchette ne soit pas un guide très fiable pour nous introduire à la lecture de Montaigne, promu pour la circonstance "inventeur [...] de l'autofiction" !
"Un artisan tesmoigne bien mieulx sa bestise en une riche matiere qu'il ayt entre mains..."

samedi, 02 janvier 2010

Bibliotaphes

Ils ont la tête du bibliothécaire d'Arcimboldo. Une tête pleine de feuilles. Ce sont des bonshommes de livres...