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mardi, 15 septembre 2009

Mère des gens sans inquiétude 3

Michel Adam, Essai sur la bêtise ;
Guy Bechtel & Jean-Claude Carrière, Dictionnaire de la bêtise ;
Belinda Cannone, La bêtise s'améliore ;
José Antonio Marina, L'Intelligence en échec. Théorie et pratique de la bêtise ;
Robert Musil, De la bêtise ;
Alain Roger, Bréviaire de la bêtise...

Le sujet est apparemment inépuisable !
Il faudrait peut-être commencer par relire les définitions des grands lexicographes, Guizot ou Littré, par exemple, qui délimitent assez précisément le champ sémantique du terme en opposant bêtise et sottise, alors que pour nous tout est "connerie". Littré : "BÊTISE, SOTTISE. La bête est dans bêtise, tandis qu'elle n'est pas dans sottise ; c'est ce qui distingue ces deux mots. La bête est bornée, a peu d'idées ; la bêtise est dans tout ce qui provient de l'ignorance, d'un esprit sans portée, d'une intelligence sans lumière, et même parfois d'une intelligence distraite ou mal informée de certaines choses. La Fontaine, en raison de ses simplicités, était parfois une bête ; mais il n'était jamais un sot. En effet la sottise est caractérisée par l'absence de jugement, absence qui ne permet pas au sot de se méfier jamais de ses idées. Il peut y avoir des bêtes parmi les gens d'esprit, mais il n'y a pas de sots. Il peut y avoir des sots parmi les savants ; la science ne préserve pas de la sottise. La bêtise fait quelquefois rire ; mais, en tout cas, elle impatiente moins que la sottise."
Combien de sots parmi nos intellectuels, philosophes et morosophes de tout poil !

Commentaires

"La bête est dans bêtise, tandis qu'elle n'est pas dans sottise" : je vous avoue que j'ai relu cette phrase plusieurs fois avant de renoncer à la comprendre.

Quoi qu'il en soit je ne m'y retrouve pas dans vos dictionnaires puisque pour moi bêtise = mensonge, sachant qu'on peut très bien mentir de très bonne foi.

Écrit par : Lapinos | mardi, 15 septembre 2009

Ceci peut-il vous éclairer un peu ?
"La bêtise ne voit point ; la sottise voit de travers. Les idées bornées, voilà ce qui constitue la bêtise : les idées fausses, voilà l'apanage de la sottise. La bêtise qui se tient dans son petit cercle d'idées, reste bêtise, parce qu'elle n'a d'autre inconvénient que la privation des idées ; c'est ce que Mme Geoffrin appelait une bête tout court, c'est-à-dire qui n'est qu'une bête. Mais une bête court risque, à tout moment, de devenir un sot ; il lui suffit pour cela de sortir de son cercle. La bêtise déplacée devient sottise, parce qu'elle rencontre des idées qu'elle ne sait pas juger, et qui ne peuvent être que fausses.
Un sot savant est sot plus qu'un sot ignorant, parce qu'ayant plus d'idées, et n'en pouvant avoir de justes, il en a un plus grand nombre de fausses. Dire des bêtises, c'est donner une preuve d'ignorance sur des choses que tout le monde sait : dire des sottises, c'est parler de travers sur ce qu'on croit savoir.
La bêtise simple suppose au moins une sorte de modestie dans celui qui se tient à sa place ; la sottise indique la suffisance de celui qui veut s'élever au-dessus de sa portée. On peut être sot sans être bête : il ne faut que la suffisance, qui fait qu'on se croit plus d'esprit qu'on n'en a. La dénomination de sottise s'applique à toute espèce d'orgueil mal placé. Un grand seigneur a de la hauteur, mais un parvenu a de la sottise.
La bêtise est nulle et ennuyeuse ; la sottise bavarde et incommode. Il n'y a rien de si difficile que de se faire comprendre d'une bête, et de se faire écouter d'un sot." (Dictionnaire des synonymes de Guizot, 1808)

Écrit par : C.C. | mardi, 15 septembre 2009

Certaines sont des plus agréables...

Écrit par : Mauricette Beaussart | mardi, 15 septembre 2009

Ah oui, j'ai pigé, c'est la sottise qui est plus proche de ma définition de la bêtise = mensonge, une sorte de bêtise positive, la bêtise n'étant qu'un état neutre, un point mort d'où on peut aller vers l'intelligence ou rétrograder vers la sottise.
La philologie conçoit comme les mathématiques la neutralité (dont le purgatoire chrétien, ça va sans doute vous paraître étrange, se rapproche beaucoup).

Comme le point central est le dieu du matheux, on peut penser que la neutralité (la définition) est adorée du philologue.
A mon sens c'est la raison pour laquelle Aristote critique la notion de définition comme il critique les maths. Pour résumer la définition, dit-il, pour être complète ne doit pas être statique.

Partant du dico. de Guizot, je dirais que l'idée la plus bête, la plus sidérante, c'est l'infini/le cercle, qui procure l'illusion de n'être pas borné mais ouvert sur la connaissance totale. Cyclope se traduit par "oeil cerclé". Il y a bien une question de vue ; duel de l'optique subjective contre la vision objective.

Écrit par : Lapinos | mercredi, 16 septembre 2009

Sur cet œil clos se referme le débat sémantique...

Écrit par : C.C. | mercredi, 16 septembre 2009

Les commentaires sont fermés.