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dimanche, 27 septembre 2009

"Auream quisquis mediocritatem diligit..."

Est-ce la douceur de ce soleil d'automne, l'oisiveté dominicale, la saveur de la tarte aux pêches de vigne accompagnée d'un verre de côtes d'Auxerre rouge ? On se trouve, l'âge aidant, plus d'affinités avec Christophe Plantin qu'avec les poètes clabaudeurs qui enflammaient notre adolescence.

lundi, 21 septembre 2009

Incipit 5

Rust and Bone, de Craig Davidson, commence par ces mots : "Twenty-eight bones make up the human hand." Ce qui donne, dans la traduction française (Un goût de rouille et d'os, Points/Seuil, 2008) : "Il y a vingt-sept os dans la main humaine."

vendredi, 18 septembre 2009

Amour des listes et orgue 5

Films qu'on voyait au ciné-club du lycée dans les années 60 :

La Mer cruelle, de Charles Frend ;
Au pays de la peur, de Andrew Marton ;
Marianne de ma jeunesse, de Julien Duvivier ;
Quai des orfèvres, d'Henri-Georges Clouzot ;
Les Montagnards sont là, de John G. Blystone ;
O Cangaceiro, de Lima Barreto ;
Quand passent les cigognes, de Mikhaïl Kalatozov ;
Kanal, d'Andrzej Wajda ;
Le train sifflera trois fois, de Fred Zinnemann ;
Trois heures dix pour Yuma, de Delmer Daves ;
Johnny Guitare, de Nicholas Ray ;
Cow-boy, de Delmer Daves...

Du noir et blanc, et beaucoup de westerns. Je me rappelle encore le terrible Feux dans la plaine, de Kon Ichikawa, d'après le roman de Shôhei Ôoka, Les Feux, que je lirais beaucoup plus tard.
Je n'ai pas mis les pieds dans une salle de cinéma depuis vingt-quatre ans.

Pour l'orgue, on écoutera Petit agneau, chanté par Bourvil — du film La Grande Lessive, de Jean-Pierre Mocky, mon cinéaste préféré. Avec Kubrick, tout de même.

jeudi, 17 septembre 2009

Barbe au-dessus ou en dessous

À en juger par les titres des communications ou des articles rassemblés dans les actes de colloques et les volumes de mélanges, il semble que les universitaires soient essentiellement tourmentés par des problèmes dont le profane ou le béotien, tout à ses préoccupations triviales, ne saisit pas forcément l'intérêt. "Y a-t-il une éthique de l'art d'écrire ?" ; "L'analyse de la langue littéraire relève-t-elle de la stylistique ?" ou encore "La métalepse est-elle moralement neutre ?" J'avoue que cette dernière question, à laquelle je n'avais jamais réfléchi, n'a pas fini de me tracasser. Peut-être va-t-elle même m'empêcher de dormir... S'interroger sur une possible neutralité éthique de la métalepse, cela revient à peu près à se demander, avant de se mettre au lit, si l'on dort barbe au-dessus ou en dessous des couvertures.

mardi, 15 septembre 2009

Mère des gens sans inquiétude 3

Michel Adam, Essai sur la bêtise ;
Guy Bechtel & Jean-Claude Carrière, Dictionnaire de la bêtise ;
Belinda Cannone, La bêtise s'améliore ;
José Antonio Marina, L'Intelligence en échec. Théorie et pratique de la bêtise ;
Robert Musil, De la bêtise ;
Alain Roger, Bréviaire de la bêtise...

Le sujet est apparemment inépuisable !
Il faudrait peut-être commencer par relire les définitions des grands lexicographes, Guizot ou Littré, par exemple, qui délimitent assez précisément le champ sémantique du terme en opposant bêtise et sottise, alors que pour nous tout est "connerie". Littré : "BÊTISE, SOTTISE. La bête est dans bêtise, tandis qu'elle n'est pas dans sottise ; c'est ce qui distingue ces deux mots. La bête est bornée, a peu d'idées ; la bêtise est dans tout ce qui provient de l'ignorance, d'un esprit sans portée, d'une intelligence sans lumière, et même parfois d'une intelligence distraite ou mal informée de certaines choses. La Fontaine, en raison de ses simplicités, était parfois une bête ; mais il n'était jamais un sot. En effet la sottise est caractérisée par l'absence de jugement, absence qui ne permet pas au sot de se méfier jamais de ses idées. Il peut y avoir des bêtes parmi les gens d'esprit, mais il n'y a pas de sots. Il peut y avoir des sots parmi les savants ; la science ne préserve pas de la sottise. La bêtise fait quelquefois rire ; mais, en tout cas, elle impatiente moins que la sottise."
Combien de sots parmi nos intellectuels, philosophes et morosophes de tout poil !

dimanche, 13 septembre 2009

Hagioscopes et système D

Dans certaines églises, celle de Chaource par exemple, des hagioscopes — ouvertures comparables à des meurtrières — permettent aux fidèles placés derrière un pilier ou un contrefort de suivre la célébration de la messe. À Ambierle, afin que le préposé à l'harmonium — qui tourne le dos à l'autel — n'en perde pas une miette, on a fixé aux tuyaux du buffet factice un rétroviseur d'automobile.

lundi, 07 septembre 2009

"Vous n'aimez rien tant que les pompes de l'Église"

Avant de quitter mon pays de vache pour aller découvrir les joies de l'internat — dans le lycée même qui avait accueilli quelques décennies plus tôt Charles-Louis Philippe et Valery Larbaud —, je fus deux ou trois ans enfant de chœur. L'église, c'étaient d'abord des odeurs : celles, mêlées, de l'encens, de la cire et de l'encaustique, le parfum entêtant des fleurs marcescentes dont les pétales jonchaient la nappe d'autel, le bouquet subtil et fruité du pouilly-fuissey, que notre curé avait choisi pour vin de messe. Ledit curé n'avait d'ailleurs, pour autant qu'on pût en juger, rien d'un jouisseur ni d'un gourmet : souffreteux et maussade, fragile de la gorge, il suçait des pastilles "Euphon" — je me rappelle la boîte rouge sombre, dont le couvercle, festonné d'une grecque, montrait un masque grimaçant de comédie antique. Je me souviens également d'une phrase, prononcée au cours d'une de ses homélies, qui m'avait profondément troublé — et avait dû, j'imagine, plonger nombre de ses ouailles dans des abîmes de perplexité : "Le ciel n'est pas un lieu, c'est un état." Propos rien moins qu'hétérodoxe, comme j'ai pu m'en assurer beaucoup plus tard en consultant le dictionnaire de théologie de l'abbé Bergier : "Il paroît donc que le paradis est moins un lieu particulier qu'un changement d'état, et qu'il ne faut point s'arrêter aux illusions de l'imagination qui se figure le séjour des esprits bienheureux comme un lieu habité par les corps."

samedi, 05 septembre 2009

Domaines hantés

Routes des Combrailles. On aperçoit à l'horizon proche une lourde bâtisse grise, tous volets clos, assoupie dans l'ombre noire de sapins immenses. Ce n'est pas aux "grandes maisons tristes" de Cadou que l'on pense, mais plutôt, sous le ciel couleur d'ecchymose, à L'Île des morts de Böcklin. Petits villages familiers où vécurent des amis disparus. Ici, le jardin à l'abandon est envahi par les herbes folles. Là, de nouveaux occupants ont investi les lieux : on voit un tricycle, un ballon sur la pelouse, le soleil frileux entre par les fenêtres large ouvertes, des cris d'enfants effarouchent les fantômes...

jeudi, 03 septembre 2009

Remembrances du vieillard idiot 5

Lichtenberg : "Il avait donné des noms à ses deux pantoufles."
Je me souviens vaguement d'une histoire dans laquelle il était question d'un paysan qui, ne manquant sans doute ni de lettres ni d'esprit, avait baptisé ses deux sabots percés "Vole terre" et "Boit l'eau".